Ce mois-ci, la maison des bouquins nous plonge dans un roman tiré d’une histoire vraie : “40 manteaux et un bouton”, écrit par Yvan Sciapeconi, édité en février 2024 chez Albin Michel. Une leçon de sagesse, de courage et de résilience ! On vous laisse découvrir.
40 manteaux et un bouton : l’histoire
Été 1942. Quarante enfants juifs débarquent à la gare de Nonantola, dans la province de Modène. Ils ont fui l’Allemagne nazie grâce à une organisation d’entraide.
Accueillis dans une vaste propriété, la villa Emma, ces jeunes déracinés se lient d’amitié et se créent un monde moins menaçant que la réalité.
Natan est l’un d’eux. Rongé par le souvenir de son père arrêté une nuit d’hiver, de sa mère et son jeune frère qu’il a dû abandonner à Berlin, ce garçon sauvage ne parvient pas à renoncer à sa méfiance. Pourtant, ici, il n’y a ni étoiles jaunes, ni ghetto, ni rafles. C’est un lieu où les paysans partagent leur nourriture, où un menuisier construit les lits qui manquent aux pensionnaires, où chacun peut apporter sa pierre à l’édifice.
Mais le 8 septembre 1943, les troupes nazies atteignent Nonantola, et les occupants de la villa Emma doivent fuir à nouveau. Cette fois, ils ne sont plus seuls : un village entier est prêt à se battre pour eux.
L’avis de Valérie
“Cette histoire nous est contée avec poésie, sensibilité, humanité et émotion par Natan, enfant qui a vu son père emmené par les chemises brunes dans un camion. Sa mère et son petit frère restés seuls, en attendant de le rejoindre.
Une fuite ? Plutôt un voyage pour Natan, cet enfant tellement sensible qu’il choisit soigneusement les mots qui ne blessent pas.
Natan, ce garçon qui ne veut oublier aucun nom.
Se souvenir de chaque personne qui les a aidés sur son chemin.
Pour les remercier intérieurement et les garder en son coeur.
Natan, qui remercie les montagnes, le ciel, les nuages, l’air cristallin, la terre verte.
Natan qui se demande “Pourquoi nous aident ils”?
Natan, qui communique secrètement et intimement
Avec son père et son oncle Hermann.
Partis plus hauts que le vol des oiseaux.
Pour tenir bon et espérer. Malgré tout.”
40 manteaux et un bouton : extrait
“Josko a contrôlé les lettres, il l’a fait avec soin. Il a lu tout notre courrier. Il est notre rempart contre la stupidité. Il était prêt à intercepter des phrases comme “Je t’informe que ta chère mère est morte”. Mais il ne savait pas nous protéger de l’amour. Il n’y a pas de rempart contre le trop-plein d’amour.
Ma mère est morte. Quand précisément, je ne saurais pas le dire, mais avant que ces lettres ne soient expédiées. Peut-être même avant qu’elles aient été rédigées. Quelqu’un les a écrites pour elle, pour éviter que le silence ne parvienne jusqu’à moi et, avec le silence, la nouvelle de sa disparition. Je le sais, car ces mots-là ne sont pas de ma mère. Ma mère n’aurait jamais illustré ses propos avec l’enseignement des sages. Mieux encore : elle disait que c’étaient les sages qui auraient dû venir se former chez elle, parce que si tout le monde est capable de pondre une jolie phrase, mettre au pas un doux dingue comme mon père, en revanche, c’est un vrai métier de saint.
Elle est morte, elle n’est plus là. Elle a peut-être été emmenée par les chemises brunes, comme mon père. Mais elle n’est plus là. Il n’y a plus personne. Ni mon père ni ma mère. Ni Sami. Ni mes souvenirs.”
À propos de l’auteur
Enseignant dans une école primaire de Modène, Ivan Sciapeconi a écrit plusieurs livres pour enfants.
En 2019, il est nommé membre de la fondation villa Emma et accède à une vaste documentation.
Elle lui permet d’écrire son premier roman, 40 manteaux et un bouton, qui témoigne de l’histoire de ces enfants juifs qui ont trouvé refuge à la villa pendant la guerre et qui, grâce au courage des villageois, ont pu échapper aux nazis.
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