Finance : finalité et responsabilité

31 Mai, 2013 | ÉCONOMIE, FINANCE

Finance finalitéLa finance est souvent accusée d’être la cause de crises répétées, aux lourdes conséquences humaines. Il serait vain pourtant de s’en prendre à la nature même de la finance. La finance a pour vocation d’être au service des hommes et de leurs projets, en vue du bien commun. Les problèmes émergent et prolifèrent lorsque les hommes se mettent au service de la finance, l’élevant au rang usurpé de finalité. Comme chacun sait, l’argent est bon serviteur mais il est mauvais maître.

COMMENT NAIT UNE CRISE FINANCIERE…

Cette subversion de la finalité est le fruit amer d’une succession de micro-décisions prises par des intervenants placés en différents niveaux d’action et de responsabilités. L’enjeu est donc de prendre la mesure des motivations animant ces multiples acteurs. De fait, un usage perverti de la finance peut imposer des objectifs de rentabilité irréalistes et délétères pour la santé des entreprises et des employés. Le refus d’assumer ses responsabilités en cas de prise d’un risque financier constitue un facteur aggravant.

Revenons, par exemple, sur la « crise des subprimes ». A partir de 2001, aux Etats-Unis, des politiques budgétaires et monétaires trop accommodantes, relayées par les offres de prêts bancaires, encouragent le surendettement des ménages et la progression continue du marché de l’immobilier. Les ménages les plus modestes, ne disposant ni d’apport personnel ni de revenus fixes, sont incités à souscrire à des prêts à taux révisables. Adossés à une hypothèque sur la maison, ces crédits dits « subprimes » ne commencent à être remboursés qu’au bout de 2 ans. Entre 2004 et 2007, la remontée des taux d’intérêts par la Réserve fédérale des Etats-Unis et la stagnation des revenus rendent impossible le remboursement des emprunts par les ménages les moins solvables. Les saisies se multiplient, accentuant la baisse du marché immobilier au cours de l’année 2007. Entre-temps, banques et organismes de prêts s’étaient arrangés pour se débarrasser de ces créances risquées auprès d’autres intermédiaires financiers par des techniques délibérément complexes et obscures. Si obscures que chaque épargnant était susceptible de détenir une partie de ces créances pour le moins douteuses sans même le savoir… La défiance généralisée génère alors une crise de liquidité puis une crise financière internationale.

ENCOURAGER LE SENS DES RESPONSABILITES

« Chacun d’entre nous a la liberté de s’interroger sur l’usage responsable qu’il fait de l’argent dont il dispose »

Cette crise illustre comment, par ses décisions, chaque acteur (membres du Gouvernement, ménages, responsables des établissements financiers) détermine quelle place est donnée à la finance.  La croyance illusoire en la capacité illimitée de la finance à assurer la prospérité a desservi les hommes et leurs projets. Le comportement irresponsable de certains intermédiaires financiers peu scrupuleux est venu aggraver la crise de confiance.

Faut-il alors supprimer ou fortement restreindre les libertés ? Ce serait le meilleur moyen de briser les conditions naturelles dont l’homme a besoin pour créer. Et puis, qui contrôlerait les contrôleurs… ? Mieux vaut encourager le sens des responsabilités. Quel que soit son niveau de patrimoine et de revenus, chacun d’entre nous a la liberté de s’interroger sur l’usage responsable qu’il fait de l’argent dont il dispose.

Pour reprendre les propos prêtés au thérapeute autrichien Viktor Frankl : « Vous avez construit à l’Est la statue de la Liberté ; un continent reste à traverser pour construire, à l’Ouest, la statue de la Responsabilité ».

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