Impression 3D, handicap et solidarité

19 Août, 2020 | MÉDECINE

Initiée dans les années 2000, l’impression 3D – ou impression additive – est un procédé de fabrication de pièces par ajout ou agglomération de matière. Initialement dédiée au prototypage rapide et à la visualisation d’ergonomie pour l’architecture, l’usage de l’impression 3D s’est diversifiée dans les années 2010 : alimentation, musique, grande distribution, aéronautique, automobile, architecture… l’impression 3D touche désormais quasiment tous les domaines d’activité. Le faible coût des matières premières, sa résistance et sa facilité de modelage lui ont également permis de devenir, au fil du temps, un allié de taille dans le domaine de la santé et principalement dans la réalisation de prothèses médicales. Mâchoire, bras, main, jambe, pied… Et si on vous disait que ces parties du corps pouvaient être imprimées ?

Conscientes de l’intérêt de cette technologie, de nombreuses structures liées à la santé ont émergé au fil des années, proposant ce type de service. Quelques exemples : Unyq propose des prothèses en impression 3D uniques, sur mesure et personnalisables ; Mecuris expert dans le domaine des prothèses médicales, commercialise, via sa gamme FirStep pour les enfants et NextStep pour les adultes, les seules prothèses en impression 3D certifiées CE ; UNK’D, quant à lui, diffuse des prothèses en impression 3D haut de gamme et design. 

Les principaux avantages de ces technologies résident dans leur légèreté, leur capacité d’adaptation et surtout leur faible coût de production : de l’ordre de quelques centaines d’euros, soit 10 à 60 fois moins que les prothèses classiques. Fort appréciable quand on fait un état des lieux rapide : en pleine période de croissance de l’enfant, une prothèse doit être changée tous les 15 à 18 mois ; seulement 5 à 10% des personnes amputées ont accès à une prothèse ; 80% vivent dans des pays en développement… nombreuses sont donc les familles qui ne peuvent pas s’offrir ce service. 

Des sociétés et associations ont donc décidé d’œuvrer pour proposer des alternatives moins onéreuses à l’image de Handicap International et son programme « Prothèses 3D » ou encore le réseau E-Nable. Ce réseau international met en relation des personnes ayant besoin de prothèses et des bénévoles propriétaires d’imprimantes 3D se proposant de les réaliser. Sa branche française, classée association loi 1901 en 2015, compte aujourd’hui 351 bénévoles actifs et a distribué plus de 160 prothèses sur le territoire français. Les dons de particuliers ou d’entreprises lui permettent de proposer un service entièrement gratuit : les makers travaillent bénévolement à la réalisation des prothèses et les frais engagés pour l’achat des matières premières sont intégralement pris en charge par l’association. 

Autre bonne nouvelle : les initiatives ne s’arrêtent pas aux mains prothétiques. Avec actuellement 10 millions de personnes en situation de handicap dans le monde, dont 5,2 millions de malentendants, 1,7 de non ou malvoyants et 3 millions de personnes handicapées moteur, les projets “santé” pour l’impression 3D sont nombreux ! 

Développée grâce au succès de sa prothèse de main bionique Bionicohand en 2014, l’association My Human Kit (MHK) a vu sa gamme de produits se diversifier sans pour autant déroger à ses deux principes fondamentaux : une technologie open-source et un faible prix de fabrication. L’association oeuvre désormais dans quasiment tous les domaines du handicap sensoriel : via son modèle Binoreille, MHK met gratuitement à disposition un tutoriel permettant de réaliser une prothèse auditive externe qui évite la pose d’un implant osseux. Via son programme Braille Rap, elle explique à ses utilisateurs comment rédiger du braille avec une imprimante 3D. Son Gant sonar à moins de 50€ propose quant à lui une version à bas coût de l’invention de Steve Hoefer permettant aux malvoyants de localiser des objets par vibration. 
L’association oeuvre aussi activement pour les handicapés moteurs en proposant des tutoriels pour la réalisation de fauteuils roulants en PVC à partir de pièces standards comme des gouttières (programme Open wheelchair) ou permettant d’électrifier un fauteuil roulant avec une trottinette (Troti-e).

La démocratisation du concept et l’intérêt grandissant des Français pour ces alternatives a permis d’ouvrir un premier laboratoire numérique physique en 2017. Sous des airs de tiers-lieu, HumanLab est un lieu de sociabilité, d’entraide et de créativité dédié intégralement à la réalisation d’aides techniques pour pallier aux handicaps.

De nombreuses autres initiatives citoyennes existent dans ce domaine… N’est-ce pas réjouissant de voir autant de bonnes volontés dédiées à la facilitation de l’inclusion sociale de TOUS LES HOMMES ?


Sources

Je soutiens le Courant pour une écologie humaine

 Générateur d’espérance