Réinsertion de familles en grande précarité : l’exemple d’ASA Madagascar

7 Nov, 2020 | ÉDUCATION & ENSEIGNEMENT, FAMILLE, SOLIDARITÉS & SOCIÉTÉ, SOCIÉTÉ DE BIEN COMMUN, TERRITOIRES VIVANTS

L’ASA est une association malgache qui lutte contre la misère et l’isolement social en misant sur l’éducation, en milieu rural. Après 28 ans d’existence, c’est plus de 2 500 personnes sorties de la misère. On vous raconte tout.

Genèse du projet

Cinquième PIB le plus bas sur Terre, Madagascar est l’un des pays les moins développés du globe (161/189) et présente un taux de pauvreté relativement élevé, principalement dans les rues de la capitale. 

Avec une espérance de vie moyenne de 66 ans, ce petit pays faiblement peuplé (densité de 47 habitants / km² contre 118 hab / km² pour la France) fait face à des problématiques sanitaires et sociales importantes. À titre d’exemple, son taux de mortalité infantile, de 45 pour mille, est semblable à celui que pouvait avoir la France à la sortie de la seconde guerre mondiale, dans les années 1950. 

C’est pour répondre à ces problématiques que l’association ASA a été créée. 

Initialement acronyme de « Accueil des Sans Abris », puis depuis 2004 celui de « Ankohonana Sahirana Arenina » (littéralement « Réinsertion de familles en grande précarité »), la structure a été initiée par le Ministre Général des Frères Mineurs malgache, le frère John Vaughn, à l’automne 1990 à la suite d’une visite dans les bidonvilles de la capitale. 

Particulièrement touché par la situation de précarité dans laquelle vivait une grande partie de la population, il décide de lancer une commission citoyenne pour trouver une solution à ce problème. 

Après plusieurs années de discussion, le groupe de travail trouve un consensus et crée l’ASA, une association de droit malgache régie par l’ordonnance 60-133 et créée sous l’égide du Comité Inter-Franciscain de Madagascar. 

Un concept bien rodé

Chaque année, l’association sélectionne 20 familles vivant dans les bidonvilles de la capitale malgache, Antananarivo et leur propose de suivre un cursus de réinsertion. 

Ce dernier commence par une session de formations de trois ans dispensées dans le centre éducatif de l’association : Antanety

Pendant cette période, les candidats suivent des cours d’artisanat, d’agriculture ou encore d’élevage, en vue d’acquérir les compétences nécessaires pour exercer ces professions en totale autonomie. 

Les familles sont logées et nourries sur place et les enfants sont scolarisés dans les structures éducatives locales. 

Ainsi, chaque année, trois « promotions » cohabitent dans le centre de Antanety formant une communauté œuvrant pour un but commun : lutter contre la pauvreté dans l’optique d’une réinsertion rapide et pérenne. À titre d’exemple, 268 personnes de 52 foyers ont été accueillis dans le centre pour la seule année 2018. 

La formation finalisée, les participants se voient offrir par l’association un « kit de démarrage » contenant une petite maison, 2 hectares de terrains arables, des outils pour cultiver ces dernières, une charrue, quelques semences ainsi que des zébus.

Pendant les 7 premières années, ils reçoivent également un soutien financier et technique de la part de l’association pour les aider dans cette nouvelle vie. 

Au terme de cette période, les familles sont officiellement propriétaires de leurs terrains et reçoivent un titre de propriété délivré par le gouvernement malgache.

Une alliance de poids

Pour être en mesure de proposer un tel type de réinsertion, l’association travaille en étroite collaboration avec le gouvernement malgache. 

Ce dernier encadre la démarche et met à profit de l’ASA les terrains jugés de faible valeur économique car situés au centre du pays (200 km de la capitale), en zone aride et déserte, ce qui les rend difficilement accessibles. 

À ce titre, en plus de réinsérer des familles dans le besoin, l’association permet de revitaliser des régions isolées, désertées par les populations faute d’y trouver travail, santé et éducation. 

Ainsi, l’association ne se limite pas à proposer des kits de démarrage. Elle pousse la démarche plus loin et propose d’encadrer le développement des zones urbanisées en y implantant des écoles, des cafés solidaires et des centres de santé. 

Forte de son succès, l’association travaille à l’électrification de deux centres médicaux récemment implantés, en vue d’y augmenter la qualité de l’offre de soins proposée.

Via des mécénats de compétence et des partenariats (Engie, Total…), ASA a réussi à implanter des panneaux solaires sur le toits de l’une des structures médicales et à y installer des appareils médicaux de première nécessité : réfrigérateurs pour stocker les médicaments, un échographe, un système de radiologie… 

Les bénéfices pour la population (réduction des risques et détection de pathologies liées à l’accouchement, prévention d’éventuelles maladies génétiques…) sont tels que l’association œuvre dorénavant activement sur l’électrification du second centre de santé pour y proposer des services similaires. 

Un bilan encourageant

Après 28 ans d’existence, l’association a réussi à créer 28 villages, 3 centres administratifs, 2 centres de santé et accompagne quotidiennement 500 familles – soit 7 000 malgaches – en réinsertion. Une belle victoire pour une petite association qui montre que l’éducation et la revitalisation des territoires peut être la clef de nombreux maux.

Une belle source d’inspiration pour d’autres régions, voire même d’autres pays ! 


Sources : 

Je soutiens le Courant pour une écologie humaine

 Générateur d’espérance