Quelle place le droit accorde-t-il à l’écologie humaine ? Le législateur peut-il nier la réalité ? Dire qu’un homme est une femme ? Dire qu’un enfant est né de deux pères ou de deux mères ? Dire que la vie de certains hommes est inutile ou trop dure pour mériter d’être vécue et qu’on peut y mettre fin ? Accepter que l’homme le plus petit, l’embryon, soit qualifié de matière d’expérimentation ?
UNE ÉVOLUTION RÉCENTE
Ce sont ces questions qui se posent aujourd’hui et qui sont liées à une évolution relativement récente du droit, marquée de trois « -ismes » qui peuvent faire peur: positivisme, subjectivisme, sociologisme.
Le positivisme moderne pose que la loi ayant sa source dans la volonté du peuple, il n’y a pas lieu de justifier son intervention, quel qu’en soit le domaine. La loi n’a plus à se conformer à la justice, à la morale, ou à la nature des choses; c’est elle qui dit ce qui est juste et moral; qui dit même ce qui est.
Le subjectivisme juridique contemporain traduit, en législation, l’hyper-individualisme qui nous affecte; on multiplie les “droits subjectifs” pour satisfaire les désirs individuels, dans tous les domaines, ces désirs s’opposant les uns aux autres sans égard encore une fois à la justice, à la morale ou à la nature des choses.
Le « sociologisme » pur auquel nous avons affaire aujourd’hui veut que le droit s’adapte aux évolutions de la société sans en juger la valeur ; c’est un relativisme.
S’APPUYER SUR LES DROITS FONDAMENTAUX
On y a perdu le sens de l’homme. On aurait pu songer, pour contrevenir à ce triple mouvement, à s’appuyer sur les droits fondamentaux dont la fonction naturelle serait de limiter la loi. Les droits de l’homme sont en effet, historiquement, un avatar du droit naturel, et leur résurgence, au cours du siècle passé, a été une réaction au positivisme cynique des totalitarismes.
« Le positivisme est judiciaire et non plus législatif; sa légitimité provient non de ce qu’il est la bouche du peuple, mais uniquement de ce qu’il se prétend gardien des “droits de l’homme”»
C’est l’inverse qui s’est produit : la « droit de l’hommisation » alimente une infinie revendication de lois et favorise subjectivisme et sociologisme; ses juges deviennent ceux qui disent les vérités, sans avoir plus d’égard à la nature des choses. Le positivisme est judiciaire et non plus législatif; sa légitimité provient non de ce qu’il est la bouche du peuple, mais uniquement de ce qu’il se prétend gardien des “droits de l’homme”.
C’est contre ces mutations du droit qu’il faut aujourd’hui lutter pour revenir à une protection non des droits de l’homme, mais de l’homme. A une Ecologie humaine.