La technologie, levier d’écologie humaine ? #ReplayWebinar

14 Mar, 2022 | TÉMOIGNAGES

Subjuguante au point d’en devenir addictive, parfois dangereuse et déshumanisante, la technologie peut-elle aussi être un levier d’écologie humaine ? En février 2022, nous avons échangé avec Anthony Allebée, fondateur de Helpicto et CEO de Corpus solutions au sujet de cette ligne de crête délicate qu’est notre rapport à la technologie.

Réfléchir à notre rapport à la technologie

Placer l’humain au centre

L’homme a la capacité de transformer le monde ; il a le souhait de construire un environnement (aimable, dans le meilleur des cas). Très tôt dans l’histoire de l’humanité, ce désir et cette capacité ont fait émergé la technique ; l’homme est un homo faber : un être susceptible de fabriquer des outils. Comment savoir si l’outil créé est utile et bon pour l’humanité ? Un bon critère de discernement, selon Alexis Allebée, est de le construire au service de l’humain : répond-il à des besoins existants ou vient-il créer de nouveaux besoins ?

 

Faire de la technologie un facilitateur, un vecteur d’écologie humaine

La technologie n’a pas investi tous les domaines, loin de là. Parlons de l’aide à la personne, par exemple : malgré des démarches d’appels à projets pour accompagner la vieillesse ou le handicap, les porteurs de projets technologiques ne se bousculent pas au portillon. D’autant qu’il existe des verrous lorsqu’on vient proposer des solutions technologiques dans des établissements qui accueillent des personnes en situation de handicap ou de vulnérabilité.

Évidemment, nous l’avons vu, la première chose à se demander est s’il y a un réel besoin pour les accompagnants, les aidants, les usagers. Car tant que l’on n’a pas réussi à prouver l’intérêt probant d’un ensemble de dispositifs technologiques et le bénéfice pour chacun des acteurs, il est compliqué de le mettre à disposition.

Il s’agit de ne pas dégrader les situations existantes. C’est pourtant parfois ce qui advient lorsqu’on introduit l’usage de la technologie, en coupant des liens humains qui existaient jusque-là. L’idée est de réussir à créer une société où la technologie est un intermédiaire, au sein de laquelle l’humain ne sera pas face à la technologie, mais face à l’humain, aidé par la technologie.

Créer un environnement propice à une technologie éthique

Anthony Allebée : “Mon travail d’accompagnement de la personne consiste à favoriser et faciliter l’inclusion. La technologie créée une sorte de béquille virtuelle qui ouvre des opportunités aux personnes en situation de handicap. Opportunités qui n’auraient pas été offertes en l’absence de technologie.

Aujourd’hui, l’usage de la technologie est incontournable. En avoir peur ? Ce n’est pas très constructif. En revanche, il est important de les connaître et de les comprendre. De fait, ce qui fait peur, ce sont toutes les technologies que l’on ne comprend pas, qui ne sont pas construites de manière transparente. À la place de la peur, il faut créer des environnements propices pour insuffler de l’éthique à la technologie :

Connaître les tenants et aboutissants avant de consommer une technologie ; avoir conscience que lorsque c’est gratuit, c’est que c’est vous le produit. La bonne technologie est celle qui est équitable : lorsque je propose une solution technologique, je veille à ce qu’il n’y ait pas d’enrichissement unilatéral mais qu’il soit commun à la communauté.

Pour affronter la technologie, les meilleures armes c’est la connaissance, l’apprentissage. Il y a une vraie importance à ce que chacun sache ce qui est fait de ses données.

  • Garder son libre arbitre
    On a la chance de vivre en Europe où il existe des règles encadrant la technologie, comme le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). C’est de la responsabilité de ces organismes certificateurs de valider que les traitements réalisés le sont bien en préservant l’intégrité et la propriété des données. De cela découle une partie de notre libre arbitre et de liberté de choix.
  • Éduquer, dès le plus jeune âge
    On ne peut pas faire évoluer nos enfants en mettant de côté la technologie, qui est une composante de notre réalité. Les enfants naissent avec un smartphone dans la main, sans vraiment comprendre ce qu’il y a derrière. À mon sens, la technologie n’est pas assez intégrée dans les processus d’apprentissage ; elle devrait être une matière à part entière, pour en comprendre les enjeux.
    De fait, l’école est là pour apprendre le “vivre ensemble”, qui passe aujourd’hui par un certain nombre de technologies. L’éducation civique englobe aussi les actions que l’on va réaliser sur internet. 
    Par ailleurs, le rôle de la famille dans l’éducation à la consommation de la technologie est également très importante. Les enfants n’ayant pas encore un niveau de maturité pour s’auto-réguler, l’éducation parentale est primordiale.
  • Placer l’usage écologique et humain au cœur du développement technologique
    Développer une solution technologique doit se faire en collaboration avec les utilisateurs. C’est ainsi qu’a été construit Helpicto. On a d’abord répondu a un besoin spécifique pour l’accompagnement des personnes porteurs de troubles du spectre de l’autisme (TSA). De là, on a pu le faire évoluer et l’ouvrir à des situations d’usage plus larges. 
  • Questionner l’utilité
    Il existe des mondes virtuels créés pour accompagner les personnes en situation de handicap. Grâce à des casques virtuels, ces personnes en situation de handicap vont apprendre à réaliser un certain nombre d’actions du quotidien, comme traverser la rue, mais dans un contexte parfaitement sécurité. L’intérêt de ce monde virtuel me semble tout à fait clair. Concernant le Métaverse, en revanche, je n’en ai pas encore compris le besoin initial… Va-t-on vers plus d’écologie humaine ?”


Vos questions / remarques à la fin du webinar

Nathalie : pour moi, ce qui doit rester au cœur de tout ce développement technologique, c’est l’amélioration de la qualité de la relation humaine. J’ai un peu peur que tout le monde n’ait pas cette vision-là. Il y a tous les problèmes d’éthique : qui va fixer les limites ? Merci pour cette présentation, ça fait vraiment du bien de se rendre compte que oui, la technologie peut devenir un vecteur d’écologie humaine.

Isaure : une des choses très importantes que je retiens, c’est le fait de recentrer la technologie sur le besoin et ne pas partir dans des courses aux nouvelles technologies pour lesquels on finira par trouver des usages. Mais vraiment repartir vers ce qui rend service à la personne et à la communauté.

La technologie peut-elle devenir un levier d’écologie humaine ? Replay du webinar avec Anthony Allebée, fondateur de l’application Helpicto.

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