Lors du forum Territoires Vivants 2021, Gilles Hériard Dubreuil, co-initiateur du Courant pour une écologie humaine, a interviewé Christelle Minard, Conseillère départementale du canton de Saint-Lubin-des-Joncherets et maire de Tremblay, en Eure-et-Loir. Elle nous fait part de son quotidien dans cette commune rurale en transition écologique et solidaire.
Gilles Hériard Dubreuil : Madame Minard, vous faites partir des acteurs publics, à l’échelle du territoire : est-ce que vous voulez bien nous dire comment vous voyez votre métier, vous qui êtes très soucieuse de susciter la vie dans votre territoire ?
Christelle Minard : Oui, je vais essayer de vous décrire le quotidien d’un maire d’une commune rurale, Tremblay les villages, une commune un peu particulière, en l’occurrence, puisque c’est l’histoire de six anciennes communes qui se sont associées en 1972, grâce à un grand personnage local : le Docteur Taugourdeau.
Cet héritage me rappelle tous les jours à quel point je dois rester engagée et continuer à propulser une dynamique positive dans cette cette commune, à générer du bien commun autour de moi. On est un territoire vivant, où l’on essaye d’innover. Et moi, j’essaie surtout d’être là au service des autres. Je dis parfois que je suis un peu “le médecin généraliste” de l’action publique… médecin généraliste que j’ai d’ailleurs perdu dans notre commune…
Je suis donc la référente des citoyens de la commune, au service des autres. J’essaie de porter mon engagement en étant toujours à l’écoute, 24h sur 24 et 7j sur 7. Et c’est aujourd’hui, je pense, l’engagement de beaucoup d’élus de petites communes rurales.
Tremblay est aujourd’hui une commune de 2330 habitants avec 300 enfants à l’école, un bel équipement scolaire, une petite trentaine d’associations, des commerçants, des artisans, des industriels ; et c’est environ 300 établissements économiques.
J’essaie de générer du bien commun notamment dans l’engagement pour la transition écologique et solidaire. Ca passe par différentes initiatives.
Celle que l’on vit depuis quelques mois et qui a engagé beaucoup de solidarité entre élus, associations, bénévoles de la commune et les professionnels de santé a consisté à essayer de venir en aide aux personnes isolées et âgées. Nous avons engagé, par exemple, la fabrication de masques avec un artisan de la commune et avons distribué l’ensemble de ces masques à nos habitants. Nous avons rendu service aux plus éloignés en allant faire leurs courses du quotidien. Nous avons aussi aidé les commerçants puisque certains ont dû fermer leurs portes, donc nous avons veillé, avec le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale), à offrir pour Noël des bons cadeaux à nos aînés, à récupérer chez nos commerçants de Tremblay.
Il y a donc toujours le souci de penser à nos proches, et surtout ceux qui sont les plus fragiles. C’est le premier rôle du maire.
Engager la transition écologique, on l’a fait dans le cadre d’un projet intergénérationnel, avec un éco-quartier. Nous avons porté la construction d’une maison médicale, la maison d’une assistante maternelle, une salle intergénérationnelle et la construction de résidences seniors, avec quelques lots en accession à la propriété. Cet aménagement, on l’a voulu bien intégré dans la vie du village mais aussi dans le paysage et pour cela, nous avons planté des haies. Dans un souci de préserver la frontière entre les parcelles agricoles et l’aménagement qui est en train de se faire, tout d’abord, mais aussi ce mur végétal sert à préserver la biodiversité, et donc l’agriculture et nos habitants et à limiter l’érosion des sols. Et tout cela pour le bien commun !
Nous avons porté ce projet avec un bailleur social qui est l’Habitat Drouais, avec l’ESAT de la Ferté-Vidame, avec un chantier d’insertion qui a permis à des personnes en situation de handicap de venir planter les haies à Tremblay.
Voilà donc une initiative qui s’inscrit dans un projet éco-solidaire. Il y en a d’autres encore : on vient très récemment de signer une convention avec Eure-et-Loir Nature qui engage la commune dans des actions de l’Objectif Climat 2030 pour préserver la ressource en eau.
L’objectif, c’est de poser un diagnostic, mais également d’aller à la rencontre des habitants, des enfants à l’école, des entrepreneurs, des agriculteurs, des familles, pour leur faire prendre conscience de l’importance de préserver notre ressource en eau dans un contexte de changement climatique. Je pense que c’est un sujet qui nous concerne tous, que l’on soit petits ou grands, riches ou pauvres, ruraux ou urbains, nous avons le devoir de nous soucier de la préservation de nos ressources.
Le rôle d’un élu c’est d’essayer de mettre en réseau les acteurs de son territoire, de travailler en “mode projet”, de créer des synergies et, avec tout ça, d’engager d’heureuses initiatives. C’est le sens de mon engagement !