Donatienne et Marie sont passionnées de musique. Depuis quelques années, elles forment le duo D&M French Music Legends qui se produit chaque mois dans un cabaret parisien. Elles y interprètent des tubes de la chanson française, pour le plus grand plaisir des spectateurs (Français et touristes) qui peuvent chanter en chœur… Si leur objectif est d’enchanter de leur voix les présents, c’est aussi dans le but de récolter des fonds pour soutenir le Centre Damien de Molokaï, au Bénin.
Une amitié de bon ton
“Nous sommes amies depuis une dizaine d’années. Nous nous sommes connues par le chant : un chœur de Gospel. Et puis, on s’est lancé en duo il y a trois ans, pour animer ces soirées cabaret, dans l’optique de mettre notre compétence au service d’un projet qui nous tient à cœur : le Centre Damien de Molokaï.
Respectivement éditrice (Donatienne) et juriste dans un groupe bancaire (Marie), nos métiers ne sont aucunement liés à la musique. Mais il est vrai que le chant apporte quelques atouts dans la vie professionnelle : une aisance devant un public, une facilité à animer les relations humaines, et même parfois à négocier et improviser !”
Le centre Damien de Molokaï
“Association de loi 1901, créée le 22 mars 2011, l’association Centre Damien de Molokaï vise à soutenir la Cité Saint-Damien, un lieu d’écologie intégrale pour les enfants au Sud Bénin (village d’Agonsoudja). L’association propose des animations scolaires et périscolaires pour développer l’imaginaire et les talents des enfants et favoriser la transversalité dans l’acquisition des savoirs (lecture, orthographe, vocabulaire, maths, etc.).
Deux autres volets s’articulent à cette dimension pédagogique : un volet économique visant à assurer la prise en charge les frais de fonctionnement ; un volet esthétique et environnemental ayant pour objectif la mise en valeur des 5 hectares de nature (fleurs, plantes, arbres), en la respectant (attention portée à la propreté et à la gestion des déchets), la valorisant (mise en place d’une activité maraîchère bio), mais aussi en pensant une architecture globale s’inscrivant dans la nature.
La Cité Saint Damien emploie une équipe franco-béninoise d’une vingtaine de personnes et accueille tous les ans des bénévoles Français qui restent sur place entre trois semaines et six mois.
Nous, on a découvert ce centre grâce à notre chorale de Gospel, justement. Chacune à son tour, nous avons été séduites par la vie incroyable qui s’y déploie. Aujourd’hui, on fait tout ce qu’on peut pour les soutenir par notre amitié, notre présence et puis, bien sûr, ce soutien financier qui est essentiel.”
Les soirées cabaret : mettre à l’honneur le patrimoine français
“Nous étions toutes deux investies dans l’association Centre Damien de Molokaï depuis trois ans. Nous cherchions sans cesse des moyens de l’aider financièrement, la faire connaître, ouvrir nos réseaux. C’est là que Donatienne a eu cette brillante idée.
En parallèle, à ce moment-là, nous avions arrêté la chorale gospel et cherchions d’autres moyens de chanter. On savait que nos voix s’accordaient bien et notre envie de chanter ensemble ne faiblissait pas. Or, on a découvert qu’Airbnb proposait à des associations de leur mettre gratuitement à disposition sa plateforme de réservation – et par là-même, tout son réseau de touristes – pour proposer des expériences solidaires. Ça nous a enthousiasmé ! On a alors eu cette envie de proposer des concerts intimistes, dans un restaurant privatisé, une fois par mois, lors duquel une vingtaine de chansons du patrimoine français sont mises à l’honneur. On a rapidement trouvé notre guitariste et on s’est lancées !
Le coût du spectacle – hors repas – est de 15€ – et tout l’argent récolté est versé à l’association Centre Damien de Molokaï, dont on parle à plusieurs reprises au cours de la soirée.”
Le chant, presque une thérapie
“Le chant est une manière de s’exprimer, de parler de ses émotions… Souvent, si l’on chante alors que le moral n’est pas au beau fixe, ça déride. C’est vraiment comme une thérapie !
Le chant permet d’ouvrir son cœur – quand on chante la langue française, en particulier, car alors, on dit des mots qu’on ne se permettrait pas forcément de dire dans la vie de tous les jours. C’est d’ailleurs très fort quand les gens nous demandent des dédicaces : à travers le chant, on peut faire passer des messages importants !
Le chant permet aussi de mieux placer sa voix, même parlée, d’une façon plus posée, plus centrée à l’intérieur de soi. C’est formidable. La musique a ce don d’unifier tout l’être. Il nous aide à trouver notre voix / voie en quelque sorte.
Et puis, la musique unit les peuples. On a la joie de chanter en langue Fon, un dialecte très usité au Bénin. Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que c’est que de vous mettre à chanter au micro, dans une église, à Cotonou, au milieu de 2000 personnes, dans leur langue… La joie immense que ça fait aux gens ! Le simple fait que des personnes de l’autre bout de la terre (des Français, en plus – il y a une histoire particulière entre l’Afrique et la France !) prennent leur langue et la chantent ! Il y a un truc extraordinaire qui se passe. La manière dont les gens, après, nous regardent… D’ailleurs, après, les gens viennent nous voir et nous parlent dans leur langue en croyant qu’on la parle couramment ! Alors là, on est obligées d’avouer qu’on sait juste chanter ! Mais grâce à ce chant dans cette langue, il y a tout de suite quelque chose de l’ordre d’un a priori positif qui s’instaure dans la relation et c’est très beau.
Il est vrai qu’il peut y avoir des expériences solitaires de la musique, bénéfiques et apaisantes. Mais ce qu’on cherche à vivre, nous, c’est vraiment un partage. On a à cœur que les gens participent, qu’ils chantent avec nous ! On leur donne les paroles à cet usage.”
En conclusion : ne vous freinez pas !
“S’il y a quelque chose qui vous anime, que vous aimez, lancez-vous, au moins progressivement. Même si vous pensez ne pas être si bon que cela au début ; vous n’avez pas besoin d’être un expert. Vous pouvez apporter quelque chose d’unique, de vrai et, grâce à cela, rendre les gens heureux. Ne vous freinez pas : la vie est courte.
On n’a pas souvent conscience des trésors que l’on a au fond de soi. Il faut s’ouvrir ! Donnez, partagez : quelqu’un d’autre va s’en faire le réceptacle. Et là, il va se passer des choses que vous ne maitriserez pas et qui seront formidables : des jaillissements de vie.”