Ce mois-ci, La Maison des bouquins propose un joli roman, délicat et tendre, paru en mars 2021 aux éditions Interférences : “Deux femmes et un jardin”, d’Anne Guglielmetti, romancière Parisienne et traductrice de livres d’art et d’architecture.
RÉSUMÉ
Entre trois êtres qui semblent voués à la solitude, deux femmes que tout sépare – l’âge, le mode de vie, les expériences – et un jardin à l’abandon, un lien va se créer, salvateur pour tous les trois. Ce court récit, à la fois concret et suggestif, nous entraîne dans le monde secret et délicat de ces affinités profondes, inexplicables, souvent indicibles, qui aident à grandir, à croître et à mûrir.
Que l’on soit une femme simple et timide d’un certain âge, une adolescente rebelle ou un jardin livré aux mauvaises herbes, il suffit parfois d’une rencontre improbable pour retrouver le goût de la vie et poursuivre sa route.
CE QU’ANNE NOUS EN DIT
Elle a facilement l’âge de la retraite mais comme la vie ne l’a pas épargnée il faut qu’elle continue à faire des ménages pour vivre, ou plus exactement vivoter. Et puis les hasards d’une succession lui allouent une maison minuscule planquée au fond d’un jardin en friche, le tout perdu dans un hameau perdu d’une région paumée. C’est ce que le notaire lui dit mais avant d’y croire, si peu habituée à la chance qu’elle est, elle décide d’aller voir.
Se peut-il que quelque chose de bon lui arrive ? En tous cas les clés qu’elle a ouvrent bel et bien la maison et personne ne vient lui dire qu’elle n’a rien à faire ici. La maison lui parait si délicate, presque trop pour elle, mais elle décide de s’y installer. Si elle n’a pas les sous pour chauffer, elle ne chauffera pas et elle se nourrira exclusivement de pâtes si nécessaire.
Or dans le hameau, une famille en instance de divorce et leur fille en colère viennent passer l’été.
L’ado entre par effraction dans le jardin et plus rien ne sera pareil.
Ce livre est poétique, délicat, tout sauf gnangnan. Un vrai coup de cœur pour moi !
EXTRAIT
“Du matin jusqu’au soir, Mariette, courbée en deux sur une binette, désherbait, ou bien coupait, taillait, délivrait le vivant du mort, et gardait du second ce sans quoi le premier ne pouvait vivre. Le marronnier fut le premier à déplier ses feuilles, mâchurées par cette naissance hâtive, fripées comme une peau de nouveau-né. Les jours rallongeaient et les journées n’étaient pourtant pas assez longues pour contenter cette frénésie de sève. Alors qu’elle-même dormait à poings fermés, les bourgeons mettaient à profit la nuit pour se dilater, s’entrouvrir, éclater.
Mariette n’allait plus au ravitaillement que contrainte et forcée par le dernier carton de lait vide, la dernière poignée de nouilles jetées la veille dans une casserole d’eau bouillante. Et le plateau, là-haut, avec son vaste ciel et ses champs de blé maintenant en herbe, obtenait d’elle une attention aussi distraite que la vitrine de la boulangerie, au bourg, avec ses oeufs de Pâques et ses lapins en chocolat.
Mais lorsque les pommiers et le prunier du jardin fleurirent au cours des premiers jours d’avril, elle en fut éblouie comme elle avait été subjuguée par la flamme de deux bougies tenant la nuit en respect. Alors, le chat, auquel le printemps avait rendu ses habitudes, dont celle de se glisser dans ce jardin aux alentours de midi, surpris à plusieurs reprises une femme assise sur une chaise, apportée tout exprès, devant des arbres en fleurs.”
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