Ce mois-ci, la Maison des bouquins a cherché longtemps son coup de cœur ! Elle nous a finalement proposé une jolie lecture : chemins sans issue selon Van Gogh, écrit par David Haziot et paru en septembre 2021 aux Éditions Ateliers Henry Dougier, dans la collection “Le roman d’un chef-d’oeuvre”.
Je ressors de ce livre enrichie de connaissances sur un peintre que j’admire et je suis enchantée de cela. Je dirais même que je le porte encore plus en estime, une fois ce livre fini.
L’HISTOIRE DE CHEMINS SANS ISSUE
Mêlant récit romanesque et enquête historique, David Haziot raconte l’histoire du célèbre tableau de Vincent Van Gogh : Le Champ de blé aux corbeaux. Contrairement à ce qu’en retient l’histoire, cette toile mythique ne fut pas la dernière de Van Gogh, et non, il ne s’est pas suicidé devant. Longtemps, par égard pour les témoins vivants, on a occulté le rôle de Théo, le frère de Vincent, et d’autres personnes dans la tragédie d’Auvers-sur-Oise.
Ce récit rétablit, par le don de vie du roman, le scénario de la fin. “Le Champ de blé aux corbeaux”, ainsi remis en perspective, en sort plus poignant. Comme tout chef-d’oeuvre, il est une synthèse de l’art de son auteur, à travers la couleur et le trait, et la parfaite adéquation avec son ressenti de l’instant.
Le comprendre le fait d’autant plus aimer.
L’AVIS D’ÉRIC
Il existe, bien évidemment, d’excellentes et très complètes biographies de la vie de van Gogh – l’une d’elles fut d’ailleurs rédigée par l’auteur, David Haziot, qui reçut pour cette oeuvre un prix De l’Académie Française.
Cependant, Chemins sans issue selon Van Gogh ne relève ni de la biographie complète, ni de l’analyse de l’oeuvre. D’un style très agréable, fourmillant de détails et de scènes de vie du peintre flamand, prenant pour point de départ l’une des toiles maîtresse du hollandais : Le champ de blé aux corbeaux, souvent pris pour le dernier tableau du peintre.
On découvre, en plongeant loin dans la jeunesse du futur peintre, les blessures accumulées, les peines de cœur et d’affection, les incompréhensions familiales, les hésitations, les envies, le caractère de ce peintre plein de déchirements sublimes tout autant que de certitudes quant à son envie de peindre et des raisons pour le faire.
À PROPOS DE L’AUTEUR : DAVID HAZIOT
Biographe, romancier et scénariste de BD, David Haziot a publié trois ouvrages sur la période impressionniste. Son Van Gogh (Gallimard) a été couronné par l’Académie française et traduit en plusieurs langues. Son livre sur la famille Rouart (Fayard) a reçu le prix Goncourt de la biographie. Gauguin (Fayard) a été reconnu comme une référence pour cet artiste. Il est membre du comité d’experts ayant validé le contenu culturel du nouveau parcours du Château d’Auvers-sur-Oise.
EXTRAIT
Vincent Van Gogh apparut au bas de l’escalier devant l’entrée de la salle. Tout en bleu, dans sa blouse de plombier-zingueur maculée de couleurs qu’il affectionnait et son pantalon de toile également usé. Un grand chapeau de paille sur la tête. Il portait son attirail de peintre sur le dos, tenu par deux sangles jaunes aux épaules. Bleu et jaune, un accord de prédilection pour lui. Un pliant à la main et le chevalet d’extérieur dans l’autre, il alla s’installer à une table contre le mur de gauche face à la sortie pour cacher son oreille mutilée et posa le sac sur une chaise, le chapeau dessus. Ses cheveux roux, hirsutes, et ses yeux bleus perçants apparurent dans son visage cabossé.
—Bonjour, Monsieur Vincent ! Bien dormi ?
—Très bien, merci, Monsieur Ravoux.
Vincent parlait d’une voix douce avec un accent quelque peu rugueux. Arthur Ravoux le dévisageait près de la table.
—Toujours la même chose ?
—Toujours !
Ravoux apporta un gros morceau de pain rassis et un grand bol de café chaud. Vincent sortit son couteau, fit deux parts et en glissa une dans son sac, puis commença à boire son café en trempant son pain.
Découvrez une autre proposition lecture : “Ceinture de soie”, de Patricia Loison