Par Solweig Dop, Déléguée générale du Courant pour une écologie humaine.
“Les amis,
Ce mois-ci, j’ai vécu dans le monde d’après ! Celui-là même dont on nous rebat les oreilles depuis le Covid et qu’on a l’impression de ne pas voir advenir. J’y étais et c’était délicieux, dans tous les sens du terme. Vivement que ça se généralise.
Évidemment, ce monde d’après est tissé de rencontres merveilleuses, de celles qui injectent espérance et motivation.
Commençons par Nirvân et Delphine Sandner, à Ambérieu-en-Bugey, qui ont monté la boulangerie TATUP – atypique et rebelle – Leur objectif ? Mettre en place un système totalement cohérent autour du pain au levain et autres gourmandises 100 % végétales. Des cendres du feu de bois aux (rares) invendus en passant par le design des outils de travail, le coton des blouses, et l’active bienveillance au sein de l’équipe et vis-à-vis des clients… : rien n’est laissé au hasard. On découvre alors qu’il est possible – moyennant un chemin d’essais-erreurs qui requiert patience et persévérance – d’aligner sa vie professionnelle sur les valeurs qui sous-tendent sa vie personnelle.
À quelques mètres, sur le trottoir d’en face – coïncidence ? Je ne pense pas ! – Pauline Magdinier, qui, elle, a ouvert une boutique de fleurs provenant exclusivement du sol français – parfois même de son propre jardin. Les fleurs sont éphémères : pour elle, c’est une leçon de vie. Dans une inaltérable bonne humeur, elle s’essaye à vivre le moment présent, pleinement disponible aux personnes qu’elle croise – qu’elles soient ou non de potentiels clients. Elle estime que c’est le rôle d’un commerce de proximité : permettre aux plus isolés de trouver un peu de chaleur humaine.
Quelques jours plus tard, c’est une ribambelle de guerriers de la lumière qui se regroupent à Paris pour la troisième édition des Assises de l’attention.
Leur but ? Remettre le numérique – et tous les écrans aliénants – à sa juste place. Que ce soit au sein de l’éducation nationale, dans les villes et villages de France – découvrez à ce sujet la commune de Seine-Port qui, ce mois-ci, a choisi d’interdire le portable dans l’espace public – ou dans nos vies personnelles, il est visible que nous sommes parfois devenus les produits de technologies qui nous dépassent et nous rendent délibérément accro. Action de lobbying ou de déconnexion ; ces rebelles lèvent les yeux et, ce faisant, s’arrangent pour arracher leurs contemporains aux mondes virtuels qui les fascinent pour les replonger dans les délices du réel – sans doute jamais suffisamment rose, mais toujours bien plus savoureux que la platitude écranique.
Quoi d’autres ? Ah oui ! Cette quinzaine de personnes qui se sont mobilisées une journée entière pour creuser avec nous – l’équipe du Courant pour une écologie humaine – la question “De quelle écologie l’humanité a-t-elle besoin ?” – thème de notre forum d’avril, à Marseille, où vous êtes les bienvenus.
Admirable de voir l’intelligence collective à l’œuvre, l’immédiate amitié qui sourd quand on travaille ensemble, tournés vers le bien commun, la joie qui émerge à l’idée de participer à l’avènement d’un futur désirable.
Et pour finir ? Une plongée dans le monde agricole avec les Journées Paysannes qui proposaient leur congrès annuel les 17 et 18 février derniers. Où l’on entend parler de semences, de terre, de ciel, de don et de fécondité, de labeur et temps. Un moment où verticalité (spiritualité) et horizontalité (échanges festifs et bienveillants) se retrouvent et se complètent parfaitement. On a envie, d’ailleurs, face à ce sujet brûlant, de rappeler à votre souvenir l’excellent ouvrage de feu Gilles Hériard Dubreuil : De quelles agricultures les hommes ont-ils besoin ? Un concentré de bon sens et de perspicacité. À lire et relire sans modération !
Voilà un avant-goût du monde d’après, un monde où l’écologie humaine souffle, où chacun apporte sa pierre, sans relâche, pour bâtir un monde à la mesure de la personne humaine ; un monde où elle retrouve sa capacité d’émerveillement pour ses frères humains, pour le vivant qui l’entoure, pour l’aventure palpitante qu’est ce bout d’existence qui lui est imparti et qui exige d’elle qu’elle déploie ses talents uniques et irremplaçables.
Et vous ? Qu’avez-vous récemment vécu qui régénère votre espérance et vous donne le goût du monde d’après ?”