Jean-Philippe Lajambe, président du Courant pour une écologie humaine (CEH), rend hommage à Gilles Hériard Dubreuil, co-initiateur du CEH, décédé il y a 1 an.
“Gilles nous manque.
Il y a un an, le 7 mars 2023, Gilles Hériard Dubreuil, président et co-initiateur du Courant pour une écologie humaine, décédait.
Durant sa vie professionnelle, ses chemins l’ont conduit à ausculter de grandes crises – catastrophe nucléaire de Tchernobyl, Fukushima, pollution par l’agriculture bananière des îles de la Martinique et de Guadeloupe, etc. Homme de terrain, il travaillait en étroite collaboration avec les habitants des espaces contaminés, avec pour leitmotiv remettre l’humain au centre. Or, chacune de ces crises a perturbé la relations entre l’homme et son milieu, révélant en négatif à quel point ce lien de l’humain à son biotope naturel est central. Nous oublions trop souvent que la nature est notre assurance vie, la seule qui vaille.
Son dernier ouvrage, De quelles agricultures les hommes ont-ils besoin ?, paru en 2019 aux éditions du bien commun, résonne particulièrement avec le débat actuel sur la place de l’agriculture et de l’écologie en Europe. Il esquissait déjà la notion de fin de la modernité, s’inspirant des travaux de Guardini La fin des temps modernes. À travers cette réflexion agricole, il nous rappelle que ce qui est en jeu est la recherche d’un chemin de sortie, littéralement un exode (ex hodus). Il s’agit de s’orienter, ici et maintenant, à partir du chemin parcouru (irréversible) et de s’emparer d’une carte et d’une boussole mises à jour pour renouveler notre relation au vivant, vivifier la fécondité et la diversité des milieux naturels et générer une nouvelle cohésion au sein des sociétés humaines.
En nous faisant découvrir la richesse des communs, la force du don et du contredon, Gilles avait le souci de remettre au cœur de nos vies une fraternité solide et incarnée, une solidarité juste et libératrice et une connexion vivante avec la nature. Il voulait nous faire passer d’un monde d’objets à un monde de relation, en nous rappelant qu’aucune de nos actions en ce sens n’est dérisoire.
J’aimais son refus du brouhaha du monde – cette écume de l’actualité – en faveur d’un regard de longue portée, avec cette urgence du long terme.
Il nous laisse un dernier ouvrage, à paraitre prochainement, sur cette fin des temps modernes où il nous incite à contribuer à l’avènement de cette période à venir dont il nous faut trouver le nom. Nous vous tiendrons informés de sa publication, cela va sans dire.
Gilles, merci pour tout.”
Retrouvez l’adieux de l’équipe du Courant pour une écologie humaine à Gilles Hériard Dubreuil ici.