Alain Damasio est un écrivain prolifique, auteur de nouvelles et romans de science-fiction au succès critique et public immense, dont La Horde du Contrevent (éd. La Volte, 2004 ; Grand prix de l’Imaginaire 2006) et Les Furtifs ( éd. La Volte, 2019 ; Prix du Meilleur livre Lire et Grand prix de l’Imaginaire 2020). Cette année, il revient avec un nouvel ouvrage : Vallée du Silicium aux éditions du Seuil.
Vallée du Silicium : de quoi ça parle
À San Francisco, au cœur de la Silicon Valley, Alain Damasio met à l’épreuve sa pensée technocritique, dans l’idée de changer d’axe et de regard. Il arpente « le centre du monde » et se laisse traverser par un réel qui le bouleverse.
Composé de sept chroniques littéraires et d’une nouvelle de science-fiction inédite, Vallée du silicium déploie un essai technopoétique troué par des visions qui entrelacent fascination, nostalgie et espoir.
L’auteur interroge tour à tour la prolifération des IA, l’art de coder et les métavers, les voitures autonomes ou l’avenir de nos corps, pour en dégager une lecture politique de l’époque et nous faire pressentir ces vies étranges qui nous attendent.
Notre avis
(Très) belle plume.
Prise de recul sur notre monde, notre société globalisée, fragmentée, à la lisière (frontière ? 😉 de la réalité et de la science fiction ; tout ce qui est décrit est déjà presque là, déployé, tant dans le monde physique que dans nos esprits.
Il pose la question de la relation – sujet central du Courant pour une écologie humaine – quelles sont celles que nous seront amenés à tisser via l’Intelligence Artificielle (IA) ? Cela va-t-il plutôt améliorer notre vie ou la dégrader ? Comment composer avec cette réalité qui nous est déjà imposée ?
On peut être d’accord avec tout – ou pas – mais cet essai est précieux et nécessaire. Il interroge notre manière d’être au monde, notre manière d’être vivant… Comment l’être toujours plus (et mieux) ?
Extraits de Vallée du silicium
“Nous allons donc sous-traiter, déléguer et externaliser aux intelligences artificielles notre faculté de conduire un véhicule… Soit !
On voit bien ce qu’on y gagne: une énième paresse. Un soulagement, un lâcher-crise. Une douce démission. Plus besoin de vigilance, d’attention minimale, de construction mentale d’un trajet, plus besoin même de regarder la route, de se représenter la ville, d’aviser les gens sur les trottoirs, d’appuyer sur une pédale et de tourner un volant. La voiture autonome le fait à ta place et toi tu vas jouer sur ton téléphone au jeu de la Pastèque.”
(…)
“Poser la question en termes de sécurité est un tropisme de l’époque. Lequel tue tout débat au nid. Car la peur avale toute distance, toute pensée qui voudrait en oiseau s’envoler. Est-ce devenu si obscène de parler de liberté ? De pointer nos soumissions ? De suggérer que le cocon de paresse dans lequel le Capital fait ses œufs est à déchirer au courage et à la main ? Et si voulez vraiment invoquer la sécurité, autant le faire dans l’hybris…”
À propos de l’auteur
Fils d’un père carrossier et d’une mère professeur d’anglais, Alain Raymond naît à Lyon en 1969. Après un bac scientifique, il poursuit des études de commerce en classe préparatoire, puis dans la grande école de l’ESSEC d’où il sort diplômé à 22 ans. Rêvant de changer la société dans laquelle il vit, Alain Raymond parcourt les livres de philosophie de Gilles Deleuze ou de Nietzsche. Afin d’exprimer la tension politique qu’il ressent, il écrit son premier roman et choisit le pseudonyme Alain Damasio en hommage à sa grand-mère Andrée Damasio. Cet ouvrage paraît en deux volumes appelés Les Clameurs et La Volte aux éditions Cylibris.
Poursuivez votre lecture sur le monde moderne avec Pierre d’Elbée et son ouvrage : Affronter les coups du sort : petit traité de résilience.