Vivre pleinement le temps présent : comment faire ? Quels bienfaits en retire-t-on ? Martine O’Reilly, praticienne et formatrice en méthode Vittoz, propose quelques bonnes pratiques.
“Accueillir et entrer dans la réalité de ce qui nous entoure et de ce que nous sommes, permet de s’accepter tel que l’on est, sans jugement. Ça, pour moi, ça a été une grande découverte.”
Martine O’Reilly
Qui est donc le docteur Vittoz et en quoi consiste sa méthode ?
Martine O’Reilly, Psychothérapeute Vittoz : “Le docteur Roger Vittoz
est un médecin généraliste né en 1863 et mort en 1925, spécialisé dans les maladies nerveuses. Utilisant fréquemment l’hypnose, il constate qu’avec cette pratique, ses patients restent passifs. Ca ne lui convient pas : il souhaite apprendre aux personnes à se guérir elles-mêmes, en retrouvant leur liberté et leur autonomie, les rendre acteurs de leur vie.
La “méthode Vittoz” est à la fois une psychothérapie, un art de vivre et une pédagogie. Elle vise à restaurer le contrôle cérébral : quand le cerveau est en « vagabondage cérébral », le patient oublie l’instant présent et se créé potentiellement une multitude de sources d’inquiétudes. Il s’agit donc de repasser par la réceptivité, d’abord par nos cinq sens, puis aussi par toutes les sensations dites somesthésiques – l’ensemble des sensations (pression, chaleur, douleur…) qui proviennent de plusieurs régions du corps (peau, tendons, articulations, viscères…). Le docteur Vittoz met donc en lumière toute une palette de sensations pour permettre à notre cerveau de ralentir quand il va trop vite. Ce qui peut s’avérer bien utile pour prendre du recul sur nos vies !
Quels sont les bienfaits de la méthode Vittoz ?
Dans le cadre de cette thérapie, le cerveau a deux fonctions essentielles :
- La réceptivité : je reçois des informations,
- L’émissivité : je pense – plus clair, mieux – ce qui me permet de prendre des décisions plus efficaces, en harmonie avec mon environnement.
De là, les bienfaits sont multiples : mémoire bonifiée, meilleure concentration, plus grande relaxation…
Être dans le temps présent permet de reprendre le contrôle sur sa vie, faire croître sa confiance en soi et sa liberté.
Que peut soigner la méthode Vittoz ?
Accueillir la réalité de ce qui nous entoure et de ce que nous sommes permet de s’accepter tel que l’on est, sans jugement. Pour moi, ça a été une grande découverte.
Il s’agit d’accueillir nos émotions et leur origine par rapport à notre histoire. Par cet accueil et cette écoute, on peut se guérir de maux que l’on porte depuis l’enfance !
Dans nos symptômes – rappelons au passage que le docteur Vittoz était un précurseur de la psychosomatisation : il avait bien perçu que le corps présentait parfois des symptômes dont les causes étaient en réalité dues à la psyché – nous portons des douleurs, des maux, qui parfois même ne font pas partie de notre vie mais de celle de nos parents.
Ce petit fardeau que nous portons plus ou moins tous et qui quelquefois ne nous appartient même pas, il est très important de pouvoir s’en libérer. Il suffit souvent de se mettre à l’écoute de son corps pour découvrir son histoire. Rappelons que notre corps garde la mémoire de tout ce que nous avons vécu depuis l’instant de notre conception. Si on l’étouffe sans l’écouter, il va continuer à prendre le relais du psychisme quand ce dernier déborde et laisser nos émotions nous dominer.
Comment pratiquer la méthode Vittoz ?
Quand nous sommes enfants, nous découvrons le monde et les autres par des sensations sans jugement ni étiquette. On a beau dire à un enfant : « Attention, ne touche pas, tu vas te brûler », s’il n’a pas expérimenté, il ne saura pas ce que veut dire « brûler ».
Ainsi, ce que propose Vittoz, c’est de redevenir un enfant, se laisser émerveiller et surprendre par les choses extrêmement quotidiennes et automatiques de la vie.
Cela peut facilement se faire en se mettant à l’écoute de notre corps, par de petites réceptivités ponctuelles dans la journée, à travers des actes conscients. Nous prenons alors le temps de mesurer et ajuster notre place dans notre environnement. Cela exige un petit travail d’expérimentation, d’entraînement, comme des gammes sur un instrument de musique ; pratiquer pour rien, sans souci de résultat.
Cette pratique ne demande pas de temps au temps. C’est une posture : je pose mon portable, je photographie l’endroit où je le pose, j’en sens le poids, j’écoute le bruit que ça fait quand je le pose sur un support. Rien de plus compliqué. Et si je fais cet acte en conscience, j’aurai beau multiplier les endroits où je pose mon téléphone, je le retrouverai toujours !
Vittoz disait : « Il ne s’agit pas de penser un acte, mais de le sentir ». Si vous le sentez, votre mémoire ne vous fera pas défaut parce que la sensation la stimule et la nourrit. Et étonnamment, pendant cet acte conscient, le cerveau ralentit, et, avec lui, le stress et l’angoisse.
On entre alors dans l’acceptation. Je décide intérieurement de consentir à ce qui est, même si ça ne me réjouit pas particulièrement. C’est moi qui décide. Je deviens alors acteur de ma vie et donc libre ; j’ouvre ainsi le robinet d’une vaste énergie en moi : la volonté.
Cette boîte à outils proposée par Vittoz nous permet de mieux gérer ce que nous avons à vivre et, par conséquent, d’être en meilleure relation avec ce(ux) qui nous entoure.
Un dernier message ?
Le conseil, c’est de s’occuper de soi pour être plus en harmonie avec les autres. Ça me semble essentiel.
Apprendre à décoder – par cette présence à soi-même – ce que je vis.
Par exemple, je sens que je suis en colère : je la laisse exploser maintenant ou j’attends un petit peu pour me repencher dessus parce qu’elle a quelque chose à me dire ? Et voilà qu’une meilleure gestion de nos mouvements internes se met en place ! Vraiment, le conseil, c’est s’écouter (sans faire de nombrilisme). Être à l’écoute de soi, de ce que nous sentons, ressentons, pensons.”
Vous souhaitez aller plus loin sur la santé naturelle ? On vous propose un article passionnant de Julia Limongi, naturopathe !