Tour de France gastronomique : se régaler de la rencontre – Baptiste Ecalle

7 Nov, 2024 | TÉMOIGNAGES

À la fin de ses études, Baptiste Ecalle a eu envie de vivre un projet un peu différent, idéalement nomade. Et parce qu’il aime la Bretagne et les galettes saucisses, il s’est lancé dans un tour de France à vélo, à la découverte des spécialités culinaires régionales. Rencontres d’artisans passionnés, exploration du terroir… Il revient émerveillé de tous les temps forts qui ont jalonné sa route.

Qui êtes-vous, Baptiste Ecalle ?

Baptiste Ecalle, alias @Baptiste.Odyssey : “J’ai 25 ans et je suis créateur de contenus ; j’ai effectivement partagé sur Instagram un tour de France à vélo, à la découverte de la gastronomie française, et plus spécifiquement des spécialités régionales, ce qui m’a valu une certaine notoriété. La mise en lumière d’artisans locaux a beaucoup plu à mon réseau !

Comment est né ce projet de tour de France gastronomique ?

Ce tour de France gastronomique est né d’une envie de combiner mon amour pour la gastronomie et le voyage.

De fait, après mes études, j’étais à la croisée des chemins : soit je poursuivais avec d’autres études, plus spécialisées, soit je me lançais dans un projet professionnel (ouvrir un restaurant, une cave à vin ou à fromage… ?), soit… ?

Mon maître de stage m’a alors donné un conseil qui a tout changé : si je voulais voyager, c’était maintenant, tant que je n’avais pas encore de contrainte. Il venait d’être papa : il savait de quoi il parlait !

C’est donc l’idée du voyage qui l’a emporté. L’idée du tour de France a émergé en prenant conscience que je ne connaissais que trop peu mon pays.

Partir à vélo m’est venu ensuite comme une évidence, parce qu’au moment où j’ai eu cette idée de tour de France, le Tour de France de juillet passait à la télévision. Ca m’a fait Tilt !

Quant au thème centré sur la gastronomie, ce sont les galettes saucisses bretonnes qui m’ont inspiré. J’estime très sincèrement qu’un périple en Bretagne est raté s’il n’y a pas de passage par la case “galette saucisse” ! Il fallait donc absolument que je fasse connaître ça pour la Bretagne et que je découvre ces autres passages obligés dans les autres régions !

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet, Baptiste Ecalle ?

Le projet a débuté en janvier 2023 et a pris fin en juin 2024.

J’ai fait le tour des douze régions françaises pour mettre en exergue des spécialités culinaires régionales. Durant ce voyage, j’ai réalisé 136 interviews d’artisans locaux, chacun ayant un savoir-faire unique, que je voulais valoriser à travers de vidéos.

Il ne s’agissait pas simplement de dire si un produit était bon ou non, mais de donner la parole à ceux qui le créent ; ils sont les mieux placés pour en parler !

Comment sélectionnez-vous les artisans et spécialités à découvrir ?

Avant de commencer mon voyage, j’ai cherché nos spécialités culinaires incontournables : mon objectif était d’en couvrir entre dix et quinze par région. Une fois identifiées, j’en cherchais les artisans les plus réputés, soit parce qu’ils avaient remporté des concours, soit parce qu’ils étaient recommandés par des locaux… Et là, le plus simplement du monde, je prenais contact et organisais une rencontre, prenant soin de dénicher un logement à proximité.

Comment se déroulait une rencontre ? C’était toujours très convivial : on passait un moment à discuter avec l’artisan avant de commencer à filmer. C’est essentiel de créer une relation de confiance avant de sortir la caméra ; ça permettait de mettre à l’aise l’artisan et d’obtenir des images plus naturelles et authentiques. Puis, la personne se mettait à cuisiner, je filmais tout ce que je pouvais jusqu’à la fin de la recette, et on finissait par se quitter, parfois beaucoup plus tard que prévu !

Y a-t-il des rencontres qui vous ont particulièrement marquées pendant ce voyage ?

Mamie Pomme et sa délicieuse tarte Tatin

J’ai fait énormément de rencontres tout au long de ce voyage, et certaines m’ont effectivement beaucoup touché.

Si je devais n’en citer qu’une, ce serait la rencontre de Mamie Pomme, en octobre. C’est une grande experte en tarte tatin ; c’est d’ailleurs la vidéo qui a le plus cartonné sur les réseaux !

C’était un moment très spécial, malgré les quelques difficultés de communication liées à sa faible audition (Heureusement, sa famille était là pour l’aider à comprendre ce que je disais). Elle dégageait une gentillesse incroyable ; serviable, humble, drôle… À la fin, elle a même insisté pour me ramener en voiture, alors que je n’avais que vingt minutes de vélo à faire ! Elle m’a aussi donné 20 € : c’était pour “l’essence du vélo” ! Un geste qui m’a fait beaucoup sourire. J’ai gardé ce billet avec le mot de Mamie Pomme : c’est un précieux souvenir.

Il se trouve que cette rencontre a eu lieu après dix mois de voyage en solo. C’était un moment où je commençais à sentir le poids de la solitude ; mentalement, c’était un peu difficile. Rencontrer Mamie Pomme m’a fait prendre du recul sur mon projet, ce que je laissais derrière moi. Revoir les vidéos tournées en sa compagnie m’a bouleversé : j’ai pleuré pendant deux semaines ! Ce n’était pas des larmes de tristesse mais plutôt un mélange d’émotion et de fatigue accumulée.

Être en voyage solitaire pendant presque un an, c’est rencontrer plein de nouvelles personnes, mais sans jamais vraiment être accompagné. Cette rencontre m’a apporté du réconfort, et j’espère vraiment pouvoir la revoir un jour pour déguster un Paris-Brest ensemble, car elle est très friande du Paris-Brest et elle sait très bien le cuisiner.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées pendant ce voyage ?

La plus grande difficulté a été l’organisation quotidienne. Voyager à vélo, c’est gérer non seulement les distances, mais aussi la logistique des rendez-vous avec les artisans, les logements et les montages vidéo. Le temps passé à pédaler, à discuter avec les artisan, et à interagir avec les personnes qui m’hébergeaient ne me laissait pas beaucoup de marge pour monter les vidéos. Chaque vidéo prend plusieurs heures à monter… Il fallait que je trouve un équilibre et j’ai donc fini par faire le choix de ne monter les vidéos qu’à la fin de mon périple.

La solitude a aussi été un vrai défi, surtout pendant les mois d’hiver. Même si j’ai fait des rencontres géniales, le fait de voyager tout seul pendant longtemps peut peser sur le moral. À certains moments, surtout après dix mois sur la route, je sentais le poids de l’isolement, même quand j’étais entouré de nouvelles personnes. Mais ça a aussi rendu certaines rencontres super marquantes, comme celle avec Mamie Pomme.

Est-ce que vous avez déjà pensé à abandonner parce que c’était trop dur ? Et si oui, qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

Oui, ça m’est arrivé dès le premier soir ! Pour donner un peu de contexte, après avoir dit aurevoir à mes amis, j’ai pris la route. Mon objectif du jour n’était qu’à trois heures de mon point de départ. Ca ne me paraissait pas insurmontable. Mais j’ai chuté quatre fois en une journée ! Je n’étais pas habitué à pédaler avec 25 kilos de bagages, et je suis même tombé avant d’avoir parcouru un mètre en mettant le pied sur la cale de mes pédales !

En arrivant chez l’habitant, j’étais en retard de deux heures, je devais arriver à 18h30 et je suis finalement arrivé à 20h30. J’avais suivi Google Maps, et j’ai trouvé le moyen de me perdre dans une propriété privée, où j’ai passé un temps fou à chercher une sortie. Après m’être vautré dans la gadoue une fois de plus, j’étais vraiment en colère et je me suis demandé ce que je faisais là. La cerise sur le gâteau ? Voir mes amis sur Instagram en train de faire une soirée crêpes, bien au chaud, pendant que je galérais.

À ce moment-là, j’avais deux choix : rentrer chez moi et profiter de mes crêpes ou serrer les dents et continuer. J’ai décidé de persévérer, en me disant que ce n’était que le début, et que des galères, j’allais en rencontrer d’autres !

Un dernier message, Baptiste Ecalle ?

Mon conseil est simple : n’attendez pas le moment parfait pour vous lancer.

Souvent, on essaie de tout planifier, d’attendre que toutes les conditions soient réunies, mais ce moment n’arrive jamais vraiment. Il faut juste se fixer une date et se lancer, même si tout n’est pas prêt. C’est en étant sur le terrain que l’on apprend et que l’on s’adapte.

Il y aura toujours des imprévus, comme je l’ai vécu dès le premier jour de mon voyage. C’est en surmontant ces obstacles qu’on progresse. Si vous avez un projet en tête, foncez. N’attendez pas, car la vie est trop courte pour repousser indéfiniment nos rêves.”


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