Quand son père mourant lui demande d’écrire sur leur ancêtre Louis, héros de 1914, Thibault de Montaigu plonge dans une quête familiale inattendue. Cette enquête intime révèle un héritage de gloire et de douleur, où l’amour et le courage se mêlent aux silences du passé. Découvrez Cœur, de Thibault de Montaigu, paru aux éditions Albin Michel en août 2024.
Coeur : l’histoire
« Je croyais écrire cette histoire pour mon père, alors que c’était l’inverse : cette histoire, il me l’avait offerte. Et chaque fois que j’ouvrirai ces pages, je le retrouverai comme si je tenais son cœur vivant entre mes mains. »
Quand son père malade le presse d’écrire sur son ancêtre Louis, capitaine des hussards fauché en 1914 dans une charge de cavalerie, Thibault de Montaigu ne sait pas encore quel secret de famille cache cette mort héroïque. Ni pourquoi elle résonne étrangement avec le destin de son propre père qui décline de jour en jour. La course contre la montre qu’il engage alors pour remonter le passé se mue en une enquête bouleversante où se succèdent personnages proustiens et veuves de guerre, amants flamboyants et épouses délaissées.
Thibault de Montaigu nous raconte une lignée hantée par la gloire et l’honneur. Mais aussi ce qu’il reste d’amour et de courage dissimulés dans le cœur des hommes.
Cœur : l’avis d’Isabelle
“C’est l’histoire du père de l’auteur, en fin de vie, qui demande à son fils de faire des recherches sur un ancêtres mort mystérieusement ; prétexte à un bilan de vie et un bel accompagnement du fils auprès du père qui n’a pourtant pas été exemplaire… Il y a beaucoup de sincérité et d’amour dans les propos de Thibault de Montaigu. Cœur révèle de beaux dialogues et le pardon en filigrane.
D’un intérêt indéniable sur le plan littéraire, ce texte n’a rien d’un roman. C’est une autobiographie familiale, un déroulé d’une filiation avec ses accidents et ses secrets, dont la révélation apporte un éclairage nouveau sur des comportement parfois étranges.
Je vous le conseille !”
Cœur : extrait
“II y a quelques mois, j’ai été frappé d’apprendre que le père de Hamlet se nommait lui-même Hamlet. Troublante homonymie qui m’a poussé à relire la pièce.
Alors ce texte, que je croyais connaître, m’est apparu sous une lumière nouvelle : si le jeune héros, à la mort de son père, sombre peu à peu dans la folie, ce n’est pas à cause de la douleur du deuil ni de sa soif de vengeance, mais parce que deux Hamlet cohabitent en lui désormais. Ou plutôt : il ne peut être vraiment Hamlet qu’en étant aussi son père.
Voilà pourquoi il erre telle une âme en peine, étranger à lui-même, dans le château d’Elseneur : il est devenu littéralement un spectre. Le double de son père. C’est ce dernier en réalité qui se meut en lui. Le somme d’agir et de restaurer la loi du passé. Mais aucune apparition ne peut jamais revenir à la vie et pour être vraiment Hamlet, pour être pleinement Hamlet, le fils n’a d’autre choix que de mourir aussi…
Peut-être, comme pour le héros de Shakespeare, des voix nous parlent d’outre-tombe mais, dans le tumulte moderne, nous sommes incapables de les entendre. Peut-être des ombres ou des revenants nous apparaissent sans que nous puissions les voir, trop occupés de nous-mêmes. En réalité, nous ne naissons jamais seuls. Et nous ne mourrons jamais seuls. Et nous n’aurons jamais assez d’une vie pour savoir qui étaient ceux, durant ce bref intervalle de temps, qui nous hantaient et murmuraient dans nos songes.”
À propos de l’auteur : Thibault de Montaigu
Thibault de Montaigu est journaliste et écrivain. Diplômé de Sciences-Po (Paris) et du Centre de Formation des Journalistes, il a collaboré à Libération au sein du Service « Culture » et fait aujourd’hui office de rédacteur en chef de la Revue L’Officiel Voyage.
Il a publié plusieurs ouvrages bien accueillis par la critique, parmi lesquels Les anges brûlent en 2003, Un jeune homme triste en 2007 et Les grands gestes la nuit en 2010, pour lequel il a été finaliste du prix Interallié. Son roman Zanzibar a également été finaliste du prix Roger Nimier. Mais c’est avec La Grâce, paru chez Plon en 2020, qu’il connaît la véritable consécration, remportant le Prix de Flore.
Découvrez notre dernier #ConseilLecture : Rose Valland, l’espionne à l’oeuvre