Jean-Philippe, un ami du Courant pour une écologie humaine, a eu envie de partager avec vous son coup de cœur lecture du mois : un roman d’Eric Fottorino, journaliste et écrivain français, paru le 19 août 2021 chez Gallimard : Mohican.
« Il doit croire qu’avec les éoliennes on va vivre dans la laideur. Il a tort. On va juste mourir en beauté »
Extrait du livre Mohican
RÉSUMÉ
Brun va mourir. Il laissera bientôt ses terres à son fils Mo. Mais avant de disparaître, pour éviter la faillite et gommer son image de pollueur, il décide de couvrir ses champs de gigantesques éoliennes. Mo, lui, aime la lenteur des jours, la quiétude des herbages, les horizons préservés. Quand le chantier démarre, un déluge de ferraille et de béton s’abat sur sa ferme. Mo ne supporte pas cette invasion qui défigure les paysages et bouleverse les équilibres entre les hommes, les bêtes et la nature. Dans un Jura rude et majestueux se noue le destin d’une longue lignée de paysans. Aux illusions de la modernité, Mo oppose sa quête d’enracinement. Et l’espoir d’un avenir à visage humain.
Avec Mohican, Éric Fottorino mobilise toute la puissance du roman pour brosser le tableau d’un monde qui ne veut pas mourir.
CE QUE JEAN-PHILIPPE NOUS EN DIT
“Eric Fottorino dépeint à la perfection le malaise actuel du monde paysan – monde si nécessaire à notre société : c’est lui qui entretien nos paysages (et qu’ils sont beaux et diversifiés en France !), en rendant productifs les champs, en ciselant les haies, en rendant accessibles les chemins…
Entre le père et le fils, deux agriculteurs taiseux et amoureux, chacun à sa manière, de leurs terres, l’incompréhension règne.
À travers cette transmission compliquée, c’est l’histoire de nos campagnes qui est racontée. Dès la fin de la seconde guerre mondiale, les paysans subissent des injonctions contradictoires, entre obligations productivistes et lynchage social pour cause d’usage démesuré de pesticides…
À lire !”
EXTRAIT
“Ce matin-là ça barda une fois de plus entre Mo et Brun. Sitôt bu son café, le vieux paysan était monté seul vers les parcelles du haut. C’était le domaine de Mo mais Brun voulait savoir où en était les semis. Quand il lui posait la question, son fils lâchait un soupir agacé. Ne pas labourer une terre entre deux récoltes semblait à Brun le comble de l’hérésie, il n’osait pas dire de la fénéantise. Depuis gamin il avait vu la terre fumer sous le poids de la charrue. Une entaille bien nette et profonde qu’il veillait depuis tout gosse à imprimer au sol. Posté à l’arrière, il empêchait le soc de basculer pendant que son père, badine en main devant les boeufs, s’assurait de la rectitude du sillon. Et voilà maintenant qu’on ne se donnait plus la peine de remuer la terre, de casser les mottes, de déchaumer. C’était les nouvelles idées écologiques. Du travail de sagouin. Il en avait mal au ventre.”