Raphaèle Bernard Bacot, artiste butineuse et auteure de « Jardiniers des villes, portraits croqués sur le vif » (Éditions Rue de l’Échiquier), propose, au rythme des saisons, sa chronique potagère. En cette rentrée 2021, on découvre que citrouilles et potirons ne font pas partie de la même famille !
La récompense des jardiniers à la fin de l’été, c’est bien la récolte des courges et des potirons, autrement dit les cucurbitacées, qui font la gloire de nos potagers et nous rappellent les contes de notre enfance. Leurs tiges coureuses jouent à cache-cache avec les buissons du jardin et réservent de vraies surprises lors des dernières tontes de pelouses. D’origine américaine, ces drôles de légumes nous sont arrivés dans les bagages des explorateurs.
Au fait, comment distinguer une citrouille d’un potiron ? Question de tige ou de pédoncule, vous diront les spécialistes, mais aussi de texture. Alors que le pédoncule du potiron est tendre et cylindrique, et son fruit un peu aplati, de couleur orange à vert foncé, celui de la citrouille est fibreux avec cinq cotés anguleux. La chair de cette dernière est filandreuse et moins sucrée que celle du potiron. La citrouille, très décorative, fait partie des cucurbita pepo ou courge des jardins comme la courgette alors que le potiron fait partie des cucurbita maxima. Ainsi la citrouille régale davantage les yeux tandis que le potiron enchante les papilles. Ce géant mérite bien son nom de cucurbita maxima.
Néanmoins, depuis Cendrillon, les cucurbitacées se sont démultipliées grâce à leur étonnante variabilité génétique. Il en existe plus de mille variétés, ce qui nous fait tourner la tête lorsqu’il s’agit d’en choisir une. Chez les cucurbita moschata, autre variété très en vogue, on apprécie de plus en plus la Butternut ou la sucrine du Berry. Mais entre la Marina di Chioggia au vert surprenant et la grosse Galeuse d’Eysines ou la Musquée de Provence ou du Maroc, l’incroyable trompe d’Albenga, le turban turc ou Giraumont, laquelle choisir ?
Au fait, comment les cultive-t-on ? Dès la fin des gelées, plutôt en mai qu’en avril dans notre région, il suffit de semer en pleine terre sur une terre riche, bien compostée. Si les plantules n’ont pas été grignotées par les limaces, elles pousseront ensuite allègrement sur une terre bien arrosée. Mais la partie la plus délicate reste la fertilisation des fleurs femelles, reconnaissables à leur base renflée. Parfois le passage des abeilles ne suffit pas, il faudra alors s’armer d’un pinceau comme les Chinois pour les fertiliser manuellement.
Mais revenons à Cendrillon. Sa belle citrouille ressemble plus à un potiron, mais notre héroïne n’a pas perdu au change, car une cucurbita maxima vaut bien un carrosse. Tant pis si l’on n’en fait pas un potage, il restera toujours les graines pour faire un beau jardin !