Les populations locales face aux conséquences à long terme des catastrophes nucléaires : les enseignements de Fukushima et de Tchernobyl est un ouvrage portant sur les conséquences des catastrophes nucléaires sur toute une population. Dans cet extrait (p.62) est abordé le thème de la réhabilitation, sujet complexe et saisissant. Comment retrouver sa “vie d’avant” dans un contexte post-accidentel ?
« Du fait de l’extrême complexité des situations post-accidentelles, la société et les institutions ne peuvent pas être “préparées” aux accidents nucléaires et à leurs conséquences dans le sens habituel de la préparation qui consisterait à mettre en place des routines et procédures pouvant temporairement remplacer les systèmes de décision et d’action défaillants, dans le but de permettre un retour à la normale (qui est impossible dans ce cas – NDT).
En effet, dans ces situations, il est primordial de reconnaître que les processus de réhabilitation sont non seulement une question de gestion, de décisions, de normes, de ressources, d’infrastructures et d’expertise mais doivent également s’appuyer fortement sur la capacité des acteurs locaux à reconstruire de nouveaux réseaux, des ressources sociales, des relations de confiance et des schémas de gouvernance. La réhabilitation est, par-dessus tout, le fait des populations. Leur capacité à penser et à agir ensemble est aussi essentielle que leur capacité d’action individuelle.
Dans le processus de réhabilitation, l’autonomie, la résilience, la capacité d’action et la liberté de choix des populations et des communautés sont des éléments essentiels.
La mise en place d’un tel processus sociétal de réhabilitation ne peut être décrétée ni être garantie par la reconstruction de conditions économiques et matérielles favorables. Divers acteurs tels que les autorités publiques, les experts, les ONG, les institutions étrangères peuvent soutenir ou au contraire entraver ce processus sociétal. Les politiques post-accidentelles devraient cependant porter l’accent sur le soutien aux populations locales et aux collectivités qui s’engagent dans cet effort long et coûteux de reconstruire une vie qui soit digne d’être vécue. Dans cette perspective, la mise en place de dispositions pour l’Information et la Participation du Public telles que celles prescrites par la Convention d’Aarhus dans près de 50 pays d’Europe et d’Asie Centrale est une étape importante pour permettre l’engagement de la société civile dans la prise de décision ainsi que dans les phases successives de la gestion de l’accident et du processus de réhabilitation. »