Dans le cadre de la septième soirée du parcours Cap 360° ayant pour thème “créer et transmettre”, Tugdual Derville, co-initiateur du CEH, rappelle que nous sommes héritiers, dépendants et influenceurs de la famille humaine.
Le Courant pour une écologie humaine s’est fondé sur la rencontre entre des personnes, à commencer par les co-initiateurs. Émanent de ces rencontres, de ces partages, une création d’idées nouvelles. C’est une première illustration du thème du soir “créer et transmettre” et de l’année “tous les hommes”.
Nous ne sommes pas des individus autonomes, des créateurs hors sol : nous sommes des héritiers de la famille humaine.
Nous naissons “éponges” ! On dit souvent cela d’un enfant qui se nourrit des diverses informations et émotions qui l’entourent. Cet enfant ne s’est pas fait tout seul et il ne cesse de recevoir. Il lui est progressivement transmis une culture : musique, traditions, rites, auxquels il va pouvoir contribuer.
Deuxième allégorie : la fable « Les Membres et l’Estomac » de Jean de la Fontaine. Dans celle-ci, l’estomac décide de couper les vivres aux membres qui estiment que ce derniers ne travaille pas suffisamment. Rapidement, les bras et les jambes se découvrent impuissants à avancer ; ils découvrent que l’estomac leur a jusqu’alors envoyé l’énergie nécessaire pour ce faire. Cette allégorie du corps nous permet de nous situer nous-même dans un état de dépendance vis-à-vis du reste de la famille humaine, notamment sur des questions liées à la création.
Si je suis artiste ou créateur d’une pensée, d’un projet, d’une organisation, j’ai conscience d’à quel point je suis héritier de ceux qui m’ont précédé. Dans les grands courants artistiques, de découvertes, de pensées, si l’Histoire ne retient que quelque grands noms, la véritable histoire est celle du « flair du peuple », des nombreuses personnes qui réfléchi simultanément sur ces sujets et et par échanges et rebonds successifs, ont pu tracer un chemin.
Les générations se suivent et ne se ressemblent pas. Nous sommes sur une sorte de ligne de créativité pour conduire le monde sur de nouveaux chemins. Nos ancêtres nous ont conduit jusqu’ici ; à nous de conduire l’humanité par d’autres chemins en créant, en réinventant. Dans une société d’individualisme intégral, selon l’expression de Pierre-Yves Gomez, on a tendance à se concevoir comme un individu indépendant. Et pourtant… Demandons-nous ce qui nous influence dans tout ce qui a été créé autour de nous et ce qui influence notre capacité de créer, inventer, construire. On verra que nous sommes dépendants les uns des autres, pas seulement vitalement, pour notre nourriture ou notre énergie, mais aussi pour les idées que nous portons.
Pour mieux s’inscrire dans cette dynamique de créer et transmettre, je nous propose de dessiner ce que nous avons reçu de l’humanité la plus périphérique et la plus lointaine et qui ont changé notre capacité d’agir, notre regard sur les nôtres, notre vie professionnelle, amicale, familiale…
Et nous constaterons que des cultures lointaines ont contribué à nos démarches de création, tant dans nos vies personnelles que professionnelles. Observons ce qui vibre aujourd’hui dans la cuisine que nous créons, les objets que nous fabriquons, les discours que nous tenons : qu’est-ce qui est dû à des personnalités ou cultures lointaines ? Et, pour finir, tâchons de réfléchir à ce que nous transmettons, pour nous concevoir non pas comme une petite fourmi instinctivement inscrite dans sa fourmilière mais comme une personne reliée à d’autres personnes et qui, par capillarit,é est profondément influencée et influençante dans la construction du monde.