La paille est l’un des objets en plastique les plus utilisés dans le monde. Malheureusement, elle participe activement à polluer nos océans et à nuire, parfois gravement, à la faune, avec son triste usage unique. Voilà pourquoi nous devrions bientôt lui dire adieu.
Objectif 2025 : 100% de plastique recyclable
Le 17 août 2015, la France vote une loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV). Cette dernière interdit la vente et la distribution des gobelets, verres et assiettes en plastique au 1er janvier 2020. Les modalités de l’interdiction ont été précisées par le décret du 30 août 2016 : “Seule pourra être vendue ou distribuée gratuitement, en vente à emporter ou en consommation sur place, la vaisselle jetable compostable en compostage domestique et constituée pour tout ou partie de matières biosourcées.”
Dans cet élan, les élus du Conseil de Paris ont voté jeudi 5 juillet 2018 l’interdiction progressive des pailles en plastique au sein des événements et équipements municipaux ; au gré des renouvellements de contrats, la ville n’achètera plus de pailles en plastique à l’exception de celles destinées à des publics pour qui elles sont nécessaires (personnes handicapées, malades, etc.).
La réflexion avance également au niveau de la Commission européenne qui, fin mai, a proposé une série de mesures pour tenter de réduire drastiquement l’utilisation d’objets en plastiques à usage unique : cotons-tiges, couverts, assiettes, tiges de ballons, touillettes de café et mélangeurs de cocktails, pour ne citer qu’eux, sont dans le collimateur.
Parmi les 10 déchets les plus ramassés sur les côtes françaises
Libération a mené l’enquête : « il faut quatre cent cinquante ans pour qu’une paille en plastique se désagrège. On en consomme environ 8,8 millions par jour dans les fast-foods français et, selon Eco-cycle, une association américaine qui sensibilise au recyclage, on estime la consommation des Américains à 500 millions de pailles par jour, de quoi faire deux fois et demie le tour de la planète ou remplir 46 400 bus scolaires de pailles chaque année.
Les pailles finissent sur les plages et dans les océans, le plastique se morcelle et les animaux marins ou oiseaux les confondent avec de la nourriture. Et tout cela nous revient évidemment : ingéré par les animaux, cela finit dans l’estomac de l’humain.»
L’association Bas les pailles fait savoir que les pailles font partie des dix déchets les plus ramassés sur les côtes françaises. D’ici 2050, affirme-t-elle, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans.
Les alternatives émergentes
Conscientes des enjeux, certaines entreprises agissent pour transformer nos habitudes de consommation. Ainsi, le géant des cafés Starbucks a annoncé, lundi 9 juillet 2018, la suppression des pailles en plastique dans ses 28 000 cafés du monde entier d’ici 2020. Elles seront remplacées par des couvercles en polypropylène ayant une couverture et un bec permettant de boire la boisson. Contrairement aux pailles, trop petites, ces couvercles devraient être facilement recyclés. Les clients pourront toujours demander une paille mais elle ne leur sera plus donnée automatiquement : la chaîne estime qu’elle économisera ainsi un milliard de pailles par an.
Autre alternative : celle des pailles en papier de McDonald’s. Au Royaume-Uni, la chaîne de fast-food a commencé à bannir les pailles de ses 1.300 restaurants en mars dernier, avant d’adopter des pailles en papier à partir de mai. En France, dès la rentrée, l’enseigne prévoit de tester des alternatives au plastique pour certains de ses restaurants. Mais le coût de cette paille sera plus élevée, cinq à dix fois plus chères selon le fournisseur…
Existe également la paille en amidon de maïs, biodégradables et compostables, innovées par huit élèves de seconde d’un lycée strasbourgeois. Leur invention se nomme PopStraw, “pop” en référence au popcorn, dont l’ingrédient principal est le maïs, et “straw” qui signifie paille en anglais. Leur mot d’ordre ? Pour que des pailles intelligentes ne soient pas la mer à boire… Leur paille demande entre six à neuf mois pour se désagréger dans la nature, un vrai gain de temps comparé aux pailles actuelles.
À notre échelle personnelle, en ce qui concerne les pailles, sans doute le plus simple reste-t-il de s’en passer purement et simplement. Quant au plastique à usage unique, tâchons de le bannir également de nos vies, en s’inspirant des idées pratiquo-pratiques du zéro déchet. De multiples bénéfices devraient en découler, tant pour notre biosphère que pour votre porte-monnaie !