Ce mois-ci, la maison des bouquins vous propose de découvrir le premier roman de Marcel Amont, Adieu la belle Marguerite, paru aux éditions Cairn en octobre 2021.
Un ravissant petit roman à l’écriture élégante, bon sang comme cela fait du bien !
Anne
Adieu la belle Marguerite : l’histoire
Jean-Bernard Cazamayou a été élevé par ses grands-parents, bergers-cultivateurs de la vallée d’Aspe dans le Haut Béarn, et par Romélie sa mère célibataire. Les enfants sont cruels et le gamin, souvent traité de bâtard, forge son caractère. Il passe son brevet élémentaire et poursuivra ses études à Bordeaux.
Son grand-père guide tous les ans le vicomte de Montfort de Tressac quand il vient chasser et pêcher en montagne ; ils sont devenus proches. Ghyslaine, la plus jeune de ses trois enfants, est aussi belle que rebelle ; Jean-Bernard en tombe en secret fou amoureux ; il fait tout pour briller aux yeux de cette inaccessible princesse tout en gagnant sa vie comme aide-mécanicien, sur le terrain d’aviation de Teynac (futur Mérignac).
Devenu pilote de chasse, il participera à la guerre de 40 ; abattu, il s’évade. Après avoir rejoint la RAF en Angleterre où il retrouve Ghyslaine, il est à nouveau abattu au cours d’une mission et se cache à Bordeaux avant de regagner l’Angleterre par la vallée d’Aspe et l’Espagne et de reprendre le combat.
Adieu la belle Marguerite : l’avis des lecteurs
Une histoire belle et entraînante qui, malgré le contexte, fait rêver et émeut. La narration est originale, avec une plume qui sonne, chantante et un poil rétro (collant donc parfaitement avec l’époque et le lieu de l’histoire).
Et cette fois, ce n’est pas la bergère qui épouse le prince mais le berger qui épouse la princesse ! Sans doute faut-il bien voir que le jeune “bastard” des montagnes est brillant, passionné par l’aviation et que les circonstances de la vie lui permettront d’en faire son métier moyennant un dur labeur. Et si la demande en mariage qu’il fait au père de la jeune fille est balayée de façon lapidaire, Jean-Bernard, notre berger-aviateur, ne va pas s’en laisser conter !
Adieu la belle Marguerite : un extrait
“En cette matinée de la mi-avril 1940, les Curtis rentrent au bercail, tout en surveillant les airs entre Saint-Avold et la Sarre, en altitude moyenne.
Au-dessus d’eux, quelques kilomètres en arrière, dans un grand trou au milieu des nuages, une quinzaine de bombardiers allemands Dornier 17 en queue leu leu…
“On y va !” Même si la voix était encore plus déformée par le laryngophone, l’ordre est donné sur un ton reconnaissable entre mille : cap’tain’ Lambro !
Qui d’autre pourrait criser “Sus !” d’une façon aussi jubilatoire…
Les Do 17 après un raid chez nous, eux aussi retour au bercail en sens inverse.
Leur surprise est totale : un bombardier chavire, se met sur le dos ; un autre explose en l’air éparpillant ses débris de moteur et de fuselage ; le suivant n’a pas le temps de l’éviter, deux puis trois parachutes s’ouvrent, l’avion abandonné fait une abattée et descend vers le sol en spiralant suivi d’un panache de fumée.
Le nouveau sous-lieutenant Cazamayou, en se donnant du manche à gauche a le temps d’apercevoir une corolle de parachute disparaître dans un gros cumulus, tel un sucre englouti dans une jatte de lait…
Mais, il fallait bien s’y attendre, voici les Messerschmitt 110 de l’escorte. La configuration des nuages a servi les avions français et, comme les carabiniers, les avions allemands sont arrivés un poil en retard.
Ils ont surgi, les six patrouilles de trois avions chacune, faisant comme un grand V, dix-huit requins à croix noires prêts à faire payer la casse au prix fort.
Les Curtis ne sont que dix. Moins puissants en armement et en vitesse, mais plus maniables, capables d’initiatives individuelles déroutantes, ils s’apprêtent plutôt à jouer Horace face aux Curiace dans le guêpier tournoyant, ou de trouver le salut dans la fuite.
Aux prises avec quatre Me 110, Caza fait hurler son moteur, triture manche et palonniers, prêt à mitrailler tout ce qui bougerait devant son collimateur.
Les oreilles qui bourdonnent, le cœur au bord des lèvres, les yeux qui piquent, il serre, serre un virage et déclenche une vrille.
Il se retrouve 3000 mètres plus bas, juste au-dessus de la couche.
Le temps d’inspecter le ciel autour de lui, deux Me, venant légèrement de dessous et en face, lui envoient des giclées de balles, soulèvent de petites gerbes de peinture, dénudant l’aluminium de ses ailes aux points d’impact, quelque chose fume dans son moteur.
Il plonge à travers les nuages, pique à mort vers la planète.
Il ne rentrera pas vers Suippes le soleil dans le dos, avec son moteur qui proteste. Il essayera de se poser sur un terrain moins loin, à la rigueur dans un champ.”
Adieu la belle Marguerite : l’auteur
Ce roman est le premier de Marcel Amont. Ce dernier est chanteur avant d’être auteur. Né en 1929 à Bordeaux, il connaît un certain succès durant les années 60. Il est considéré, avec Line Renaud et Hugues Aufray, comme l’un des derniers grands représentants du music-hall en France.
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