Gilles Hériard Dubreuil, co-initiateur du Courant pour une écologie humaine, a longuement étudié Laudato Si‘, seconde encyclique du pape François, publiée en juin 2015, texte consacré aux questions environnementales et sociales qui touchent l’ensemble de l’humanité. Il en tire des réflexions denses et stratégiques synthétisées dans un livre paru aux éditions Téqui : “Agir ensemble pour sauvegarder la Terre“.
"Direct et dense ; éclairant et stimulant ! Cet ouvrage propose de quoi nourrir notre réflexion, nos engagements, avec d'autres, pour devenir acteurs du monde d'aujourd'hui et de demain."
Qu’est-ce qui a déclenché en vous le désir d’écrire ce livre ?
Gilles Hériard Dubreuil : “En lisant plusieurs texte de François depuis son élection, j’ai été frappé par ses propositions stratégiques que j’ai trouvé très innovantes. J’y ai trouvé de nombreux échos avec les réflexions que nous avons mené au sein du Courant pour une écologie humaine. Il m’a semblé que ces propositions n’étaient pas nécessairement comprises. J’ai eu envie de proposer une relecture transversale de différents textes du pape François pour mettre en valeur quelques aspects qui me semblent particulièrement cruciaux dans la période de transition que l’humanité vit aujourd’hui.”
Extraits
“La conclusion de la conférence de Paris sur le climat, le 12 décembre 2015, affichait une “photo de famille” planétaire de 197 chefs d’État qui semblait apporter la promesse d’une prise en charge responsable et solidaire des enjeux de réchauffement climatique par les principaux gouvernements de la planète. Les déclarations officielles mettaient l’accent sur l’issue heureuse de cette conférence avec la perspective de la signature d’un traité international. Mais tout en faisant bonne figure, les pays signataires réalisaient avec effroi que, si chacun des pays réalisait les promesses annoncées, il ne serait pas possible d’endiguer les menaces de réchauffement. Il faudrait plusieurs planètes comme la Terre pour héberger les projets cumulés de développement des pays signataires de cet accord.
[…]
L’appel du pape à la sauvegarde de la maison commune s’apparente à une logique que l’on pourrait qualifier d’écologie profonde, en ce sens qu’elle ne se limite pas à une tentative de contenir ou de prévenir les effets de nos modes actuels de développement. Elle s’attache à remettre en cause les racines profondes de cette situation. Celles-ci se situent pour François dans les caractéristiques intrinsèques de notre modèle de développement. Par “écologie profonde”, nous entendons ici non pas la vision caricaturale d’une écologie qui viserait à “protéger la nature contre l’homme”, mais bien au contraire celle d’une écologie humaine qui porte en elle l’exigence d’une profonde transformation du rapport de l’homme à la nature.
[…]
Le pape fait état de “l’influence de la culture actuelle mondialisée qui, même en nous présentant des valeurs et de nouvelles possibilités, peut aussi nous limiter et nous conditionner jusqu’à nous rendre malade.”
Gilles Hériard Dubreuil : Agir ensemble pour sauvegarder la Terre : les propositions révolutionnaires du pape François, ed. Pierre Téqui, mai 2018