Lors de la première soirée de form’action Cap 360° 2016/2017, mercredi 12 octobre 2016, Gilles Hériard Dubreuil, co-initiateur du Courant pour une écologie humaine, insiste sur l’importance de l’anthropologie.
Gilles Hériard Dubreuil : “L’anthropologie a une importance capitale. Chaque soirée du parcours Cap 360° vont nous permettre d’approfondir cette anthropologie. Deux avantages à cela : rentrer dans notre humanité et adopter rapidement une posture d’action concrète.
Nous sommes dans un monde où les sollicitations sont nombreuses : nous avons nos activités, des projets personnels et sociétaux (les prochaines élections, par exemple). L’anthropologie développée lors de la form’action est un formidable outil au service de chacun d’entre nous pour évaluer ces actions et ces propositions.
Un jour que je discutais avec un groupe, une personne s’est mise à parler des robots en des termes très enthousiastes : “C’est formidable : les robots vont être de plus en plus nombreux. ils vont pouvoir accompagner les personnes âgées. En plus, on se rend compte que les personnes âgées peuvent aimer les robots !”
Cela provoque un vrai malaise. Quelque chose de tourne pas rond : comment peut-on espérer faire garder des personnes âgées par des robots et s’en féliciter ? Il faut retourner aux sources, à l’anthropologie. Cela fait prendre conscience de ce qu’est notre vision de l’Homme. L’Homme est un être de relation. On ne peut pas remplacer la relation avec un autre être humain par celle avec un robot ! On ne peut pas penser l’humain de façon individuelle, indépendamment de tous les autres humains. Il s’agit de SE RELIER.
Autre exemple : la société de loisirs. Est-ce cela, la finalité de l’Homme ? Non. L’Homme est fait pour le travail. Travail qui est à la fois source d’un engagement et d’un dépassement de soi. Par-là même, à travers ces deux dimensions de contrainte et de dépassement, il est humanisant (source : le travail invisible de Pierre-Yves Gomez).
Tugdual Derville résume cette anthropologie par trois dimensions : un temps compté, un corps sexué et une mort inéluctable. Le temps compté est l’espace dans lequel nous devons nous déployer, en particulier à travers le travail. Donc, le loisir et le repos sont nécessaires à l’Homme, mais ça ne peut pas être la finalité d’une société.
Parfois nous appelons les agriculteurs des “exploitants agricoles”. Or ces derniers ne souhaitent pas qu’on les appelle ainsi. “Ce n’est pas ainsi que nous concevons notre relation à notre terre. La terre, nous la gardons, nous la cultivons. Nous construisons avec elle une relation d’échanges, dans l’objectif de nous nourrir, mais également de transmettre.” Il s’agit de S’ENRACINER.
Dernier exemple : le transhumanisme, l’homme augmenté. Cette proposition, de prime abord, a l’air assez alléchante. D’où l’importance de l’anthropologie pour évaluer cette proposition. Et je retourne à la transcendance nécessaire de l’Homme. L’Homme ne se laisse pas enfermer dans un projet humain, un projet proposé par d’autres Hommes. Chaque Homme a son mystère propre. Il n’est pas possible de le laisser prendre en main, transformer par une technique animée par une volonté de puissance. Il s’agit de SE SITUER.
Entrer dans la form’action du Courant pour une écologie humaine, c’est réfléchir à une vision de l’Homme, avec ses dimensions physique, psychique, intellectuelle et spirituelle. C’est réfléchir à l’humanité, à ses relations, à ses enracinements. Et à travers cela, progressivement, créer des relations qui vont nous permettre de nous mettre en chemin, de trouver les bons itinéraires pour transformer cette société. Car c’est bien cela la vocation du Courant pour une écologie humaine : être au service de ceux qui vont transformer cette société.”