Atelier Unes : une marque de mode écoresponsable

22 Nov, 2020 | CONSOMMATION, ENVIRONNEMENT

Atelier Unes est une start-up française qui propose de co-construire sa collection textile avec les consommateurs pour produire des vêtements en préservant des valeurs sociales, éthiques  et responsables.

Interview de Violette, styliste-modéliste et Matthieu, ingénieur, fondateurs de Atelier Unes.

Un état des lieux alarmant

Depuis plusieurs années, l’impact écologique de la mode est pointé du doigt par les associations et les pouvoirs publics. L’agence de la transition écologique (ADEME) note que 624 000 tonnes de textiles sont mises sur le marché Français chaque année, soit environ 9.5 kg par habitant. 85 % des matières premières et 92 % de l’eau nécessaires à la fabrication de ces habits proviennent de régions hors Europe.

À l’échelle mondiale, l’industrie de la mode est à l’origine de 20 % des eaux usées et utilise plus de 4 % de l’eau potable extraite par l’homme. Il faut l’équivalent en litres de 70 douches pour fabriquer un tee-shirt et plus de 285 pour concevoir un jean. 

L’industrie textile est également le second plus gros pollueur de notre temps. Responsable de 10 % des émissions de carbone, elle rejetterait plus de CO2 dans l’atmosphère que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. À cela s’ajoute l’impact des teintures sur les milieux aquatiques qui serait, selon la Fondation Ellen MacArthur, la seconde source de contamination des eaux à l’échelle planétaire.

Outre la pollution (de l’air et de l’eau) liée à la fabrication, l’industrie textile génère également une quantité faramineuse de déchets. Chaque année, ce sont environ 3.2 millions de tonnes de textile qui sont jetés avec les ordures ménagères pour à peine 0.4 millions de tonnes recyclés (moins de 10 % des déchets textiles totaux). Il est donc temps de réfléchir à des alternatives écologiques et durables à la fast fashion, pour mieux prendre soin de notre maison commune.

Des solutions encourageantes

De nombreuses discussions sont actuellement en cours en vue de réduire l’impact environnemental de l’industrie textile : proposition de taxes sur les déchets émis, encadrement des chaînes de production, adoption d’une législation plus contraignante sur les émissions polluantes… 

La dernière en date est la mise en place d’une notation des textiles à l’image du nutri-score pour les denrées alimentaires. L’idée serait d’attribuer une lettre (de A à E) à chaque vêtement fabriqué selon son impact sur l’environnement, en considérant neuf critères : 

  • les émissions de gaz à effet de serre 
  • la toxicité aquatique
  • la consommation en eau pour la fabrication
  • l’épuisement des ressources minérales 
  • l’impact sur les ressources énergétiques 
  • l’acidité de l’eau 
  • la pollution photochimique (formation d’ozone, d’oxyde d’azote et d’autres composants oxydants)
  • l’eutrophisation (augmentation de la quantité d’azote et de phosphore dans les milieux aquatiques)
  • l’impact sur la biodiversité

Soutenu depuis de nombreuses années par l’ADEME et mis en place par quelques enseignes, à l’image de Décathlon ou Okaïdi, ce projet a officiellement été intégré dans la loi Anti-Gaspillage publiée le 30 Janvier 2020 par le Ministère de la Transition Écologique. 

Ces initiatives montrent à quel point les consommateurs et les pouvoirs publics sont à la recherche de solutions pour réduire l’impact de l’industrie textile et expliquent l’apparition de nouvelles marques vestimentaires plus éco-responsables. 

Atelier Unes : se vêtir éthique

Après une courte expérience dans des ateliers français de marques de luxe, Violette prend conscience des dérives de l’industrie textile et souhaite lancer ses propres collections éthiques. C’est alors qu’elle rencontre Matthieu, employé dans une start-up Digital, tout aussi volontaire qu’elle pour s’impliquer dans un projet d’économie sociale et solidaire. Ils décident de quitter leurs emplois respectifs pour créer en 2018 Atelier Unes, une marque de prêt-à-porter sociale et éthique.

Pour lutter contre la fast fashion et la mode jetable, cette dernière propose des campagnes de sondages en vue de définir les exigences des consommateurs concernant les prochains articles que la start-up pourrait commercialiser. 

À titre d’exemple, deux sondages sont actuellement en cours sur le site Internet de Ateliers Une

  • Un premier permet aux consommateurs de partager avec la start-up les caractéristiques du « bon pull en laine recyclé ». Forme, type d’encolure, longueur, design, coloris, prix idéal… toutes les caractéristiques sont analysées en vue de définir « le pull idéal » du consommateur. 
  • Une seconde campagne permet aux utilisatrices de sélectionner le ou les prochain(s) produit(s) que Atelier Unes développera : un manteau long, une combi en lin, des escarpins… 

Une fois les sondages finalisés et les campagnes jugées concluantes (c’est-à-dire ayant motivé un nombre suffisant de participants), les articles sont designés par Violette en partenariat avec des associations françaises de réinsertion. 

Ils sont ensuite ouverts à financement via une campagne de financement participatif, généralement publiée sur la plateforme Ulule.

La nouveauté 2020 : les collants recyclables et consignés

En 2020, la start-up s’est concentrée sur une gamme de collants recyclés et consignés qui a vu le jour suite à un sondage sur la plateforme Internet de Atelier Unes. Plus de 20 000 consommateurs ont listé les caractéristiques définissant le « collant idéal », tant sur le design que sur l’ergonomie ou l’obsolescence du produit. 

Après analyse des résultats, Atelier Unes a travaillé pendant 8 mois pour proposer un collant le plus en accord possible avec ces remontées. La gamme qui en a résulté est faite à partir d’un fil de nylon Q-NOVA issu de chutes de nylon de production, initialement jetées. La teinture est faite sans métaux lourds et respecte la norme HIGG, l’une des plus strictes dans le domaine. Enfin, la fabrication est laissée à une entreprise familiale italienne spécialisée dans la fabrication de collants depuis plus de 50 ans.

Toutes ces avancées ont permis à Atelier Unes de proposer des collants durables et surtout responsables. La start-up estime une réduction de 40 % des besoins en eau et de 50 % des émissions en CO2 par rapport à des collants « standards ». 

Pour ce qui est de l’obsolescence et des déchets, Atelier Unes propose de consigner les collants pour assurer au mieux leur recyclage. En d’autres termes, le prix de chaque collant est majoré de 2€. Cette caution sera restituée au consommateur une fois que ce dernier aura renvoyé l’article usagé. 

Cette démarche permet à la start-up de maîtriser la boucle de recyclage de ses produits et surtout de re-valoriser les déchets générés. 

Et pour ce point, la start-up ne manque pas d’idées innovantes. Elle envisage par exemple de recycler les collants usagés en élastiques pour sa gamme de chouchous ! 

Les résultats semblent plus que concluants puisqu’en un jour de collecte, l’entreprise a réussi à faire plus de 950 pré-commandes sur un objectif initial de 100 ! 

Ateliers Une : adapter sa production

La plateforme ne propose qu’un nombre limité d’articles et ne dispose que de très peu de stocks. 4 articles pour le Pantalon Zéphyr, 18 pour la Robe Écume, 29 pour la Robe Moana… les consommateurs peuvent directement consulter le suivi des stocks sur la plateforme et commander en conséquence. 

Par ailleurs, la marque travaille uniquement avec des matières premières responsables, issues – dans la mesure du possible – de circuits de re-valorisation ou de recyclage. Cela leur permet notamment de réduire les ressources en eau nécessaires à la réalisation des articles. 

La structure attache une importance particulière à travailler avec des associations locales et des entreprises responsables à l’image de la Collanterie familiale italienne d’Alessandro, spécialisée dans la confection de collants depuis plus de 50 ans. Ateliers Une s’assure ainsi des bonnes conditions de travail des employés et maîtrise l’impact de la sous-traitance sur la planète. 

Cette démarche semble porter ses fruits puisque en moins de deux ans d’existence, 60 000 personnes ont pris part aux sondages réalisés par la plateforme Internet. Une façon intelligente de privilégier la qualité à la quantité et de répondre effectivement aux besoins réels des personnes.


Sources :

Je soutiens le Courant pour une écologie humaine

 Générateur d’espérance