“Axe Majeur” à Cergy – Cahier d’Hervé Dupont
L’artiste israélien Dani Karavan a produit un parcours, l’ “Axe Majeur” de plus de trois kilomètres autour du belvédère de Cergy-Pontoise. Ce faisant, il a magnifié le site exceptionnel sur lequel on peut apercevoir au loin Paris, la Défense, et la forêt de Saint Germain. Son oeuvre est unique et reconnue dans le monde pour sa grande qualité.
En quoi est-ce une oeuvre de bienveillance, me direz-vous? Dans le quartier, tous expriment leur fierté d’avoir dans leur ville cette oeuvre unique au monde. L’intervention, ambitieuse, de très grande qualité artistique et proche des habitants a rendu dignité et estime de soi à une population qui vit mal le regard des autres, et notamment des médias, sur le quartier.
Il y a plusieurs autres aspects dont les habitants du quartier allant de Cergy Saint-Christophe à Cergy-Pontoise sont largement bénéficiaires. D’abord les conceptions fortes et lisibles de l’artiste collent au site et à ses atouts, et elles sont conçues avec une grande attention aux pratiques des habitants. L’oeuvre invite aussi au partage: elle n’est pas sacralisée et les “spectateurs” sont invités à partager et à inventer les usages qu’ils peuvent avoir vis à vis d’elle. Rapidement apprivoisée, elle est devenue un lieu privilégié de jeux, de promenades, de fêtes pour tous les quartiers de l’agglomération.
Cette intervention a ceci de particulier qu’elle rappelle que nous ne devons pas nous préoccuper uniquement de l’utilitaire pour une population pauvre: le besoin du beau est profondément humain et n’est pas réservé aux classes sociales les plus aisées. En l’occurrence, il renforce la conscience et la reconnaissance de la dignité, et l’estime de soi.
D’autres exemples de ce type existent, et leur diffusion contribue à l’avènement d’une autre manière de penser et de construire la ville.