Myriam, Directrice de Villages du Monde pour Enfants, propose de rafraîchir notre regard sur le cadeau de Noël. C’est un moment où, en général, en Occident, nous avons la chance de pouvoir donner ET recevoir. Aux Philippines, cet équilibre est parfois plus difficile à atteindre. Et si l’histoire des jeunes filles décrite dans cet article nous aidait à faire preuve de plus d’humilité et de gratitude vis-à-vis de la réception d’un cadeau ?
ACCEPTER DE RECEVOIR POUR SORTIR DE L’EXTRÊME PAUVRETÉ
Aux Philippines, 12 000 enfants, essentiellement des adolescents, se forment sur un métier pour sortir de l’extrême pauvreté. La majorité viennent de bidonvilles, parfois construits à même la décharge.
Cette formation, les 3 repas fournis par jour , les vêtements qu’ils portent, leur hébergement… tout cela est entièrement pris en charge. C’est un cadeau offert par des personnes qu’ils ne connaissent pas. Ils sont adolescents et acceptent cette opportunité avec une immense reconnaissance, mais aussi dans une totale humilité car ils savent qu’ils ne pourront rien donner en retour aux donateurs. À 11 ans, ils ont une conscience tellement aiguë de leur situation que leur unique projet est de travailler du mieux possible à l’école afin d’obtenir un travail, et permettre ainsi à toute leur famille de sortir de la pauvreté.
NOËL : VIVRE UN MOMENT D’ENFANCE
Noël approche. L’idée même d’un cadeau de Noël est exclue quand on vient d’un bidonville. Et si cadeau il y a, c’est du réutilisé, jamais du neuf. Or, ces enfants accueillis dans le centre vont eux aussi recevoir un cadeau et vivre un moment d’enfance.
Toute une chaîne s’est mise en place, avec un seul désir, au-delà de l’opportunité éducative offerte : donner de la joie et permettre d’oublier progressivement les stigmates de l’extrême pauvreté.
Rien d’extraordinaire dans ce cadeau : une paire de chaussette neuve, un chemisier, quelques petits chocolats, des crayons de couleur, le tout enveloppé dans un beau papier cadeau spécial Noël. Accroché à ce paquet, une petite carte avec un mot d’un donateur de France qui espère faire rayonner un sourire sur un visage d’enfant.
En parallèle, au village pour Enfants de Biga, une équipe de religieuses “Sœurs de Marie” s’activent : elles ont décidé de réduire leur temps de sommeil d’une heure chaque jour pendant un mois pour envelopper 3500 paquets. Rien de mieux qu’un peu de papier cadeau pour susciter joie et d’émerveillement !
RECEVOIR DANS LA JOIE
C’est le jour J, c’est Noël ! Un grand repas de fête et ce cadeau qui arrive dans les mains de Jenifer. Retour en pure enfance un instant, car, comme tous les enfants du monde, déballer un cadeau reste un moment fort. Surprise, hurlement de joie… et puis au bout de quelques instants, Jenifer s’effondre, pleure. En hoquetant, elle explique : « C’est la première fois de ma vie que je reçois un cadeau de Noël. Je pleure de joie. ».
Dans les jours qui suivent, l’étiquette-cadeau avec le petit mot et la signature sont conservés précieusement, utilisés comme marque-page ou collés dans un journal intime en souvenir de ce moment fort. Le papier cadeau sera conservé aussi et réutilisé pour couvrir les livres scolaires. Une belle manière de garder la trace de ce cadeau qui était jusqu’à présent inimaginable.
APPRENDRE À RECEVOIR
Recevoir est-il facile ? Si donner est souvent un acte de générosité, recevoir, et particulièrement quand tout dépend d’autrui – sans retour possible – peut être un acte complexe. Le cadeau est chargée de symboliques multiples.
Tugdual Derville, co-initiateur du Courant pour une écologie humaine, s’exprime ainsi à ce sujet : “Apprendre à recevoir… recevoir, c’est se déposséder de sa superbe, de son illusion d’autonomie, de sa toute puissance. Cela commence par se réjouir d’un cadeau que l’on n’a pas choisi sans se précipiter sur Internet illico pour le revendre. Ou par accueillir un geste de tendresse inattendu sans se rétracter. Ou encore par accepter un compliment en toute simplicité. C’est écouter un conseil, voire une petite leçon comme un cadeau. C’est se laisser aider… Certaines personnes sont tellement dans la générosité, dans l’aide, qu’elles ne tolèrent plus la moindre réciprocité. Ca n’est pas juste !
Consentir à recevoir nécessite parfois d’oser dire ses désirs et ses besoins… Demander, c’est aussi quelque chose qui réclame de l’humilité.
Bref… à la prochaine occasion, laissons-nous… aimer !”
VILLAGES DU MONDE POUR ENFANTS
La mission première de Villages du Monde pour Enfants est de permettre aux enfants les plus pauvres d’accéder à une éducation, éducation au sens large : scolaritéet apprentissage d’un métier. Les enfants sont amenés à participer à toutes les tâches de la vie en communauté, à exercer une activité physique ou artistique telle que la musique, la danse… Nourris, logés, habillés, ils reçoivent des cadeaux en particulier à leur fête d’anniversaire – le 15 août, date commune pour tous – et à Noël. 20 000 enfants issus de l’extrême pauvreté recevront ainsi leur cadeau à Noël.