Bleu, Blanc, Rose : croquons le radis à pleines dents ! #Chroniquepotagère

1 Avr, 2021 | Non classé

Raphaèle Bernard Bacot, artiste butineuse et auteure de « Jardiniers des villes, portraits croqués sur le vif » (Éditions Rue de l’Échiquier), propose, au rythme des saisons, sa chronique potagère. À l’honneur en ce mois d’avril : le radis !

Quand les beaux jours reviennent, on raffole de leur bouille ronde et rose. Car en cette période de transition entre les légumes de garde d’hiver et les premières pousses de plein air, on les déguste avec autant de plaisir que le printemps lui-même. Et nul besoin d’être patriotique pour savourer la fraîcheur de notre radis dit « national » qui se cueille tôt le matin, comme les herbes aromatiques.

Savez-vous que le radis ne fait pas partie des légumes racines ?
Connu depuis l’antiquité, il fait partie des brassicacée comme la moutarde, la roquette, le cresson ou le chou. On retrouve sa trace dans les écrits d’Olivier de Serres vers 1600, lorsqu’il invite à « semer toutes les lunes durant six mois [pour avoir] tous les jours de nouveaux et tendres raiforts (radis) ». L’agronome évoque vraisemblablement la culture du radis « de tous les mois ». Mais attention ! Le semis de ce dernier a plus de chance de réussir si l’on attend le mois d’avril, tandis que  les radis hâtifs se sèment dès le mois de mars.

Au début du XXème siècle, le catalogue Vilmorin proposait une quarantaine de petits radis dont le « national ». Mais il faut attendre 1838, pour que les établissements Fabre de Metz proposent le radis rose demi long, encore maintenant dans le catalogue officiel. Ainsi, il y en avait pour tous les goûts !

Au Nord, en région parisienne, et dans l’ouest, on préfère le radis sans bout blanc alors qu’au sud, on aime davantage le radis bicolore. C’est ainsi que se déploie la palette maraîchère, aussi chatoyante que celle des vernis à ongles, avec toutes sortes de variétés allant du Rond rose à bout blanc au Rond écarlate en passant par le demi long écarlate à bout blanc.

Qui a dit que la culture du radis est un jeu d’enfant ?
Si sa croissance rapide convient bien à l’impatience enfantine, l’éclaircissage, en revanche, exige patience et minutie. Il consiste à retirer quelques pousses pour laisser plus de place aux autres et leurs donner la chance de s’épanouir. En effet, semer ces minuscules graines sans semoir peut s’avérer délicat car on a souvent la main lourde à moins de le mélanger avec du sable ou du marc de café. Quant aux fameux dix-huit jours, la promesse est alléchante mais trompeuse car il faut compter en réalité une semaine de plus. Enfin, pour éviter qu’ils ne deviennent piquants, mieux vaut les arroser régulièrement et ne pas tarder à les cueillir. Le plus important reste donc de maintenir la terre humide et biner de temps en temps pour permettre à l’eau de bien s’écouler.

Alors, ne nous privons pas de radis, pour croquer la vie en rose, surtout en ce moment !


Raphaèle Bernard-Bacot, auteure de « Jardiniers des villes, portraits croqués sur le vif » Éditions Rue de l’Échiquier

site : www.rbernardbacot.com

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