Compost : trucs et astuces

23 Mar, 2021 | CONSOMMATION, ÉDUCATION & ENSEIGNEMENT, NATURE & ENVIRONNEMENT

Jérôme Bernard est ingénieur agronome, consultant en agro-écologie, concepteur de permaculture, médiateur et coach professionnel. Il est également responsable de la micro-ferme “Les prodiges de l’humus”, ce qui lui permet de partager son expérience sur la mise en compost de fruits et légumes. À découvrir !

Contexte : la micro-ferme “Les prodiges de l’humus”

La micro-ferme “Les prodiges de l’humus” est composée de 2 500 m2 de terrain. Elle a 70 poules pondeuses en agriculture biologique (≃ 20,000 œufs / an) sur 300 m2 de forêt-jardin, incluant 25 arbres canopée, 80 arbustes fruits rouges diversifiés et 40 pieds de vignes “raisin de table”. La ferme possède également 500 mètres linéaires de buttes permanentes de culture avec 52 végétaux en production dont 25 espèces de plantes Aromatiques et Médicinales (PAM) dont la production est estimée à 4 tonnes en 2021.

Compost : quelques mots d’introduction

L’agronomie est la science de l’adaptation. Il y a trois constantes incontournables : la qualité de l’observation, la puissance des saisonnalités (et donc de notre rapport au temps), l’incertitude des aléas. 

Sur notre micro-ferme, réussir le compostage exige un travail rigoureux de mélange entre plusieurs sources organiques : fumier de poules et « ressources » des fruits et légumes invendus en magasin. Il est important d’insister sur ce terme de « ressources ». En permaculture comme en économie circulaire, la notion de déchets n’existe pas. Parler de « déchets » constitue une paresse intellectuelle en même temps qu’une incapacité à comprendre que toute matière organique est un outil précurseur indispensable pour fabriquer de la matière minérale, si essentielle pour la croissance de tous les végétaux. Nous devons veiller à incarner dans nos attitudes et dans nos méthodes de travail une vision de la vie fondée sur les valeurs holistique, circulaire et de régénération. C’est par ces comportements que nous amplifions l’exemplarité, la reconnaissance des clients et la force d’attraction de notre Micro-Ferme au travers l’agglomération de Poitiers.

Trois points de vigilance essentiels :

  1. Le retraitement des ressources organiques – fruits et légumes – dans la mise en compostage,
  2. La compréhension des mécanismes du compostage pour réussir la transformation en bon compost,
  3. Le respect de la « marche en avant » de la zone de compostage. 

1. Retraitement des ressources organiques

Les ressources de fruits et légumes en vue de la fabrication de compost doivent être retraitées pour faciliter l’accélération des mécanismes de la décomposition organique. Déposer dans la zone de compost des ressources brutes sans retraitement conduit à multiplier par 3 leur temps de décomposition… et à diviser par 2 leur valeur minérale ! Or, nous constatons que cette situation est assez généralisée. 

Nous appelons à une prise de conscience pour que le travail de fertilisation de la zone de maraîchage puisse se réaliser dans des conditions optimales. Il se trouve que la peau des fruits et légumes est souvent une zone de résistance importante pour la dégradation organique. Nous recommandons donc de réaliser les opérations suivantes pour les principaux fruits et légumes :

  • Tous les agrumes : les couper en 2 au minimum. Leur peau est une barrière très puissante contre la dégradation.
  • Les bananes : les séparer individuellement et les couper en 2 dans le sens de la longueur.
  • Les courges : les couper au moins en 4. Leur peau épaisse est un obstacle majeur à la dégradation.
  • Les pommes et pommes de terre : si le diamètre est supérieur à 5cm environ, les couper en 2. 

2. Mécanisme du compostage

Pour réaliser un bon compost, il faut quatre éléments essentiels : de la matière azotée (les ressources fruits et légumes), de l’eau, de l’oxygène (= opération de retournement) et surtout du carbone (carton ou paille pour la microferme). 

Il faut être très précis : au minimum 10 fois plus de carbone que d’azote. Cela signifie que lorsque nous mettons en compostage 1 kg de ressources fruits et légumes, il faut mettre impérativement au minimum 10 kg de carton ! 

Et de plus … 

  • Il faut vraiment du carton uniquement (pas de plastique ou d’adhésifs collants),
  • Il faut des cartons coupés/déchirés grossièrement de 30/40cm de diamètre maximum, 
  • Il faut éviter à tout prix les cartons avec des encres de synthèse. 

Une chose très simple à bien retenir : 99% des cartons de la centrale LCB sont compatibles avec le compostage. Et bien d’autres fournisseurs encore sont pourvoyeurs de cette noble matière que constitue le carbone – fibre de bois décompactée pour le carton. Il faut donc initier un stockage de ce carton et le pré-couper un minimum soit au moment de la mise en rayon, soit lors du stockage.

Dans la zone de compostage, il faut aussi être bien attentif à faire des couches successives alternatives : une couche carton, une couche ressources fruits et légumes. 

C’est à ces conditions seulement que la production de compost pourra être optimisée, qualitativement et quantitativement.

3. La “Marche avant”

En termes d’emplacement, la zone de compost est découpée en 4 zones non identifiées physiquement, mais qui permettent de faciliter et de minimiser les temps de retournement du compost. Ainsi, les dépôts de ressources fraîches doivent être localisés sur la partie gauche de la zone. Nous avons installé une planche pour identifier physiquement la zone où doivent être limités les dépôts frais de ressources fruits et légumes et de cartons.

Et maintenant, à vous d’agir !

Suivez avec attention ces démarche pour réaliser un compostage de qualité ! 

Notre micro-Ferme a comme nom « les prodiges de l’humus ». Véritable carrefour entre le monde organique et minéral, l’humus nous ramène à notre humanité profonde, faite d’humilité et d’humour ! Nous devons donc être à la hauteur de ces ambitions. Elles constituent un socle d’identité, source d’exemplarité et de reproductions heureuses. 

Jérôme Bernard

Je soutiens le Courant pour une écologie humaine

 Générateur d’espérance