Guide conférencière et guide nature, fondatrice de Escapade en terre iodée, passionnée de Bretagne (et plus spécifiquement du sud du Morbihan), Mélanie Chouan Déniel nous parle de l’un des nombreux trésors de son territoire : les algues. Préparez votre citron avant de lire cet article : on vous garantit que vous allez avoir envie d’en faire usage !
Mélanie Chouan, qui êtes-vous ?
Mélanie Chouan, guide nature, fondatrice d’Escapade en terre iodée : “Je suis guide conférencière dans le sud du Morbihan. Au quotidien, je fais découvrir à ceux qui veulent – particuliers, groupes, scolaires – notre patrimoine naturel. L’idée étant de leur ouvrir l’œil sur la richesse qui nous entoure et leur apprendre à la respecter pour que ce territoire reste authentique.
Originaire de Mauron, près de la forêt de Brocéliande, je suis une “100 % breizh” qui a toujours été fascinée par la diversité des paysages bretons !
Dès mon stage de découverte en troisième, j’ai eu envie de devenir guide conférencière. Et c’est au fur et à mesure des rencontres et des expériences que j’ai trouvé mon métier actuel : guide nature. Comment ai-je fait ? Rien de plus simple (si l’on peut dire) !
- BTS AGTL (Animation et Gestion Touristiques Locales),
- obtention de la carte de guide interprète régional (ce que l’on appelle aujourd’hui guide conférencière),
- DEUST Guide nature multilingue à Lille 3.
Une fois ces diplômes en poche, je suis retournée en Bretagne, comme guide indépendante. Ce métier est une combinaison parfaite de passion pour la nature, d’observation et donc d’apprentissage permanent – dès que l’on s’intéresse à une chose, ça nous mène à des myriades d’autres – et de bonheur à transmettre !
Parlons “algues” : que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
Les algues sont fascinantes parce qu’elles jouent un rôle essentiel dans l’écosystème marin et pour le monde vivant en général. Et puis, ça fait des millions d’années qu’elles existent ! Elles ont joué un rôle fondamental dans l’apparition de la vie sur Terre.
Tout d’abord, sachez que les algues ne sont pas des plantes : elles n’ont pas de racine mais un crampon pour s’accrocher et elles ne produisent ni fleur ni graine. En revanche, tant les plantes que les algues font de la photosynthèse, ce processus par lequel elles vont synthétiser des matières organiques grâce à l’énergie lumineuse, en absorbant le gaz carbonique de l’air et en rejetant l’oxygène.
Par ailleurs, elles servent de nourriture à de nombreux organismes et offrent des habitats et des oasis de fraîcheur, d’humidité, à tout un tas d’animaux.
En Bretagne sont recensées plus de 800 variétés d’algues, ce qui est exceptionnel. Nous avons principalement des macroalgues, comme les algues rouges, brunes et vertes, mais aussi des microalgues comme les cyanobactéries. Le Nord Finistère est particulièrement riche en algues grâce à la transition entre la Manche et l’Atlantique qui va donner une très bonne qualité d’eau, très froide et très brassée. Quant au paysage terrestre, il compte un grand nombre de falaises qui font le bonheur de nos algues !
Chaque algue pousse dans un milieu spécifique : certaines seront uniquement dans les fonds marins, d’autres ont besoin d’être sur l’estran – cette partie qui est découverte d’eau à marée basse et recouverte d’eau à marée montante.
Comment s’y prendre pour cueillir des algues ?
Il y a quelques règles simples à respecter pour cueillir des algues.
- Tout d’abord, vérifier la qualité de l’eau : on évite de ramasser les algues près d’un port ou du rejet d’une station d’épuration !
- Par ailleurs, si l’on sent que les algues ont fermenté ou qu’elles ont blanchi, là, surtout, on ne les ramasse pas. De mon côté, j’aime bien faire ma cueillette au début de la marée descendante, quand l’eau vient juste de se retirer. On a alors des algues bien fraîches, dans de petites mares d’eau qui viennent d’être brassées par les courants.
- On ne doit jamais arracher le crampon, afin de ne pas épuiser la ressource. Les algues pourront ainsi repousser. À ce sujet, il est préférable de les cueillir hors du temps de repos végétatif, c’est à dire du printemps à octobre.
Quand elles sont bien cramponnés sur un rocher, qu’elles sont d’une belle couleur et dans un endroit de qualité, on peut les ramasser sans souci et même les goûter sur place !
Comment cuisiner les algues ? Que recommandez-vous ?
Je mange très régulièrement des algues, sous des formes très variées !
Ca peut être directement sur le rocher : les goûts sont parfois exceptionnels. Certaines peuvent avoir des côtés ailé, poivré, iodée, voire même sucré !
On peut en faire une sorte de tartinade, en mélangeant l’algue avec un peu d’huile d’olive et de citron. C’est très amusant de voir comment ça transforme la texture de l’algue. Ça peut être également en court-bouillon, salade, cuit avec d’autres légumes, en papillote, en soupe…
Mon algue préférée se nomme la dulse poivrée. C’est une algue rouge qui ressemble à une petite fougère. Quand on la goûte, il y a un début d’huître et ça se termine par du ailé, poivré. C’est génial pour aromatiser des plats. À mon sens, c’est la truffe des algues !
Quels sont les bienfaits issus de la consommation d’algues ?
Les algues regorgent de vitamines A, C, B12, D. Elles offrent également des protéines et des oligo-éléments.
Les algues sont très riches en minéraux, qui peuvent représenter jusqu’à 36 % de leur masse sèche, tels que le sodium, le calcium, le magnésium, le potassium, le chlore, le soufre, le phosphore. Les minéraux micro-nutriments sont l’iode, le fer, le zinc, le cuivre, le sélénium, le molybdène, le fluorure, le manganèse, le bore, le nickel et le cobalt.
Les algues sont une source primaire d’iode, et, dans certaines algues comme les algues brunes, leurs contenus en iode dépassent largement les exigences alimentaires minimums.
En bref, elles apportent une belle énergie au corps et permettent de varier son alimentation. On peut presque dire que c’est un “super aliment” !
Quels sont les autres usages de l’algue ?
On va retrouver les algues dans beaucoup de cosmétiques. Elles servent également de gélifiant, texturant, épaississant dans l’industrie alimentaire. L’alginate récupérée des algues va permettre de produire des verres réutilisables, du bioplastique, des moulages pour les dents, etc. On utilise également les algues depuis plusieurs décennies en engrais naturel.
En bref, on a toute une richesse qui existe autour de l’exploitation de l’algue aujourd’hui en France. Et c’est une très bonne chose, si cette production est réalisée de façon respectueuse !
Quid du problème des algues vertes ?
Les marées vertes sont un fléau. Certaines eaux sont trop riches en nitrates et en phosphates ; cela forme comme un engrais dans l’eau qui favorise une croissance excessive des algues.
Dès que ça se décramponne, ça arrive en masse sur les plages et les baies et ça fermente. Elles dégagent alors des gaz toxiques, qui peuvent provoquer des maux de tête, des vomissements et, dans les cas les plus graves, entraîner la mort.
Pour lutter contre cela, il faut adopter des pratiques agricoles et industrielles plus respectueuses. Et chacun aussi, à son échelle, peut agir en privilégiant des produits naturels dans son quotidien.
Un dernier message ?
Prenez le temps d’explorer et de comprendre la nature qui vous entoure ! Les algues, comme le reste de l’environnement, sont pleines de merveilleuses surprises. Soyez curieux et partagez cette curiosité avec vos proches. Ensemble, nous pouvons préserver cette richesse unique pour les générations futures.”
Pour réserver une visite du Morbihan avec Mélanie Chouan Déniel, c’est ici – escapade en terre iodée