Témoignage de Jean-Baptiste Dubois, fondateur de Déambulons, un atelier lyonnais de création d’espaces en bambou.
“La quête du beau et du bon : voilà en une phrase ce que je vois émerger de mon parcours, en jetant un rapide coup d’œil en arrière. Depuis la fin de mes études – une école de commerce qui m’a apporté des bases très utiles pour mon activité actuelle – mes choix ont plus ou moins consciemment été orientés par ce désir de nature et de beauté. Ni les heures de travail ni la pénibilité physique de ce que j’entreprends ne me rebutent. Mais j’ai besoin d’y trouver du sens, de vibrer en voyant ce qui nait d’une première demande, de nombreuses heures de réflexion, d’une réalisation collective qui dépasse souvent le projet initial en termes de créativité et d’adaptation à son contexte.
Je n’ai pas commencé ma carrière professionnelle par une création d’entreprise. Sans doute une certaine humilité est-elle nécessaire avant d’en arriver là : il s’agit de commencer par accueillir un héritage, apprendre patiemment un savoir-faire.
Mon histoire d’amour avec le bambou a débuté en 2003, sur les terres Karen de Thaïlande. Là-bas, l’immersion est totale. L’ONG m’y envoie pour monter une école : trouver et acheter le terrain, construire un bâtiment adapté à l’usage qu’on en fera, au paysage architectural de la région et aux contraintes techniques locales, et préparer les programmes des futures élèves. Seul étranger à une centaine de kilomètres à la ronde, je dois rapidement me faire connaître et créer un réseau relationnel si je veux mener à bien cette mission. Et c’est en restant curieux et ouvert que j’ai été initié aux multiples utilisations du bambou, matériau de construction traditionnel en Asie dont la souplesse et la solidité me fascinent.
L’école est construite. Elle est sur le point d’accueillir sa première promotion. Mon aventure de jeune Français volontaire en Asie se termine, non sans me laisser une trace durable et profitable : la simplicité d’entreprendre, la facilité d’entrer en relation, la joie de créer du beau et de l’utile.
À mon retour en France, je suis rapidement embauché comme web-marqueteur pour une marque de thé éthique. Les valeurs me plaisent. Vendre un produit de bonne qualité à des consommateurs heureux, tout en permettant aux familles productrices de vivre décemment est un pas vers un monde plus solidaire. Mais bientôt, j’ai envie de plus ! Je suis un créatif, un manuel. La vente pure derrière un écran, toute équitable qu’elle soit, ne me satisfait qu’en partie.
J’ai alors pensé à la restauration, projet rapidement abandonné après avoir approfondi la réalité du terrain : plongeur, serveur, commis… Ce domaine n’est pas encore le mien !
C’est à ce moment que ma fascination pour le bambou émerge à nouveau. Je me mets à travailler sur un projet valorisant cette plante et fabrique des maquettes. Ces dernières plaisent, les retours sont bons. En 2015, l’atelier Déambulons voit le jour. En 2016, il est labellisé Janus par l’Institut français du design[1].
Des bambous français pour des créations design
Que propose l’atelier Déambulons ? Des solutions d’aménagement esthétiques, naturelles et originales, sur commande et sur-mesure, pour particuliers ou professionnels, en architecture d’intérieur ou scénographie géante extérieure, le tout en bambou évidemment ! Notre volonté est d’adapter les structures aux personnes – et non l’inverse – et qu’à chaque projet de construction doive se poser d’abord la question de l’adéquation durable au milieu environnant.
Nous travaillons avec la Bambouseraie d’Anduze, dans le Gard. Travailler avec des produits locaux pour limiter l’impact environnemental et générer des emplois sur le territoire français est notre première ligne de conduite.
Le choix de ce matériau qu’est le bambou est aussi lié à ses multiples vertus écologiques et sa culture peu contraignante. Cette graminée n’exige ni engrais ni pesticide pour pousser et exige très peu d’eau grâce à son système racinaire dense qui limite l’érosion des sols. Par ailleurs, le bambou a un bilan carbone exceptionnel puisqu’il absorbe de grandes quantités de CO2, tout en libérant 30 % d’oxygène de plus que les arbres[2]. Naturellement composé de silice, il est extraordinairement résistant (au moins autant que l’acier), biodégradable et recyclable.
Le bambou a une croissance ultra-rapide : il atteint sa taille adulte en 3 à 7 ans, contre 60 ans en moyenne pour un arbre. C’est un matériau facilement renouvelable : il suffit de le couper à la racine pour que de nouvelles tiges poussent, sans autre intervention.
On a donc une production aisée et peu coûteuse tant financièrement qu’écologiquement. En parallèle, il est idéalement léger et souple pour créer des structures de toute forme. Pour illustrer cette souplesse, j’aimerai vous montrer l’éléphant et sa roulotte grandeur nature qu’avec une bonne dizaine de volontaires, nous avons réalisés pour le Parc de Wesserling en Alsace. 15 jours de travail pour un animal plus vrai que nature !
Déambulons créé des lieux de vie esthétiques, conviviaux et uniques. À la croisée du mobilier, de la scénographie et du land-art, nos aménagements donnent un caractère unique à un espace de vie, de travail, ou à un événement. Naturels dans la matière et modernes dans les courbes, ces espaces sont non seulement à hauteur d’homme mais également humanisants !”
Sources :
Accueil
http://www.lepoint.fr/design/le-design-cote-jardin-10-07-2017-2142002_2438.php
Une étude de projet d’une bambouseraie française avec étude de marché etc…
https://www.doc-developpement-durable.org/file/Arbres-Bois-de-Rapport-Reforestation/FICHES_ARBRES/bambou/Etude_de_l-implantation%20d-une_bambouseraie_d-exploitation_en_France.pdf
[1] Le Janus est un label d’excellence qui récompense les Entreprises et Collectivités qui s’inscrivent durablement dans une démarche de progrès au service de la Personne, l’Industrie et la Cité. https://www.institutfrancaisdudesign.fr/index.php/les-janus
[2] http://bambou.confort-domicile.com/bambou/dossier/891/le-bambou-culture-qualites-et-utilisations-d%E2%80%99une-herbe-surprenante.html