Décarboner nos relations : vers une écologie relationnelle

3 Oct, 2023 | FAMILLE, SOLIDARITÉS & SOCIÉTÉ

Jean-Luc Solal, coach, comédien et auteur dramatique, propose un chemin de sortie complémentaire aux crises que nous subissons actuellement ; il ne s’agit plus seulement de décarboner nos activités mais de travailler activement à la mise en place d’une écologie relationnelle, en s’appuyant pour cela sur une démarche en trois temps proposée par le coaching génératif.

“C’est tout notre écosystème relationnel qui se retrouve en permanence saturé de vapeurs toxiques où nos cœurs s’alourdissent et nos esprits s’embrument. On se prend alors à rêver d’une photosynthèse psychique qui serait à même de rejeter ces relents carboniques tout en absorbant le précieux oxygène de rencontres fécondes et d’intimités restauratrices.”

Jean-Luc Solal

Vers une écologie relationnelle

Jean-Luc Solal : “La transition écologique est en marche.

La fin des hydrocarbures, l’électrification des véhicules, l’essor des énergies renouvelables, l’extension du tri sélectif, la réduction des plastiques, le reboisement, la gestion maîtrisée des aquifères… Autant de mesures et d’initiatives qui témoignent aujourd’hui de cette révolution lente mais inéluctable dictée par l’épuisement de nos ressources naturelles et le bouleversement de nos écosystèmes.

Le champ social et sociétal n’échappe pas à cette lame de fond avec l’apparition de nouvelles aspirations, comme la parité hommes-femmes, la diversité, l’inclusion… aspirations qui visent – elles aussi – à corriger les déséquilibres d’une écologie humaine historiquement oubliée, mal pensée ou mal traduite et qui menacent notre espèce sinon d’extinction, tout au moins d’implosion.

Dans ce champ de la responsabilité sociale et sociétale, dont la régulation s’avère a priori complexe et difficile du fait de son immatérialité et de son caractère subjectif, il y a toute la dimension relationnelle, que prennent en charge tout à la fois le management dans les entreprises, les stages de développement personnel, le coaching, la psychanalyse, l’éducation, mais aussi la législation publique, toujours plus encline (en partie sur la demande expresse des citoyens) à encadrer notre intimité (lutte contre les violences conjugales, caméras de surveillance, RGPD, etc.).

Ce champ relationnel – objet de toutes les attentions, les contrôles ou les réglementations – est, il est vrai, balayé par les vents de tensions et de violences grandissantes : pression de la performance, harcèlement numérique, haine en ligne, bordélisation de vie politique (qui prospère jusqu’aux plus hauts sommets de la représentation nationale sur l’injure, l’outrance ou la stigmatisation systématiques), agressions physiques et meurtrières jusqu’au domicile des policiers ou des édiles, extension des domaines de la manipulation ou de l’emprise, inflation d’une communication stratégiquement lénifiante et volontairement dénuée d’effets…
C’est tout notre écosystème relationnel qui se retrouve en permanence saturé de vapeurs toxiques où nos cœurs s’alourdissent et nos esprits s’embrument.

On se prend alors à rêver d’une photosynthèse psychique qui serait à même de rejeter ces relents carboniques tout en absorbant le précieux oxygène de rencontres fécondes et d’intimités restauratrices. Nous aspirons ainsi continûment, sous ces piqûres d’épingle ou coups de boutoir quotidiens, à une écologie relationnelle qui nous aiderait à contrôler nos émissions émotionnelles intempestives, à trier nos déchets langagiers, revégétaliser nos interpellations, domestiquer nos instincts, désarmer « nos frelons hiérarchiques » ou anesthésier nos « punaises de bureau », lutter contre la virtualisation des échanges ou l’artificialisation des sentiments… Alors, sans nul doute, nos vies embelliraient, nos liens se réchaufferaient, nos compagnes refleuriraient, nos cœurs redeviendraient arables, nos mains fermes mais affables, nos âmes fortes mais perméables…

 Tout cela est bien beau, oui, mais comment réaliser pareille transmutation ?

Comment s’y prendre ? Une démarche en trois étapes

Avec le coaching génératif, Robert Dilts, l’un des fondateurs de la programmation neuro-linguistique (PNL), propose un outil éclairant et efficace.

Face aux menaces, aux agressions physiques ou verbales, aux mises en causes, aux accusations, aux discriminations, aux déstabilisations, aux stratégies d’emprise ou de manipulation, l’être humain est tenté de réagir selon 3 modes également inadaptés :

  • la contre-agression (To Fight en anglais),
  • la soumission (To Freeze),
  • la fuite (To Fly).

Le premier perpétue le cycle infernal de la violence, le deuxième entérine un état de domination et d’oppression, le troisième fait semblant de ne rien voir ou repousse aux calendes grecques le règlement des problèmes.

Le Coaching génératif propose une démarche en trois temps :

  1. Se centrer et s’ancrer en revenant au corps, aux sensations, aux émotions, bref s’ouvrir et se connecter à ce qui est. C’est un principe d’Incarnation.
  2. Accueillir ce qui vient sans jugement ni de soi, ni des autres, ni de la réalité. C’est un principe d’Acceptation
  3. Épouser ce qui vient (sans se soumettre ni violenter) en se reliant à ce que Dilts appelle « L’intelligence du champ » et qui correspond à une dimension transpersonnelle ou spirituelle de l’existence. Épouser ce qui vient, donc, et le laisser passer, dans la ferme confiance que la solution et la paix seront données. C’est un principe de Transformation.

L’exemple de Michèle

Michèle est harcelée par son boss, Marc, qui la presse de reproches et d’injonctions contradictoires. Cela provoque chez elle culpabilité, confusion, peur, colère, etc.

Elle ne sait plus quoi faire ni comment réagir et a l’impression d’avoir – vainement – tout essayé. Dans un premier temps, elle a choisi de faire comme si tout allait bien et s’est appliquée à tenter de contenter Marc (Freeze), mais un mal de dos récurrent et une fatigue généralisée l’ont arrêtée 15 jours et elle a décidé qu’elle n’allait plus se laisser faire.

De retour au boulot, et à la suite d’une énième réflexion vexatoire, elle a explosé devant Marc, heureuse de pouvoir enfin lui et dire « ses quatre vérités » (Fight) ; mais Marc est resté de marbre et lui a même proposé de « consulter ».

Échaudée et impuissante, elle s’est alors surprise à passer de longues heures le soir en rentrant du boulot devant Netflix tout en se gavant de gâteaux apéritifs et de crèmes glacées (Fly).

Une amie lui a alors conseillé un coach qui l’a accompagné à partir du coaching génératif. Elle s’est donc entraînée à :

  1. Se centrer, trouver en elle un espace de solidité et de réassurement où elle a pu relâcher ses tensions et mettre des mots sur ce qu’elle vivait.
  2.  Accepter pleinement ses émotions négatives ainsi que la réalité du comportement de Marc.
  3. Trouver la force, tout en restant centrée, de poser des limites, formuler des demandes de façon ferme et courtoise sans se laisser absorber par la négativité de situations troubles ou de comportements mal ajustés. Elle a vu ainsi progressivement ses peurs et son indignation disparaître et, aujourd’hui, même si le comportement de Marc n’a guère changé, elle lui oppose une ferme et tranquille assurance parfois teintée d’humour, qui présente pour elle l’immense avantage de respecter Marc tout en se respectant elle-même.

Assumer et transmuter le négatif via l’incarnation, l’acceptation et un confiant laisser faire, voilà assurément la pierre philosophale d’une nouvelle écologie relationnelle.”


À propos de l’auteur

C’est au cours de ses études en école de commerce que Jean-Luc Solal découvre par hasard le théâtre et entreprend une formation de comédien au conservatoire de Versailles puis au cours Simon et au Studio 34. En 2005, il crée Promesse Formation, structure de formation utilisant les techniques du théâtre au service de l’expression et du développement personnel en entreprise. Il poursuit en parallèle ses activité théâtrales en tant qu’auteur, acteur et metteur en scène.

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