La naprotechnologie : une aide pour continuer à avoir des bébés sous la couette

29 Juin, 2022 | MÉDECINE, TÉMOIGNAGES

Anne-Laure et Aymeric sont mariés depuis 5 ans. Ils sont les heureux parents d’un petit Philippe, âgé de quelques mois. Ils racontent leur parcours pour donner la vie, grâce à la découverte de la naprotechnologie, une aide médicale pour procréer naturellement.


Naprotechnologie : qu’est-ce que ça veut dire ?

Aymeric : “C’est un mot un peu barbare, abréviation de Natural Procreative Technology qui signifie Procréation Naturelle Médicalement Assistée. La naprotechnologie est notamment l’observation du corps de la femme, traduite en langage technique compréhensible tant par le couple que par le corps médical, et interprété par les médecins pour poser un diagnostic sur les causes de l’infertilité, afin de pouvoir y remédier.”

Anne-Laure : “En bref, la naprotechnologie est une aide médicale pour avoir des enfants en restant sous la couette. Les couples qui entrent dans un programme de naprotechnologie cherchent soit à avoir des enfants, soit à réguler leurs naissances, de manière naturelle.”

Choisir la naprotechnologie, en France

Anne-Laure : “Nous nous sommes lancés dans un projet de la naprotechnologie quand au bout d’un an de mariage on a vu que l’on n’arrivait pas à avoir d’enfants. À l’hôpital, le gynécologue nous a tout de suite proposé la Procréation Médicalement Assistée (PMA). Mais ce n’était pas envisageable pour nous. Quel autre processus pouvait donc nous aider à optimiser nos chances d’avoir des enfants, en évitant des traitements chimiques trop lourds ? Plusieurs personnes nous ont parlé de la napro. On s’est dit qu’on allait tenter et voir ce que ça donnerait.”

Aymeric : “À aucun moment notre médecin traitant ne nous a proposé la naprotechnologie : il ne la ne connaissait pas. En France, la méthode est encore confidentielle. On nous a recommandé seulement deux médecins, l’un à Nantes, l’autre à Bordeaux, alors que nous sommes basés en région parisienne.”

Concrètement, comment suit-on un programme de napro ?

Aymeric : “C’est à la fois très simple et en même temps très dense. Nous avons une première réunion avec une instructrice, qui n’est pas médecin. Elle intervient pour nous aider à nous approprier le langage autour de la naprotechnologie. Cette phase s’étend sur plusieurs séances.

Elle nous rappelle aussi le fonctionnement des corps de la femme et de l’homme. Dès que le langage est correctement intégré – entre 3 à 6 mois – le suivi médical peut alors commencer. Des rendez-vous avec le médecin sont fixés tous les 2 ou 3 mois afin de débusquer, pas à pas, les causes d’infertilité. Elles seront traitées étape par étape.”

Anne-Laure : “Un soutien psychologique est également programmés avec l’instructrice, pour éviter de lâcher ou de se décourager. Pendant ces 6 premiers mois, le suivi va essentiellement se reposer sur les observations à faire sur le papier toilette après avoir uriné.

C’est important d’être très régulier car, des règles à la période d’ovulation, ce sera à peu près toujours le même nombre de jours. En revanche, entre l’ovulation et le début du cycle d’après, la durée varie d’une femme à l’autre et même pour la même femme, d’un cycle à l’autre… C’est donc assez compliqué de savoir quand débute la période d’ovulation.

Quand on fini par comprendre le mécanisme de son corps et à quelle période du cycle on se situe, on rencontre le médecin qui peut nous proposer des examens, type échographie et prises de sang, pour comprendre les points sur lesquels creuser..

Pour finir sur la question du timing, à partir du moment où l’on a identifié les causes d’infertilité, que le traitement est mis en place (ou pas, car il n’y a pas forcément besoin de traitement), quand tous les feux sont au vert, il faut compter en gros 2 ans. Ça peut être long ; parce qu’à chaque cycle qui ne “fonctionne” pas, malgré des paramètres optimums, c’est difficile à vivre. Pour nous, c’est ce qui a été le plus dur.”

Le rôle de l’homme

Aymeric : “Dans ce contexte, l’homme est là en tant que soutien, aide-mémoire, conseil… Nous désirions un enfant. Dans ce cas, forcément, la femme vit le programme à travers de son cycle ; elle a une horloge interne qui lui impose des rappels réguliers. L’homme vit les choses différemment. Lors de la première phase, on reporte les observations de manière journalière ; ça se traduit par des gommettes à poser sur un tableau et ça permet d’en tirer un bilan. Comme d’un cycle à l’autre des éléments peuvent évoluer – à cause du stress, notamment, on est là pour questionner ou mettre en perspective les informations, quand elles ne sont pas cohérentes.

Anne-Laure : “Je confirme : l’homme est précieux pour remonter le moral ! Car il y a des phases où nous sommes tout feu tout flamme car l’espérance est là. Et quand l’espérance est déçue, il peut y avoir une chute du moral.”

À vivre à 100 %, tout en ayant d’autres projets

Anne-Laure : “La naprotechnologie est un projet lourd. On y pense quand même très régulièrement. La phrase “c’est quand que vous y penserez pas que ça va arriver” est assez insupportable à entendre, même si objectivement, il est bon que toute la vie du couple ne tourne pas autour de ce désir d’enfant. Pour éviter que ça ne devienne une obsession, il faut trouver d’autres projets : voyage, fiesta, chantiers divers et variés… peu importe ! Mais faire en sorte que le programme de napro ne prenne pas toute la place.”

Aymeric : “Il faut aussi faire preuve d’assiduité parce que dans le détail des observations, il suffit que l’une d’entre elle soit différente pour changer totalement l’indication de la journée (et il y en a, en moyenne, 6 par jour). Ainsi, si cette indication est ratée, le diagnostic concernant le cycle est erroné. Il faut observer de manière systématique, et ça aussi, c’est difficile. Soit on le fait à 100 % soit on ne le fait pas.”

Les autres fruits de la naprotechnonologie

Anne-Laure : “En plus de gérer sa fertilité, la naprotechnologie apporte beaucoup de choses.

  • Ça oblige notamment à avoir des conversations que l’on n’aurait pas forcément eues si l’on avait eu des enfants de manière classique. Ça permet de parler d’autres formes de fécondité que la fécondité biologique naturelle. Adoption ? Peut-on avoir une vie réussie en couple, sans enfant ? La réponse est évidemment “oui” mais après, il faut imaginer comment faire pour trouver d’autres formes de fécondité.
  • Quels types de parcours (PMA, autre) souhaite-t-on suivre ? Jusqu’où accepte-t-on d’aller pour concevoir un enfant ? Ça ouvre à des questions très intéressantes.
  • Ça permet aussi de mieux connaître son corps (qui nous délivre tellement de message) et d’avoir une meilleure connaissance l’un de l’autre ; ça crée une belle complicité entre l’homme et la femme.

La fertilité de l’homme

Aymeric : “L’infertilité peut être également masculine. J’ai donc moi aussi creuser différents paramètres et j’ai appris des choses :

  • la chaleur joue ! Les taux sont meilleurs en hiver qu’en été,
  • éviter de laisser son téléphone portable dans les poches de son pantalon,
  • faire attention à son alimentation,
  • les antibiotiques consommés peuvent avoir des répercussions…

J’ai donc pris de conscience que la fertilité de l’homme reposait sur de nombreux paramètres.”

Anne-Laure : “Concernant la fertilité de l’homme, quelques chose m’a énormément surprise : les hommes produisent des millions, voire des milliards de spermatozoïdes. Or, quand vous avez le premier spermogramme et que l’on voit que seuls 4 % des spermatozoïdes sont jugés “normaux”, ça fait un choc ! On se dit “aïe aïe aïe, c’est pas gagné” !vous vous dites 4% ce n’est rien. En fait, c’est tout à fait dans les standards classique. Il suffit d’un super winner pour avoir un enfant… mais au départ, c’est un peu flippant !”

Combien coûte la naprotechnologie

Aymeric : “La naprotechnologie n’est pas prise en charge par la sécurité sociale. Nous ne sommes pas dans des coûts stratosphériques, mais ça dépend quand même de la situation de chacun. Il faut penser aux coûts, tant financier que temporel, de la phase d’apprentissage, avec tous les rendez-vous que cela implique ; au coûts des déplacements à Nantes ou Bordeaux, ce qui oblige à poser un jour de congé, de prendre le train, à deux. Et puis, psychologiquement, c’est épuisant. Donc, oui, bien penser à la charge tant en termes financier que de temps que cela impose avant de se lancer dans le projet.”

Lancez-vous !

Anne-Laure : “La naprotechnologie donne plein de joie ; je pense que c’est un signe de vérité lorsque l’on est dans la joie.

Quand on en a parlé autour de nous, on s’est rendu compte que de nombreux couples faisaient appel à la naprotechnologie sans oser en parler. Ce sont des problèmes qu’on a tendance à garder au sein du ménage. Or, je pense qu’il faut pouvoir en parler sans tabou. C’est important que d’autres puissent se dire qu’ils ne sont pas seuls et qu’il y a des solutions. Il y a des milliers de “bébés napro” !”

Aymeric : “La napro apporte une chance en plus, toujours dans une démarche d’espérance. Pour nous, ça a marché, nous avons eu la chance d’accueillir un petit garçon. Autour de nous, il y a des couples pour qui ça a également marché. Mais nous connaissons également des ménages qui applique cette méthodologie sans malheureusement réussir à procréer, pour le moment. Ce n’est pas du 100 %, il faut en être conscient, mais c’est une chance en plus de fonder un foyer.” 


Je soutiens le Courant pour une écologie humaine

 Générateur d’espérance