Le courant de l’écologie humaine est “métapolitique“, c’est-à-dire au-delà du politique et des lieux de pouvoir. Son propos est de renouveler la signification et la forme des activités humaines, en interrogeant leur contribution au bien de tout l’homme et de tous les hommes.
Nous faisons le constat qu’aujourd’hui le sens de nombreuses activités nous échappe. Ce ne sont pas nécessairement ces activités qui posent problème mais plutôt le fait qu’elles sont brutalement ou insidieusement surdéterminées par des objectifs incompatibles avec la préservation et la transmission d’une humanité authentique. Chacun de nous se trouve interrogé dans sa vie familiale, professionnelle, sociale, politique, car nous participons consciemment ou non à ces activités par notre adhésion ou par notre silence, notre action ou notre absence d’action.
Lorsque nous prenons conscience de cette situation, nous pouvons nous sentir écrasés par la tâche, ou remis en cause dans notre mode de vie, notre travail, nos relations sociales, nos choix politiques. Cette difficulté nous concerne tous, sauf à rejeter la faute sur les autres, à nous maintenir dans une posture de dénonciation, de soi-disante pureté, dans un retrait désengagé et finalement stérile. Des personnes sont donc appelées à se mettre en marche, à adopter une posture de vigilance, pour témoigner de leur non-adhésion, pour s’engager dans la (ré) orientation des activités du monde, en commençant par interroger leur propre vie. Ils passeront de la colère, de l’inquiétude, de la réaction, à une position créative de transformation de leur contexte sous l’effet de leur engagement et du développement de leur pensée et de leur agir.
Quels sont alors les principes qui doivent guider notre action pour apporter notre contribution à une transformation du sens de ces activités et de leurs modalités.
Dans certains cas, il faudra s’engager publiquement, dénoncer une vision ou une activité, telle politique ou tels objectifs. Dans d’autres cas, il s’agira plutôt d’inventer de nouvelles façons de vivre ensemble, de travailler, de produire, de créer. Certains vont conduire leur action dans une grande autonomie, hors des structures existantes, d’autres mèneront leur engagement au sein de structures (politiques, économiques, associatives, coopératives, syndicales, …) pour les transformer. Mais la question se posera pour chacun de la limite du tolérable, de ce qu’il peut accepter tout en conservant son intégrité ou de ce qu’il doit résolument écarter ou combattre. Cette situation n’est pas sans conséquences sur la vulnérabilité des conditions de vie futures de ces personnes, notamment sur le plan économique et social. Elle se pose d’ailleurs déjà pour des nombreux jeunes qui cherchent non seulement un emploi et une rémunération mais un travail porteur de sens et de potentialités d’un développement authentique.
Un premier objectif du courant d’écologie humaine est d’ouvrir des espaces de liberté, de dialogue, d’échange, de structuration intellectuelle, pour ceux qui sont confrontés dans leur vie quotidienne à des activités qu’ils souhaitent interroger ou transformer, à des formes de pensée, parfois dominante ou aliénante, qu’ils souhaitent remettre en cause. L’enjeu est de pouvoir “parler un langage nouveau“. Il s’agit aussi de partager des expériences, des formes de vie nouvelles, des idées sur la manière de transformer ces activités ou d’innover.
Le courant de l’écologie humaine a vocation à accompagner, à soutenir l’engagement des personnes qui souhaitent construire un chemin de pensée, d’agir et d’expérimentation, c’est pourquoi il est métapolitique. Cet accompagnement s’entend dans une logique de subsidiarité, c’est à dire en laissant à chacun, à titre personnel et en commun avec d’autres, la responsabilité de ses choix et de ses engagements. Il ne s’agit pas de créer une plateforme politique, ceci sans préjudice de la liberté de chacun à s’engager dans le champ politique si cela lui semble approprié. Le courant de l’écologie humaine ne peut s’engager dans un compromis ou dans le délaissement de tel ou tel enjeu au profit d’une priorité du moment ou d’une stratégie politique, économique, sociale ou médiatique.
Le courant de l’écologie humaine doit se maintenir à l’avant-poste de la garde de tout l’homme et de tous les hommes.