Un billet de Tugdual Derville, co-initiateur du CEH, sur les prochaines élections européennes qui se tiendront le 26 mai 2019.
“Dimanche 26 mai, dans le contexte social incertain, troublé, chahuté que nous connaissons, nous voterons. Du moins voteront ceux qui pensent avec Winston Churchill que si la démocratie est peut-être “le pire des régimes », c’est « à l’exception de tous les autres”. Autrement-dit, qu’on n’a pas trouvé mieux. En tous cas, je voterai, en conscience. Et j’espère que nous serons nombreux à en faire autant. À mon avis, ceux qui ne votent pas pourraient s’abstenir… de critiquer le législateur. En régime démocratique, l’abstention cautionne presque les dictatures où les élections sont rares et faussées.
Supposons donc que nous soyons décidés à voter pour désigner nos députés européens. Est-ce suffisant ? À mon avis non. Et c’est pour cela que j’anticipe dès février les élections de mai. La campagne électorale est le moment où jamais de “faire de la politique”, c’est-à-dire de s’informer sur les enjeux, discerner où est la justice, peser sur les programmes, et, si l’on a un avis déterminé, le partager.
Or, je vois deux caricatures à éviter : le militant obtus et l’observateur condescendant.
Certains militants épousent un candidat, une liste ou un parti comme on entrerait dans une secte : aveuglément. Ils en perdent tout esprit critique, tout libre arbitre. Ils se comportent comme des adolescents avec leur idole. À chaque campagne électorale, les réseaux sociaux sont pollués par leurs confrontations. Tout semble permis : insinuations, procès d’intention, coups bas. La tension est la plus vive entre les fans des candidats dont les idées sont voisines, puisqu’ils chassent sur les mêmes terres. Du coup, des proches s’admonestent, s’injurient, se brouillent. À l’issue d’un dîner familial tendu, on pense à la fameuse légende d’un dessin sur l’affaire Dreyfus : “Ils en ont parlé !” Je lance une mise en garde : par pitié, échappez à la machine à s’écharper !
Et puis, il y a donc ceux qui commentent les débats à distance, doctement, avec souvent un zeste de mépris pour les candidats et les journalistes. Ils comptent les points ou les distribuent. S’intéresser sans agir, ni s’engager, n’est-ce pas vain ? Même pour ceux qui ne soutiennent pas une liste déterminée, je préconise une campagne active, où l’on débat des idées, où l’on interpelle les candidats et les médias, où l’on progresse dans la compréhension des enjeux. Une démocratie saine a besoin de citoyens éclairés, capables de plaider pour le bien commun, celui de chacun et de tous, et surtout des plus fragiles, qui sont souvent privés de voix.”
Sources