Ce mois-ci, la Maison des bouquins nous fait voyager au Japon, via le best-seller (100,000 exemplaires vendus) “Elle et son chat“, écrit par Makoto Shinkai, réalisateur de films d’animation japonais et Naruki Nagakawa, scénariste japonais, et publié en France en octobre 2021 aux éditions Charleston.
“Un portrait à la fois critique et innocent de la société japonaise. À mettre en toutes les pattes !”
Japan Magazine
L’HISTOIRE
C’était au début du printemps, par un jour de pluie. Ce jour-là, elle m’a recueilli. Depuis, je suis son chat à Elle.
Un chat au franc-parler amoureux de sa maîtresse, une chatte rêveuse abandonnée, un chaton perdu dans sa nouvelle famille d’accueil et un chat de gouttière railleur… Ils vivent à Tokyo, dans le même quartier, se croisent et fraternisent au gré des saisons. Et non contents de bouleverser le quotidien de leurs humaines respectives, ils finissent par entremêler leurs vies.
Dans ce magnifique récit choral, femmes et félins se lient d’amitié et s’entraident pour apprendre, ensemble, la beauté de la vie. Un tableau urbain poétique sur la fragilité de la vie, son charme, la solitude et le jeu des apparences, porté par un style délicat et épuré.
L’AVIS D’ANNE
Ça commence avec un petit chat agonisant sous la pluie dans un caniveau d’une rue de Tokyo. Recueilli par une toute jeune femme, il vivra et restera son chat “à elle”. Petit chat devenu grand se met à parcourir le quartier et s’y faire des amis qui sont, eux aussi, des chats “à elle” et c’est par ses amitiés que les humains vont se rencontrer…
Un livre original et tout en douceur, écrit par touches délicates. C’est teeeellement reposant dans ce monde littéraire de crasse et de fureur !
EN SAVOIR PLUS
“Kanojo to kanojo no neko“ (Elle et son chat) est le premier court-métrage de l’illustre Makoto Shinkai. Sorti en 1999, il s’agit d’un film indépendant en noir et blanc d’une durée d’environ 5 minutes. Il a été entièrement réalisé par Shinkai, avec les moyens du bord. Pour ce court-métrage, réalisé pour encourager la fille dont il était amoureux à traverser certains moments difficiles, le réalisateur s’est inspiré de sa propre vie, lorsqu’il habitait seul un petit appartement entouré de lignes électriques. En 2016, le court-métrage d’origine a inspiré une nouvelle version plus longue, Kanojo to Kanojo no Neko – Everything flows, composée de 4 épisodes d’environ 8 minutes chacun. L’œuvre reste inchangée et narre le quotidien d’une jeune femme et de son chat du point de vue de ce dernier, mettant en valeur l’importance des moments passés ensemble.
On doit également au talentueux réalisateur de films d’animation japonais et graphiste pour jeux vidéos, le phénomène “Your Name” ou encore “Les enfants du temps”. Timide et modeste, le réalisateur a annoncé en début d’année la sortie d’un prochain film, en préparation depuis avril 2020. Ce dernier devrait être plus crépusculaire que ce à quoi il nous a habitué. En attendant, vous pouvez désormais vous procurer, depuis le 22 septembre 2021, la version manga de l’oeuvre “Elle et son chat“, achevée en seul tome et dessinée par la mangaka Tsubasa Yamaguchi.
EXTRAIT
“J’aime contempler son profil quand elle se maquille devant le miroir. Elle dispose devant elle de minuscules accessoires qu’elle utilise l’un après l’autre, d’une main assurée. Elle est toujours bien organisée. Son matériel une fois rangé, pour finir, elle se parfume ; la fragrance se diffuse dans tout l’appartement. Son parfum a l’odeur de l’herbe mouillé après la pluie.
À la télé, la météo annonce le temps pour la journée. Tous les jours, elle quitte la maison juste après. J’adore sa silhouette quand elle part, le matin. Elle noue sa longue chevelure en queue-de-cheval, enfile une veste de la couleur de ses cheveux et met des talons hauts. Je la regarde, dans l’entrée. Elle s’accroupit pour poser une main sur ma tête et me dire :
- Bon, à ce soir !
Puis elle se redresse et ouvre la lourde porte métallique. Un rayon de soleil matinal entre par la porte ; je plisse les yeux.
À ce soir !
Avec un agréable claquement de talons, elle pénètre dans la lumière. En savourant la sensation persistante de sa main sur ma tête, j’écoute le bruit de ses pas qui s’éloignent dans les escaliers.
Après lui avoir dit au revoir, je grimpe sur une chaise pour observer, de l’autre côté du balcon, les trains qui traversent le pont ferroviaire. Peut-être qu’elle est dans l’un d’eux.
Je regarde les trains tout mon soûl, puis je saute en bas de la chaise.
La pièce garde encore quelques traces de son parfum. Je me rendors, emmitouflé dans cette odeur.”
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