Les filles ne sont pas faites pour les métiers techniques ! L’association Elles bougent refuse cette assertion et vise à susciter des vocations féminines pour les métiers d’ingénieures et techniciennes dans l’aéronautique, le spatial, le transport ferroviaire, le maritime et l’énergie. Comment cela se passe-t-il ? Claudine Barruet, déléguée régionale Ile-de-France, raconte.
Claudine Barruet, qui êtes-vous ?
Je suis ingénieure de formation et j’ai travaillé dans plusieurs sociétés, aussi bien du monde militaire qu’aéronautique.
C’est en 2009 que Claudine Barruet découvre l’association Elles bougent, lorsque le service des Ressources Humaines de Safran, son entreprise, lui demande de raconter son parcours à un groupe de jeunes filles. C’est un déclic : Je me suis dit qu’il était important d’aller dire aux jeunes filles que ces métiers existent et qu’ils leur sont accessibles.
Elle se remémore ses propres doutes lorsqu’elle était collégienne : À l’époque, je voulais être puéricultrice. Or, un professeur de mathématiques m’a conseillé de me tourner vers les études techniques… je ne savais même pas ce que cela voulait dire ! Grâce à nos échanges, je suis partie en lycée technique. Je ne regrette absolument pas les études que j’ai faites et mon métier d’aujourd’hui.
Claudine Barruet a souhaité ouvrir ce champ des possibles à d’autres jeunes filles en devenant marraine, puis déléguée régionale Île-de-France de l’association Elles bougent : plus on sera de femmes dans l’entreprise, moins on sera discriminées !
Quelles sont les buts et les missions de Elles bougent ?
L’association Elles bougent a pour but d’aller au-devant des jeunes filles – au lycée, au collège, mais également, depuis peu, en primaire – pour leur expliquer les métiers de techniciennes et d’ingénieures et leur donner envie de les exercer plus tard.
Elles bougent a été créée il y a 20 ans par par Marie-Sophie Pawlak. L’objectif, c’est vraiment la promotion des métiers scientifiques et techniques auprès des jeunes filles, afin de les inciter à explorer des carrières souvent perçues comme inaccessibles.
Et concrètement, quelles sont les actions menées par l’association ?
L’association Elles bougent propose plusieurs actions, animées pour les filles – la mixité dans les classes ne favorisant pas leur prise de parole :
- Interventions dans les établissements scolaires
Nous nous déplaçons dans les établissements scolaires, tant en primaire, qu’en collège ou lycée pour déconstruire les stéréotypes de genre sur les métiers, soit pour une intervention directement dans une classe, soit pour animer des stands lors de forums des métiers. - Visites d’entreprises
Nos partenaires ouvrent leurs portes régulièrement aux jeunes filles. Là, ce sont des rencontres très riches : on leur présente plusieurs métiers et les produits de l’entreprise. - Accompagnement et soutien dans l’orientation des jeunes filles
Pourquoi est-il si important, selon vous, de féminiser ces métiers ?
Claudine Barruet explique que les entreprises partenaires d’Elles bougent veulent féminiser leurs effectifs pour de nombreuses raisons. Il y a autant de talents féminins que masculins. Pourquoi s’interdire de déployer ces talents dans l’entreprise alors qu’ils sont là ?
Il lui semble évident qu’il existe une richesse créative dans la mixité des équipes et une bien meilleure ambiance quand hommes et femmes travaillent ensemble : quand on manage une équipe mixte, l’ambiance et la créativité ne sont pas les mêmes que dans une équipe uniquement masculine ou féminine.
Quels sont les plus grands défis de Elles bougent, aujourd’hui ?
L’un des plus grands défis de l’association reste l’orientation des jeunes filles au collège. Claudine Barruet explique que, souvent, à cet âge-là, les jeunes filles se ferment à certaines carrières : au collège, les jeunes filles se disent souvent : “ce n’est pas pour moi, je ne vais pas être capable, ce sont des études trop compliquées.” ; c’est pour cela que nous avons décidé de faire des interventions en primaire. il faut débloquer ce mécanisme avant le collège.”
Qu’est-ce que ça apporte de devenir marraine bénévole Elles bougent ?
Devenir marraine de l’association Elles Bougent permet aux femmes de partager leur expérience, de prendre du recul sur leur métier et de se construire un réseau professionnel : on intervient rarement seule dans une classe, c’est donc aussi l’occasion de se faire un réseau, ce que l’on ne fait pas toujours assez quand on est une femme.
Comment devenir marraine Elles bougent ?
Il y a deux cas de figure, lorsque l’on souhaite devenir marraine Elles bougent.
- Mon entreprise est partenaire d’Elles bougent
Si l’on fait partie d’une entreprise partenaire de l’association, c’est assez simple. En général, on est au courant que cette association existe. Il suffit donc de s’inscrire sur le site. L’entreprise valide alors l’inscription de la marraine. - S’inscrire en tant que marraine indépendante
On peut également s’inscrire en tant que marraine indépendante sur le site Elles bougent. On devient ainsi marraine de l’association moyennant une cotisation de 30 € par an.
Un dernier message ?
Je veux dire aux filles, ne vous fermez pas de portes : soyez curieuses, allez chercher des informations, on en propose beaucoup sur le site de Elles bougent, et n’hésitez pas à solliciter les marraines de l’association pour poser vos questions.
Claudine Barruet encourage également les parents à s’intéresser activement aux possibilités offertes dans le domaine scientifique et technique : l’orientation des enfants est toujours une période difficile, donc, vraiment, parents et enseignants, n’hésitez pas à solliciter notre aide. Nous parlerons de nos métiers avec plaisir !
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