Eric Salmon, fondateur du Centre d’Études de l’Ennéagramme et auteur de 5 livres sur le sujet, explique comment la connaissance de soi permet plus de compassion, vis-à-vis de soi-même et de ceux qui nous entourent. Et qui dit plus de compassion, dit plus de paix, de confiance et d’ouverture dans ses relations. Et si vous vous offriez du temps pour mieux vous connaître ?
Comment Eric Salmon a découvert l’Ennéagramme
C’est en travaillant dans les Ressources Humaines au sein d’une banque qu’Eric Salmon a découvert l’Ennéagramme, un système d’étude de la personnalité convainquant.
Eric Salmon, fondateur du Centre d’Études de l’Ennéagramme : “J’ai testé mille outils de connaissance de soi et des autres avant d’en trouver un qui me plaise. Il y a 30 ans, j’ai enfin découvert l’Ennéagramme, un outil décalé, clair, accessible à tous et percutant.
En essayant d’en mieux maîtriser l’usage, j’ai eu la chance de me former auprès de David Daniels, directeur de psychologie de l‘université de Stanford, qui estimait que c’était le plus bel outil qu’il ait jamais vu en tant qu’accompagnant en ressources humaines. Il travaillait avec Helen Palmer, une sommité en matière d’intuition, laquelle, de son côté, dispensait un cursus sur 9 modes d’intuitions, suivis notamment par des membres du FBI et de la CIA.
Ensemble, ils ont créé le premier cycle de formation à l’Ennéagramme que, pour ma part, j’ai proposé en France, en 1990. Ça a été assez long à prendre ; j’avais l’impression d’être en avance sur mon époque. Mais aujourd’hui, la question de qui suis-je vraiment au fond ? fait de plus en plus sens.”
Ennéagramme : les postures à adopter
Les mots clés pour mieux se connaître : remise en question, ouverture à l’autre, confiance.
E. S. : “La base, pour mieux se connaître et comprendre l’autre, est d’être capable de se remettre en question, d’adopter une attitude d’humilité face à son mode de relation à soi-même et aux autres. Si vous êtes très fier de qui vous êtes, de votre vie et de la manière dont vous interagissez avec votre entourage, alors un stage ne vous sera d’aucune utilité.
Il est également nécessaire de s’ouvrir à l’autre. L’autre n’est pas moi, il est différent et a son propre langage. Il faut être en mesure d’accueillir cette altérité.
Par ailleurs, je pense qu’il est essentiel d’oser la confiance : parler de soi, se livrer et écouter l’autre, en toute bienveillance.”
Ennéagramme : ouvrir le champ des possibles
Neufs modes d’attention modélisés pour atteindre un plus grand équilibre de vie.
E. S. : “Le premier principe de l’Ennéagramme est que l’on a tous une place autour du cercle présenté ci-dessus. Personne n’a donc raison ou tort : chacun a le droit d’avoir le point de vue qu’il veut sur la réalité, que l’on imagine placée au centre de ce modèle.
Ce modèle a deux champs d’interprétation :
- Moi avec l’autre : on considère donc que la réalité est au centre du cercle et que chacun a le droit de la percevoir de son propre point de vue. Les neuf champs de perception sont neuf façons de ressentir une situation et de l’interpréter tant mentalement, affectivement, que physiquement.
- Moi avec moi : le cercle représente les diverses façons de communiquer avec le monde extérieur, à partir des milles facettes que j’ai en moi ; à chaque instant, je choisis celle qui est la mieux adaptée à la situation.
Durant l’enfance nous sur-privilégions une facette. Voilà pourquoi on s’est tous engoncé dans une facette principale qui a l’avantage de fonctionner relativement bien dans notre rapport aux autres. Mais cela se fait au détriment d’un large champ des possibles en termes de relationnel. À la longue, cela peut générer une frustration interne à cause d’une dissonance entre mon bonheur affiché et ce qui se passe effectivement à l’intérieur de moi.
Prendre conscience de sa facette principale, c’est mettre un nom sur le chemin de développement personnel qui reste à faire pour tendre à plus d’équilibre.”
Ennéagramme : développer sa compassion
Comprendre le fonctionnement de l’autre nous incite naturellement à plus de bienveillance et de compassion.
E. S. : “Mieux comprendre l’autre développe notre compassion : les défauts de ceux qui nous entourent sont le pendant de leurs qualités ; ce sont leurs qualités qui passent en mode “excessif”.
Prenons l’exemple d’une personne altruiste qui fait naturellement passer l’autre avant soi. Il y a un mode “normal” où c’est agréable. Elle fait du bien aux autres en s’en faisant à elle-même. Mais quand cette personne passe en mode “excessif”, quand elle fait trop passer les autres avant elle-même, elle peut devenir envahissante, par exemple. Au lieu d’en être exaspéré, je peux décider d’en sourire parce que je sais pourquoi elle fonctionne comme ça.
Pour conclure, je dirai que plus j’accepte qui je suis, humblement, plus je serai ouvert à la différence de l’autre. Donc apprendre à ne pas juger l’autre commence par ne pas se juger soi-même. À expérimenter dans votre vie quotidienne : c’est une source de paix et d’équilibre.”
Pour aller plus loin, découvrez l’interview de Xavier Mounier qui mêle permaculture et Ennéagramme.