Raphaèle Bernard Bacot, artiste butineuse et auteure de « Jardiniers des villes, portraits croqués sur le vif » (Éditions Rue de l’Échiquier), propose, au rythme des saisons, sa chronique potagère. En ce mois de juillet, c’est la framboise qui est mise à l’honneur !
Quel plaisir que de découvrir leur tâche rouge sous le vert profond de leur feuillage ! Plutôt chères sur le marché, les framboises sont assez simples à cultiver, alors pourquoi s’en priver ? Pourtant, les framboisiers ne sont pas vraiment prédestinés à nos potagers d’Ile de France, ne poussant spontanément que dans les régions montagneuses d’Europe, comme dans les montagnes Alpines ou Vosgiennes, et ce, jusqu’en Laponie.
En France, leur histoire remonte à La Quintinie, fondateur du Potager du Roi, qui parle seulement de trois framboisiers : le commun à fruit rouge, le framboisier à fruit blanc et le framboisier des deux saisons. Il nous révèle que certains sont remontants, c’est-à-dire doublement productifs en offrant une première fois leurs petits fruits en juin ou juillet, puis de nouveau en septembre. Quelle aubaine pour les gourmands ! Mais l’essor de la culture des framboisiers ne se produira seulement qu’au XIX ème siècle dans la région parisienne et en particulier à Bagnolet. On y développe la « framboise dé » avec son fruit en forme de dé à coudre, ainsi que la «noire» et la « royale » aux gros fruits allongés. La gamme s’enrichit ensuite avec des nouvelles variétés anglo-saxonnes telles la « Double Bearing » ou encore la « Falstoff ». Or de nos jours, on ne cultive plus que des variétés récentes comme les « Fallgold » ou « Heritage » ou encore la framboise « jaune de Metz » .
Mais, attention ! Leurs tiges épineuses nous rappellent qu’elles font partie des rosacées comme d’autres ronces envahissantes. Les framboisiers demandent une taille l’hiver ou au début du printemps, avant l’éclosion des bourgeons pour ne pas dépasser le mètre cinquante. On coupe alors à la base les rameaux secs de l’année précédente et on palisse les jeunes canes entre deux fils solides, sans les serrer, afin de laisser filtrer l’air et la lumière.
Quant à l’orientation, préférez le soleil ! Plus ils en seront baignés, plus ils seront généreux. Néanmoins ils tolèrent la mi-ombre et surtout apprécient les sols riches et leur offrir une fois par an du compost est gage de réussite. Enfin, il reste une dernière précaution à prendre pour éviter que les mauvaises herbes ou adventices ne fassent trop de concurrence à leurs racines de surface et ne finissent par les étouffer ; il s’agit de pailler avant les beaux jours.
Et pour les retardataires qui auraient laissé passer les récoltes, ils pourront toujours se consoler par une tisane de feuilles de framboisier. Leurs feuilles infusées, procurent de nombreux bienfaits notamment auprès des femmes enceintes mais pas seulement, car leur richesse en minéraux, en calcium, en potassium, en antioxydants, et diverses vitamines, en font de précieuses amies. Alors feuilles vertes ou fruits rouges, ne résistons pas au charme des couleurs, côté framboise !