Parce qu’elle est le lieu où l’homme « s’humanise » pour devenir une personne mûre et responsable, la famille fait partie de ce patrimoine commun que chaque génération accueille pour en prendre soin et le transmettre aux générations futures. Elle est le « nid » fondateur de la vie sociale, où chacun, tout en se découvrant « unique », vit l’humanité en tant qu’expérience collective. C’est pourquoi, l’article 16 de la déclaration universelle des droits de l’homme proclame : « La famille est l’élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l’Etat ». Nous sommes tous à la fois vulnérables et interdépendants.
LORSQUE LA FAMILLE EST BLESSÉE, L’HOMME EST BLESSÉ.
La solidarité est consubstantielle à la famille. Solidarité entre les conjoints ; entre les générations ; entre les enfants. Solidarité vis-à-vis des plus fragiles. Solidarité aussi entre les familles et à l’égard de ceux qui ont perdu leur famille. La famille enseigne les premiers repères fondateurs : accueillir l’autre ; le respecter, œuvrer pour qu’il atteigne le bonheur auquel il est appelé. La famille est en effet le lieu où la personne humaine apprend à aimer : les enfants, en s’acceptant mutuellement ; les parents, en construisant leur amour conjugal, dans les bons moments et dans les crises ; en accueillant les enfants qui naissent de leur amour. C’est pourquoi, lorsque la famille est blessée, l’homme est blessé. Et quand l’homme est blessé, par les accidents de la vie ou par le fruit d’une volonté délibérée, dans une société libérale et individualiste, qui promeut l’homme « libéré de l’homme », la famille est blessée. Et au-delà, notre société tout entière. Notre pays en a fait l’expérience douloureuse lors du drame de la canicule de l’été 2003, où le déficit de liens au sein des familles (et le déficit de liens au cœur de la cité) a conduit au décès prématuré de 15 000 de nos concitoyens.
L’écologie humaine nous invite à promouvoir une juste relation entre l’homme et la famille, le lieu originel où se vit et se reçoit son humanité. Elle invite aussi à repenser le lien entre la solidarité familiale et la solidarité nationale qui ne peut être que subsidiaire palier les limites familiales et faire en sorte que, jamais, la solidarité nationale ne devienne le paravent de nos égoïsmes ni n’efface les solidarités familiales.
Du grec oikos « maison », le terme « économie » se rattache aussi à la communauté familiale, qui est le premier creuset et le berceau réel de tout échange, de type utilitaire ou marchand.
Réforme de la dépendance, question des aidants familiaux, partage des responsabilités au sein du couple, fiscalité des successions, réforme des minimums sociaux, autant de sujets – parmi tant d’autres – où l’écologie humaine a quelque chose à nous dire, autant de terrains où l’écologie humaine peut se vivre !