Racine du Saint-Esprit pour les médecins de la Renaissance, Herbe aux anges selon son nom latin, Herbe impériale pour les Russes, l’angélique se pare d’appellations toutes plus flatteuses les unes que les autres et offre de nombreux usages. Plongez dans son monde merveilleux !
Les origines
De quand date l’apparition de l’angélique dans le quotidien des hommes ? C’est assez flou : elle aurait été évoquée par Pline le Jeune dans certains écrits, représentée sur des pièces antiques Libyennes et certains historiens pensent qu’elle aurait été cultivée dans l’Égypte ancienne, 3000 ans avant J.-C.
Une chose est sûre : l’angélique est originaire de Scandinavie et a été introduite en France via les Ardennes au XIIème siècle. Son nom viendrait d’une légende selon laquelle un ange aurait indiqué aux hommes sa capacité à soigner la peste, faisant alors rage en Europe. Diluée dans un verre de vin, son huile aurait contribué à éradiquer ce « mal noir ». Là a débuté la légende. Et le mythe s’est poursuivi : il se disait que sa délectable odeur permettait de repousser les sorcières et les maléfices ; c’est pourquoi, elle fut longtemps accrochée au cou des enfants tandis que les adultes s’en servaient d’amulette.
La réalité est bien plus prosaïque : l’angélique s’avère être un excellent répulsif pour rongeurs et puces, premiers vecteurs de la peste.
Sa douceur fait sa force
Bien que l’angélique soit de la famille des Apiacées comme le céleris, l’anis ou le fenouil, elle possède un arôme bien plus doux, la rendant plus populaire que ces semblables.
Pour ce qui est de son goût, chacun y va de sa comparaison : Ginseng de Corée, Menthe, Génepi… À vous de tester et de trouver votre équivalent !
Elle réveille les papilles et soigne les maux
L’angélique possède de nombreuses vertus médicinales. Ses racines aux propriétés sédatives sont utilisées pour lutter contre l’asthénie (la fatigue), la fatigue nerveuse, l’insomnie et les troubles de sommeil.
Sous forme d’huile, cette plante est utilisée pour combattre les troubles digestifs, les ballonnements et l’aérophagie. Certains vont même jusqu’à lui prêter des propriétés anti-coagulantes.
Jeune feuilles converties en fruits confits ou en aromates, graines transformées en liqueurs emblématiques comme la Bénédictine, la Chartreuse ou l’eau de Mélisse des Charmes, pétioles des feuilles utilisées pour les galettes Charentaises, l’angélique est très répandue dans le domaine culinaire.
La ville de Niort en a même fait sa spécialité. Depuis le XVIIIème siècle, la ville porte une attention particulière à sa protection. Ainsi, pour qu’une galette puisse porter le nom de « Charentaise», l’Angélique doit forcément être cultivée aux portes du Marais Poitevin et transformée en Vendée.
Elle aime le froid
Préférant les climats froids, l’angélique pousse majoritairement à l’état sauvage dans les régions septentrionales et en Europe centrale.
En France, on peut la trouver sous deux espèces : l’Angelica sylvestris, présente à peu près partout sauf sur le pourtour méditerranéen, et l’Angélique de Razouls, largement répandue dans les Pyrénées, sur les flancs du Canigou, où les amateurs la traquent dès le début de l’été, pour célébrer la Saint Jean.
L’angélique peut également être cultivée : des plantations sont observables dans la région de Niort pour la confiserie ou la liquoristerie et dans la plaine de la Limagne, au nord de Clermont-Ferrand. Avis donc aux jardiniers du dimanche, l’angélique succède parfaitement aux fèves, haricots, pois ou engrais vert de la famille des Fabacées. En périphérie ou dans un massif,
elle saura agrémenter votre potager.
Mais, les apparences sont parfois trompeuses …
Du fait de leur ressemblance, l’angélique est parfois confondue avec la grande ciguë. Petit conseil pour ceux qui s’aventureraient à en ramasser : une fois ses feuilles froissées, la cigüe dégage une odeur nauséabonde.
À noter également, l’Angélique a été un temps utilisée pour son action abortive. Elle est donc fortement contre-indiquée pendant la grossesse.
En tisane, en décoction, en pâtisserie ou en liqueur, vous trouverez bien une manière de déguster l’angélique et peut être de découvrir ses bienfaits ! Attention toutefois, les furocoumarines (substances pigmentantes et photosensibilisantes) présentes dans la plante peuvent lui procurer des effets photosensibilisants. Un bain de soleil après une forte absorption d’angélique n’est donc pas recommandé.