La hyène tachetée, cet animal sociable

23 Oct, 2020 | NATURE & ENVIRONNEMENT

Charognard perfide et sanguinaire ; voilà comment est le plus communément présentée la hyène tachetée… qui s’avère aussi être l’un des animaux les plus sociables du règne animal. Zoom sur cette espèce plus intéressante qu’il n’y paraît.

L’unique représentante de son espèce

La hyène tachetée est l’unique représentante du genre Crocuta : l’ensemble de ses homologues (macrodonta, eximia, sivalensis, honanensis…) ayant disparu depuis leur découverte au XVIIIème siècle. 

La hyène tachetée diffère des autres espèces de hyènes par sa taille – c’est la plus grande de la famille – la morphologie de ses oreilles, courtes et rondes, et son pelage tacheté à l’origine de son nom.

Les hyènes tachetées présentent un dimorphisme sexuel (différences morphologiques plus ou moins marquées entre les individus mâle et femelle d’une même espèce) relativement atypique : en opposition à la majorité des vertébrés du règne animal, les femelles hyènes sont 3 % plus longues, 2 % plus grandes et surtout 10 % plus lourdes que les mâles. Quant à l’appareil génétique de ces dernières, il s’apparente à un pénis masculin. 

Braconnage, réduction de l’habitat, maladies, modification des habitudes de vie des proies… Avec une population entre 27 000 et 47 000 individus à l’échelle planétaire, le charognard a été classé “préoccupation mineure” par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Chaque année, cette dernière liste avec précision les espèces, tant faunistiques que floristiques, en état de stress d’extinction et tente d’orienter la politique des pays les accueillant afin de réduire les facteurs aggravant cette disparition.

Une intelligence hors pair, preuve à l’appui ! 

La hyène tachetée présente le plus gros cortex frontal de la famille Crocuta. De nombreux scientifiques vont jusqu’à dire que l’intelligence des hyènes pourrait être comparable, voire supérieure, à celle de certains primates, tels que les chimpanzés. 

Ces conclusions résultent de sessions expérimentales de résolutions de problèmes menées par des anthropologues de l’évolution. Les hyènes tachetées impliquées dans l’expérience comprennent très vite qu’elles doivent nécessairement s’allier pour débloquer les récompenses comestibles promises. 

Par paires, elles œuvrent à l’unisson et tirent les cordes mises à leur disposition, permettant d’obtenir le butin promis. Certaines hyènes, familières avec la démarche, allèrent même jusqu’à proposer leur aide à leurs homologues de clan inexpérimentés, leur permettant de résoudre bien plus rapidement la problématique.  

À l’inverse, les chimpanzés et autres primates impliqués dans la session, ne sont pas en capacité de résoudre la problématique sans une formation approfondie préalable des maîtres expérimentateurs. Et même après éducation de certains cobayes, aucune entraide n’est observée, confirmant les hypothèses des scientifiques : la coopération entre primates n’est pas toujours acquise, ou du moins n’est pas innée (article de Life Sciences). 

L’intelligence des hyènes tachetées est connue depuis longtemps : dès le XIXème, les colonisateurs néerlandais d’Afrique du Sud présentent ces animaux rieurs comme des êtres extrêmement intelligents, rusés et sournois, tout particulièrement après s’être extirpés de pièges humains. 

Ces capacités leur permettent d’être d’excellent prédateurs, allant jusqu’à planifier et définir des stratégies de chasse selon la proie traquée.

Un système hiérarchique strict 

L’organisation hiérarchique des hyènes tachetées est plus complexe que celle des autres mammifères du règne animal. Elle est souvent apparentée à celle des sociétés de primates cercopithèques (babouins, macaques…) de par la taille, la structure, la compétition et la coopération observées. 

Ainsi, les hyènes tachetées ont pour habitude de vivre en communauté, appelées “clans”, dont la taille varie en fonction de l’abondance des proies, soit des régions d’implantation. Il est commun d’observer des groupements de 100, voire 130 hyènes dans le Cratère de Ngorongoro où les proies sont nombreuses et sédentaires. À l’inverse, devant faire face à une population migratrice de proies, les cheptels du Parc National du Serengeti sont généralement de taille bien inférieure, excédant rarement les cinquante têtes. 

Pour autant, quelle que soit la région d’implantation, ces sociétés sont régies par les mêmes règles.Chaque groupement est structuré selon une hiérarchie de dominance linéaire stricte dont le noyau est composé d’un ou plusieurs groupes matrilinéaires, comprenant les femelles adultes et leurs progénitures. 

La hiérarchie des hyènes tachetées peut être qualifiée de népotique : les fils et les filles des femelles dominantes deviendront eux-mêmes supérieurs dans leur clan. Cette domination ne sera pas simplement hiérarchique, mais également physique. Ainsi, tant leur taille que leur poids, leur carrure ou encore leur force seront supérieurs aux autres membres du clans. 

Un groupement ne pouvant être constitué d’un nombre infini de dominants, il est d’usage que les femelles restent dans leur clan natal et que les mâles se dispersent pour migrer vers de nouveaux troupeaux. Ils intègrent donc ces derniers par le bas de la hiérarchie sociale et patientent le temps de pouvoir obtenir un statut social supérieur. Les femelles et mâles natifs domineront toujours les nouvelles recrues du groupement, étant donné que ces dernières ont perdu le soutien social dont elles jouissaient avant la migration. 

Les rangs dans les sociétés des hyènes ne sont pas dictés par les attributs intrinsèques à la bête (taille, sexe, force, agressivité…) comme souvent dans le monde animal. Le pouvoir est attribué aux individus ayant le meilleur réseau d’alliés au sein du clan.

À noter que cette structure est possible grâce à la capacité des hyènes tachetées de différencier les individus selon leurs relations de parenté, leur rang dans la collectivité et leur soutien social vis-à-vis des autres membres de la communauté, comme peuvent le faire les primates.

Et on a encore bien d’autres choses à vous raconter sur les hyènes. La suite au prochain numéro !


Sources

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 Générateur d’espérance