Dans le cadre du parcours de form’action Cap 360°, nous avons abordé le thème “créer”. De multiples facettes émergent autour de ce thème : nous sommes, au fond, tous créateurs, dans une nécessaire interdépendance, grâce à une tradition, un passé. Marine de Villepin, qui a fait partie d’une alvéole autour de l’art, explique en quoi la création est source de joie pour l’Homme.
L’élan créatif, intrinsèque à l’Homme
La créativité est intimement liée à l’histoire de l’évolution humaine. Sans elle, nous serions peut-être toujours au fond de nos cavernes…
Nous voyons combien l’élan créatif (qui rend l’Homme capable de trouver une solution originale pour s’adapter à un problème) est caractéristique de l’humanité, et combien il est nécessaire à bien des domaines de la vie. Bien que souvent associée à l’art, il suffit de regarder les progrès de la science, ou l’adaptabilité des individus à leur environnement pour voir que la créativité joue un rôle essentiel dans l’innovation et dans de nombreux métiers.
De l’enfant cherchant le moyen qui lui est propre d’apprendre sa poésie, à un cuisinier tâtonnant pour élaborer un nouveau plat, en passant par un danseur ou un compositeur, chaque individu a intrinsèquement la capacité d’être créatif et est appelé à exercer sa créativité pour avancer.
Créer, entre douleur et joie
Cependant l’acte de créer se fait parfois dans la douleur, car la condition pour que la créativité puisse s’exprimer et se déployer, c’est que la personne consente à une rupture et renonce à ses façons de faire et d’organiser sa vie habituellement. Pour cela, il faut savoir se reconnaître petit et imparfait, et accepter un certain lâcher-prise de sa vie bien ordonnée…
De cet « accouchement », fruit d’inspirations, d’associations d’idées, de spontanéité, de renoncements et, reconnaissons-le, parfois d’un peu de hasard, peut naître une création : une œuvre, une idée nouvelle, ou une méthode de travail innovante, par exemple.
Pour le philosophe français Henri Bergson, toute grande joie est la conséquence d’une création – par exemple la joie de l’entrepreneur qui a fondé une entreprise qui marche, ou la joie de la mère qui a engendré et élevé son enfant. Ainsi, le sens de la vie humaine serait la création. Et la joie qui en résulte serait un signe de son accomplissement.
- Joie de contempler sa création, résultat concret de sa créativité et de son travail manuel ou intellectuel. Insistons sur le travail des mains : Dans l’art contemporain, n’est-ce pas déroutant de voir la pauvreté de certaines œuvres qui se contentent de provoquer, ou de copier, sans aucun savoir-faire artisanal ? (par exemple l’artiste Richard Prince ayant fait une exposition de photos tirées d’instagram dont il n’est pas l’auteur) Quelle est la joie procurée par ces œuvres produites sans effort ?
- Joie de se découvrir capable de se dépasser. On l’a déjà dit, créer suppose de lâcher prise, et donc d’accepter le risque d’échec, de faire face à ses peurs. Mais c’est de cette façon que l’Homme peut expérimenter la profonde satisfaction qui découle de la surprise de voir le résultat dépasser ses espérances.
- Qu’ils le veuillent ou non, les créatifs, les artistes, exposent une façon de penser nouvelle, donnent à voir ce qui n’existait pas auparavant. Ainsi, ils partagent et mettent à disposition de nouvelles sources d’inspiration. Ils ont donc la joie de participer à la transformation du monde, ou à la perception que les autres en ont.
Chaque personne humaine est dotée de talents qui lui sont propres. L’enjeu est de se les révéler à soi-même, pour les mettre au service du bien commun, et ainsi, à plus ou moins grande échelle, d’enrichir le monde.
Albert Camus disait « créer, c’est vivre deux fois ». Si Léonard de Vinci n’est plus sur Terre, Sa Joconde, elle, est toujours là… ! De plus, en posant des actes créatifs, on inspire et provoque d’autres actes créatifs.
Raison de plus pour laisser parler la créativité que nous avons tous en nous !
Marine de Villepin Infirmière de formation, j’ai exercé ce métier pendant 3 ans après l’obtention de mon diplôme. Il y a 5 ans, j’ai suivi des cours de photo à l’école d’art de Lorient. Cela a abouti à une reconversion dans la photographie : travailler avec des entreprises, chercher la meilleure façon de valoriser leur savoir-faire, révéler le beau, voilà un défi qui me plaît ! En 2014, j’ai participé à une exposition collective à Lorient, dans le but de promouvoir le Courant pour une Ecologie Humaine, occasion de travailler et d’échanger entre artistes sur ce que représentait l’Homme pour nous. Aujourd’hui en congé parental et maman de 5 enfants, je prépare ma reprise du travail en recherchant un moyen de concilier mon envie de prendre soin de l’autre, et le besoin de laisser parler ma créativité. Étonnamment je crois que ces deux envies sont liées. Il y a de la joie à donner et à partager ! Je prépare également une exposition collective avec des artistes brestois sur le thème de la Miséricorde.