Tiré du mémoire de Cyrille Krebs, responsable de l’alvéole Éducation, le texte ci-dessous décrit comment atteindre un bonheur personnel via la vie dans la vérité, afin d’atteindre son bonheur personnel.
La vérité ne dépend pas de nous. Elle est l’adéquation de l’immanence en acte de notre intelligence avec la chose réelle connue ou la rectitude de l’acte posé. Notre intelligence est mesurée par le réel, par la réalité objective. Penser le contraire, c’est rompre avec le réel, se résoudre au nominalisme et penser que l’homme est isolé en lui-même, séparé de la réalité, enfermé dans une connaissance qui apparaît subjective, se penser comme la mesure du réel et de soi-même. Du coup, la volonté n’est plus perçue comme un consentement au bien objectif et transcendant de l’être – ni comme une réponse éclairée à l’attraction que l’être, en tant que bien capable de nous combler, exerce sur nous – mais comme un acte souverain de l’homme [1]. Si le réel ne peut plus être atteint, s’il n’exerce pas sur nous son attraction, l’intelligence et la volonté deviennent capacité à s’autodéterminer et à agir efficacement pour obtenir ce que nous voulons sans qu’il puisse y avoir de jugement de valeur. Alors, nous ne nous laissons plus attirer par le bien auquel nous nous sommes disposé et auquel nous consentons dans une attitude d’accueil, de réception. Au contraire, nous estimons que nous devons décider par nous-même des projets à réaliser. Ainsi le père ne consent plus à la paternité comme un bien « reçu », un bien en soi, mais perçoit ses enfants comme autant de projets personnels à réaliser. On décrétera « un enfant si je veux quand je veux ». L’enfant est mon projet.
En réalité, « la vérité suit l’existence des choses » de ses êtres qui me transcendent et vers lesquels je suis porté comme autant de biens. Ces réalités qui nous sont données, avant tout dans la contemplation, d’abord par les sens, s’imposent à nous à travers l’acte de notre intelligence. Nous sommes tous placés face aux réalités extra mentales avec la capacité de les rendre intelligibles. Nous subissons leur pouvoir d’attraction dans la mesure même où nous les connaissons. A travers elles, nous pouvons réaliser notre bonheur [2].
[1] Plus profondément, nous devons « choisir : soit une rationalité philosophique autonome, mais humblement consciente de ses limites et de ce fait ouvert à la révélation ; soit un rationalisme orgueilleux et fermé, campant sur ses limites, et revendiquant son indépendance pour déterminer seul ses fins ». Louis Chamming’s, « Actualité d’Humanisme intégral : perspectives pour un nouvel âge de civilisation », Revue des sciences religieuses [En ligne], 81/3 | 2007, mis en ligne le 02 décembre 2015, consulté le 19 juin 2016. URL : http://rsr.revues.org/2370 ; DOI : 10.4000/rsr.2370
[2] Aristote insistait pour que l’homme vive selon ce qu’il a de plus grand en lui, l’intellect.