Le Ginkgo est le premier feuillu apparu sur terre. Geoffroy Saillard, jardinier-paysagiste spécialisé dans les jardins résilients en permaculture urbaine nous en dit plus sur cet arbre fascinant.
Le Ginkgo Biloba a comme petit nom l’arbre aux 40 écus, grâce à sa couleur jaune d’or en automne, et parce qu’il fut acheté pour la France vers 1780 pour la somme de 25 guinées, l’équivalent de 40 écus d’or. C’est un vrai rustique, un véritable fossile sorti de la nuit des temps. Issu de Chine, très cultivé au Japon et en Corée, il fut introduit en Hollande en 1727, pour arriver au France en 1788, à Montpellier. On le trouve encore sous l’appellation noyer Japonais ou abricotier d’argent.
Le premier feuillu sur terre
Le Ginkgo est le seul survivant de sa famille, un groupe primaire de gymnospermes (plante à l’ovule nu, porté par une feuille fertile comme le pin ou l’if).), arrivé avant les angiospermes qui sont la majorité de nos plantes feuillues dont l’ovaire est enclos dans une fleur. Le Ginkgo comme le Cycas ne sont pas des conifères et ce sont les seuls représentants de leur famille qui ont vu leur apogée à l’ère du jurassique ou l’ère carbonifère (200M d’année avant notre ère ; le climat était particulièrement humide et chaud, il y avait très peu d’animaux terrestres, les plantes avaient le champ libre, d’où la prolifération des lygopodes, prêles et fougères (toujours présentes aujourd’hui) mais qui pouvaient atteindre 45m de haut avec des feuilles de 1m à 3m de long. Le Ginkgo a quasiment disparu à l’ère glaciaire et fut sauvé in extremis au XXe siècle par des moines chinois : cet arbre est surtout cultivé et ne semble pas pousser spontanément.
Des pouvoirs extraordinaires
Le Ginkgo peut se prévaloir d’exploits historiques, pouvant conjurer du feu et écarter les incendies. Ainsi, après un tremblement de terre en 1923, un temple entouré de Ginkgo à Tokyo fut préservé d’un énorme incendie. Des rapports de terrain démontrent aussi son incroyable résilience : il résiste à toute forme de toxicité ou de radiation. L’exemple le plus frappant est celui d’Hiroshima, où, un an plus tard, aucune vie n’a repris sur cette terre irradiée, hormis de petites pousses de Ginkgo qui sortent du sol à partir de la souche de l’arbre calciné à côté du temple détruit.
Bon ou mauvais genre ?
Le Ginkgo peut aller jusqu’à 20m de haut et croît plutôt lentement : de 2m à 2m50 tous les 10 ans, pour un diamètre de 5 à 6m. Ce sont des plantes dioïques : il y a des mâles et des femelles. Ces dernières sont plus étalées et moins élancées que l’arbre mâle. C’est très rare de pouvoir distinguer cette différence à l’œil nu, dans le règne végétal. À part sur les inflorescences, on ne peut pas reconnaître le sexe des plantes à leur « port », à leur allure. Quant à la reproduction de notre extraordinaire feuillu, elle est unique en son genre : l’ethnobotaniste Jean Marie Pelt n’hésite pas à affirmer que le Ginkgo est un arbre ovipare : il pond des œufs ! Il s’agit de cette fameuse grosse prune laquelle, lorsqu’elle arrive à maturité, en octobre-novembre et qu’elle s’écrase au sol, dégage une odeur très désagréable. C’est un ovule qui attend, porté par le vent, le spermatozoïde (un grain de pollen de l’arbre mâle) pour féconder et créer dans le fruit une racine et un nouvel arbre, un jeune embryon qui sera protégé dans ce fruit faisant office de placenta. Cette fécondation peut se faire sur l’arbre mais aussi sur le sol après que les gros œufs soient tombés de l’arbre. Les premiers ovules sur un arbre femelle de ginkgo n’apparaissent jamais avant trente ans. Les asiatiques le consomment comme des amandes grillées.