Pour Georges Sand, c’est le plus beau des jardins ! Gustave Thuret (1817-1875), botaniste et algologue, est célèbre pour son travail sur la reproduction des algues en Normandie. Contraint de s’installer dans le Sud de la France en 1857, il acquiert une propriété et un vaste terrain : la Villa Thuret. Laissez-vous guider dans les allées exotiques et singulières de ce trésor végétal.
Gustave Thuret, un précurseur
Ce jardin botanique extraordinaire est à la fois un enchantement pour les yeux et un espace de découverte et de recherche. En effet, Gustave Alfred Thuret, botaniste et algologue, à l’origine de la Villa, avait pour ambition de remettre sur le devant de la scène les plantes tropicales.
Ses travaux se sont donc essentiellement concentrés sur l’introduction, l’acclimatation et l’étude de différentes plantes exotiques, telles que l’eucalyptus ou différentes espèces de palmiers.
Au cours de ses recherches, il sera en étroite collaboration avec le Muséum d’Histoire Naturel de Paris et Jean-Baptiste Édouard Bornet, botaniste et lichénologue (1828-1911). Ce dernier deviendra un ambassadeur important de la Villa, et une passerelle précieuse vers le monde scientifique, grâce à la publication posthume des travaux de Thuret.
Thuret est un véritable précurseur de l’acclimatation des plantes exotiques dans le Sud-est méditerranéen.
La villa Thuret : vers la consécration scientifique
Au fil du temps, la Villa Thuret devient un satellite du Jardin des Plantes parisien. En 1877, deux ans après la mort de Thuret, sa belle-sœur – Louise Fould – lèguera le jardin à l’État. La maison sera progressivement transformée en véritable laboratoire. Entomologistes, agronomes et botanistes devinrent les heureux habitants de cet écrin de verdure.
Dans les années 1940, des travaux d’agrandissement sont entrepris afin d’installer de nouveaux laboratoires, et pour accueillir les chercheurs.
Au fil des ans, le jardin a cumulé de nombreuses distinctions le plaçant au faîte de l’étude botanique sur le territoire méditerranéen. Parmi les plus prestigieuses : Jardin Remarquable en 2007, Arbres Remarquables de France depuis 2015, ou Jardin Botanique de France depuis 2017.
La villa Thuret possède également le label Maison des Illustres en 2018. Ce titre vise à signaler au public les lieux dont la vocation est de conserver des collections en rapport avec des personnalités et de leur donner une meilleure visibilité.
Le jardin botanique, aujourd’hui
Aujourd’hui, la Villa Thuret compte 2 500 arbres et arbustes représentant 1 600 espèces, répartis en 144 genre ! Ce lieu magique où sont cultivées plantes et recherches scientifique, place le végétal sur le devant de la scène, sur pas moins de 3,5 hectares !
Parmi ces espèces, des groupes taxonomiques sont particulièrement bien représentés : les cycadales, les conifères – dont une collection exceptionnelle de cyprès – les palmiers ; les légumineuses (diverses espèces d’acacia australiens) ; les chênes méditerranéens ; les myrtacées australiennes…
Certaines plantes se distinguent par leurs usages humains dans le monde ou le pays d’origine (plantes médicinales, alimentaires, artisanales, cosmétiques, dépolluantes, …), ou par leurs anciennetés sur terre. D’autres se distinguent par leurs modes de vie très particuliers, comme les plantes pyrophytes d’Afrique du Sud adaptées au feux de brousses et parfois par les relations que certaines peuvent avoir avec la faune de leurs milieux ( types particuliers de pollinisations…).
Une multitude d’acteurs pour un projet commun
Différents acteurs prennent aujourd’hui soin du Jardin botanique Thuret et participent à son épanouissement.
L’équipe botanique a en charge la gestion et la valorisation du jardin historique labellisé « jardin remarquable » mais aussi celle de tout le patrimoine scientifique (collections, herbier, bibliothèque, archives).
L’équipe biocontrôle, quant à elle, développe des stratégies de lutte biologique contre les principaux ravageurs. Les thématiques actuelles comptent notamment la lutte contre les ravageurs des palmiers (charançon Rhynchophorus ferrugineus et le papillon palmivore Paysandisia archon) ainsi que la pyrale du buis (Cydalima perspectalis). Ces travaux ont fait l’objet de nombreuses « déclarations d’inventions et de résultats valorisables » et de prix d’innovation.
L’éducation est également un pilier du Jardin Thuret. Des équipes de médiation scientifique sont activement mobilisées afin de promouvoir ce fascinant patrimoine botanique. La Villa organise en particulier des stages, des groupes de réflexion et de recherche. À l’heure où nous écrivons ces lignes, un groupe de paysagistes mènent une recherche autour d’une question fondamentale : les arbres de demain en Méditerranée.
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