Ce mois-ci, la maison des bouquins vous propose la biographie d’un personnage exceptionnel : Fridtjof Wedel-Jarlsberg Nansen (1861-1930) explorateur polaire, scientifique, homme d’État et diplomate norvégien, qui créa un statut pour les réfugiés et reçut le prix Nobel de la Paix (rien que ça). L’on vous présente donc ci-dessous Le passeport de Monsieur Nansen par Alexis Jenni, paru en octobre 2022 aux éditions Paulsen.
“Les moustaches abondantes, les traits martelés, l’air terrible que ne tempère jamais aucun sourire. C’est ce qui frappe quand on passe en revue la multitude de photos que l’on a conservées de lui : sur aucune d’elles, il ne sourit.”
“Le passeport de monsieur Nansen”, Alexis Jenni
L’histoire
Né en 1861 en Norvège, Fridtjof Nansen passe son enfance à skier, patiner, nager, et à partir à l’aventure dans la forêt avoisinante. Champion du monde de patinage à dix-huit ans, il sera également champion norvégien de ski de fond. Après des études en zoologie, il se livrera à d’importantes recherches sur la neuroanatomie. Aventurier dans l’âme, il entreprend une traversée du Groenland à ski et tentera, plus tard, d’atteindre le Pôle Nord. De retour au pays, il devient diplomate et s’exprime en faveur de l’indépendance de la Norvège, alors liée à la Suède.
À la suite de la Première Guerre mondiale, Nansen participera activement au rapatriement des prisonniers de guerre. Sa contribution au sort des réfugiées de l’après-guerre inspirera le titre du roman : il instaure des passeports, dits “passeports Nansen”, permettant aux réfugiés de traverser sans encombre les frontières européennes. Sa contribution au sort de centaines de milliers d’individus lui vaudra un prix Nobel de la Paix.
L’avis d’un lecteur
Vous allez découvrir une narration chronologique classique de la vie de Fridtjof Nansen, tour à tour sportif, scientifique, dessinateur, explorateur polaire. Tout lui réussit mais toujours ceint d’une ténébreuse mélancolie ; le personnage n’apparaît d’ailleurs pas toujours sympathique.
Le récit défile ; on y découvre un explorateur obstiné et pragmatique, un peu visionnaire, un peu tyran, un peu naïf, un peu chanceux également même s’il a su aider sa chance.
Ce n’est que dans les dernières pages que sa vie de diplomate apparaît et avec elle, le fameux passeport. Certains pourront trouver le récit déséquilibré mais il faut garder à l’esprit les propos de Nansen tenus juste après l’obtention de son prix Nobel de la paix en 1922, rapportés page 191. S’il a été promu diplomate ce n’est pas de son fait. Bouillonnant d’agir et désœuvré au sortir de l’époque des conquêtes polaires, il a été utilisé pour son aura de héros citoyen d’une nation neutre, pour son opiniâtreté romantique qui exclut tout renoncement et pour son intégrité. Donner une part importante à sa vie “d’avant” est primordial pour comprendre Nansen.
Une belle découverte !
À propos de l’auteur
Alexis Jenni, né le 24 avril 1963, vit et travaille à Lyon où il enseigne comme professeur de Sciences de la Vie et de la Terre. “L’Art français de la guerre” est son premier roman, pour lequel il reçoit le prix Goncourt le 02 novembre 2011.
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