Ce mois-ci, la maison des bouquins vous propose un roman de François d’Épenoux : Le Roi-nu-pieds paru aux éditions Anne Carrière en janvier 2023.
Le Roi-nu-pieds : l’histoire
À travers une relation père-fils conflictuelle, une réflexion très actuelle sur le défi de la transition écologique, les limites de la société consumériste, le besoin de se recentrer sur l’essentiel…
Niels, 25 ans, habite depuis des années dans une cabane sans eau ni électricité sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Il vit de dons et des produits de son potager. Un été, il débarque à l’improviste dans la maison de vacances familiale, accompagné de sa copine et de son chien. Il y a là son père, Éric, sa belle-mère, leur fils, et la grand-mère complice.
La cohabitation devient vite explosive. Niels fume pétard sur pétard, dort le jour, boit de la bière… Excédé, son père finit par le chasser de la villa à grands coups de « dégage ! ».
Mais la roue tourne. Deux ans plus tard, Éric se retrouve sans emploi. À bout de forces et endetté jusqu’au cou, il décide de rejoindre le seul être qui ne le jugera pas : son fils, Niels.
Père et fils vont peu à peu se réapprivoiser, travailler ensemble sur la ZAD, Niels mettant son père à l’épreuve et Éric découvrant la « vraie vie » de son fils, les raisons de ses choix, son bonheur simple de Robinson en communion avec la nature.
Chaque jour qui passe convainc Éric que là se trouve sa nouvelle vie. Jusqu’au moment où…
Le roi-nu-pieds : l’avis d’Anne
Eric.
Lui c’est le père, une vie personnelle confortable et une vie professionnelle réussie. Il ne supporte pas / plus Niels.
Niels.
Lui c’est le fils, altermondialiste et zadiste. Trainant pieds nus, sentant la crasse et le joint à dix mètres à la ronde.
Le jour où Niels débarque à l’improviste sur le lieu de vacances de son père, ce dernier espère une réconciliation mais non, décidément ce ne sera pas possible… L’attitude du garçon est insupportable et Eric éjecte brutalement Niels du cocon familial.
Seulement, deux ans plus tard, Eric va perdre son travail et tous ses repères ; alors, plutôt que de finir sous les ponts, pourquoi pas la ZAD et qui sait ? Peut-être une réconciliation avec son fils ?
Un roman très sympathique. La fin ne m’a pas tout à fait convaincue mais le livre vaut vraiment le coup d’être lu. Un bon moment, trop vite passé !
Un extrait de Le roi-nu-pieds
« Corollaire de cet état de fait, tout m’insupportait, forcément. Les gens dans la rue, les postiers avec leur vélo, les cadres sup à mallette, les artisans, les chauffeurs de bus, les commerçants, tous ces citoyens normaux qui avaient une vie normale, avec un boulot normal, un salaire normal, et qui rentraient le soir chez eux avec le sentiment du devoir accompli.
Les dîners en ville, n’en parlons pas. Je n’en pouvais plus des goody goodies, ces bluffeurs désireurs de présenter leur vie comme un clip sur écran plat. À les entendre, tout allait toujours bien, madame la marquise ! Les riches et les pauvres, oh là là, y en avait toujours eu, fallait bien que le marché fonctionne ! Les feux de forêt, les inondations, les catastrophes, mais enfin c’était vieux comme le monde ! En eux, je voyais des carnassiers hors sol qui dansaient dans la même ronde, pourvu que ça crache et que ce soit défiscalisé. Ici, des avocats prêts à défendre les pires causes – multinationales du pesticide ou ministres corrompus. Là, des hommes d’affaires acharnés à refourguer leur yaourt ou leur shampoing lissant à des pays émergents qui, jusque-là, s’en passaient très bien, créant des besoins et de la pollution là où il n’y en avait pas. Ici encore, des lobbyistes lapant leur soupe là où elle était bonne, sans trop savoir de quoi elle était faite. Une seule patrie, le business, une seule religion, l’ultralibéralisme, un seul totem, le pognon. Les pires étant ceux qui, par volonté de connivence avec moi, se faisaient passer pour plus fauchés qu’ils n’étaient.
En réalité, tous se tenaient par la main, l’important étant de jouir du Disneyland planétaire avant l’apocalypse. Vite, vite, profiter de la neige avant qu’elle ne fonde. Vite, faire des safaris-photos avant que les dernières giraphes n’aient disparu. Et le poster sur Insta. Vite, vite, prendre l’avion pour un oui ou pour un non, aller se dorer le nombril aux Maldives avant qu’elles ne soient sous l’eau. Et en attendant, vendre, acheter, placer, spéculer sur les dernières terres vierges ou vaguement dans leur jus. Se nourrir sur la bête avant qu’elle ne s’effondre. Après les hyènes, le déluge. Les enfants réussiraient bien à se débrouiller. Riches du patrimoine de leurs parents et dûment mariés entre rejetons de clans semblables, ils deviendraient nouveaux nomades et s’installeraient en Suisse, au Canada ou en Scandinavie, là où l’air est plus pur et les espaces plus vastes. »
À propos de François d’Épenoux
François d’Épenoux, né en octobre 1963, est journaliste de formation. Il écrit des articles pour différents supports de presse tels que Le Figaroscope, Cosmo, Jasmin, Quo, Men’s Health.
En parallèle de sa carrière de journaliste, il a écrit 9 romans aux éditions Anne Carrière, dont le premier, Gégé, a atteint la sélection finale du Prix Goncourt du premier roman.
Deux de ses romans ont été adaptés au cinéma : Deux jours à tuer en 2008 réalisé par Jean Becker, et Les Papas du dimanche, en 2012 par Louis Becker.
Notre dernier coup de cœur : Belle Greene (Alexandra Lapierre)