Pénélope, une jeune professionnelle à qui nous avons récemment offert une tribune au sujet de la génération Y, s’intéresse cette fois-ci au « made in France », à travers la success story entrepreneuriale du Slip français. Un article qui fait mieux comprendre ce que signifie le “fabriqué in France” et qui ouvre des pistes de réflexion sur le fait de “consommer local”.
Le slip français : les dessous de l’histoire
Guillaume Gibault, 29 ans, fraîchement diplômé d’HEC et au chômage depuis quinze jours, décide de créer son entreprise. En discutant avec des amis, il a une illumination : fabriquer le Slip français ! Pari surprenant que celui d’arriver à vendre des slips « 100% made in France » sous cette appellation. Il fallait y penser ! En 2011, celui qui se veut être le « Michel et Augustin de la mode » se lance dans l’aventure avec son associé Louis Epaulard. Depuis, la marque spécialisée dans les sous-vêtements fabriqués en France ne cesse de prendre de l’ampleur et collabore avec de grands noms du textile français, tel qu’Agnès B. Leurs slogans interpellent et font sourire : « vous voulez changer le monde, vous voulez changer les choses, commencez par changer de slip », “Le changement de slip, c’est maintenant”, “La France forte en slip ». Ils ont même sorti « le slip qui sent bon » ! Je suis loin d’être la seule à l’avoir remarqué puisque « le Slip Français », qui a su faire du buzz un business, a reçu le prix “Marketing digital”, en 2014, à l’occasion des Trophées des industries numériques de l’année, organisés par l’Usine Digitale. Les deux entrepreneurs prônent l’authenticité de notre douce France avec beaucoup d’humour et… « ça like » !
Choisir le « fabriqué en France » : un achat « patriotique »
La mondialisation de l’économie fait trembler la France. Le discours dominant place souvent notre pays en position de victime dans un monde globalisé. La crise financière a précipité la désillusion au sujet de l’Europe : faible croissance, taux de chômage et de précarité élevés. L’Europe est dépassée par les pays émergents et la France par ses voisins ! Le brexit annonçant la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne est l’illustration parfaite de cette désillusion. Souvenons-nous, en passant, que la France n’est pas seulement victime de la mondialisation : elle a contribué à en fixer les règles et continue à en tirer des bénéfices.
Passons. Une prise de conscience est heureusement à l’œuvre : certaines entreprises choisissent encore de produire en France, mettant en avant les compétences, le savoir-faire et la proximité géographique comme atouts concurrentiels. Cela fait du bien : les ressources de la France et des Français sont à l’honneur !
Le défi va être d’oser le « patriotisme économique » : les Français sont-ils prêts ? Une étude réalisée par l’Ifop pour les opticiens Atol, en 2015, révèle que 70% des Français se disent prêts à payer 5 à 10% plus cher pour acheter des produits fabriqués en France. Les chiffres tendent à prouver que cette tendance de consommation s’affirme quel que soit l’âge. Cette même étude démontre que 95% des Français estiment qu’acheter un produit fabriqué en France est un acte citoyen permettant de soutenir l’industrie nationale. Une proportion grandissante de Français perçoit le « fabriqué en France » comme un élément différenciant pour les produits de consommation courante. Leur motivation pour cet achat « patriotique » revêt plusieurs dimensions : la sauvegarde de l’emploi et le soutien à l’économie nationale, la recherche de la qualité et de la sécurité d’usage, le respect des normes sociales, ou encore la minimisation de l’impact environnemental.
Une production dite locale, pour de vrai ?
En Europe, le marquage de l’origine des biens non alimentaires est facultatif. La complexité croissante des processus industriels rend difficile la détermination de l’origine d’un produit. Doit-on prendre en compte l’origine des matières premières (dont beaucoup, comme le coton, ne sont pas disponibles en France) ou seulement les étapes de fabrication ? Ces dernières peuvent d’ailleurs ne pas toutes être réalisées sur un même lieu. Enfin, des activités immatérielles, comme la recherche et le développement, représentent une part importante de la valeur ajoutée d’un bien, et peuvent compter dans « l’origine nationale » d’un produit, sans pour autant favoriser l’emploi industriel sur le territoire. Des règles permettent d’établir la « nationalité » d’un produit quand des facteurs de production provenant de plusieurs pays interviennent dans son élaboration : composants, matières premières et diverses étapes de la fabrication. De manière schématique, le produit prend l’origine du pays où il a subi sa dernière transformation substantielle (ou « ouvraison », notamment dans le secteur du textile). Plus précisément, à chaque catégorie de produit correspond une liste des transformations substantielles.
Ainsi, lorsqu’un fabricant fait le choix d’apposer une telle mention, celle-ci ne doit pas être de nature à tromper le consommateur sur l’origine du produit selon l’article L217-6 et L121-1 du code de la consommation… Ce qui n’empêche pas de nombreux produits d’être étiquetés « made in France » sans être réellement fabriqués en France. Concernant le Slip français, du tricotage des fils de coton à la confection, en passant par le design et le packaging, toutes les étapes de fabrication sont bien “de chez nous”. Il ne s’agit donc pas d’une fiction juridique mais d’une réalité !
« local » rime-t-il avec « écologique » ?
Emergent des labels qui contrebalancent la prolifération d’indications et de logos hétérogènes, et parfois sans fondement rigoureux, sur l’origine des produits. Pour en bénéficier, les entreprises doivent respecter un cahier des charges précis. En parallèle, les consommateurs (vous et moi) prennent conscience qu’ils peuvent acheter avec discernement et contribuer à préserver l’environnement dans une certaine mesure, en achetant des produits aux répercussions écologiques moindres. Ils peuvent choisir en connaissance de cause les produits « Ecolabel » reconnu par tous les pays membres de l’Union Européenne et de l’Espace Économique Européen qui concerne produits et services. Il a été institué par le règlement (CEE) N° 880/92 du Conseil du 23 mars 1992. Il est applicable seulement depuis le 20 février 2010. Il existe également un label français et écologique : la marque NF.
Développons nos richesses françaises et achetons avec discernement pour la France et pour la planète entière en favorisant ces logos ! Nous ne pouvons pas reprocher aux politiques de ne pas agir si nous n’agissons pas nous même. Acheter local est un moyen d’agir en soutenant des entreprises qui ont fait le choix de produire autrement.
Et le slip français, dans tout ça ?
Sa production locale est plus respectueuse de l’environnement. Elle limite les déplacements et par la même la consommation de pétrole et les émissions de C02. Acheter Le slip français, c’est local et plus écologique, mais pour les Français ! On entend parler de l’ouverture d’une boutique à LA…. Or, je suis sure que les américains aussi peuvent fabriquer leurs slips ! Je ne suis pas experte en économie et ne peux que me réjouir du succès de cette marque audacieuse, évidemment. Mais il serait intéressant d’intégrer à la réflexion globale la minimisation de l’impact environnemental. Cette marque redonne confiance et fierté vis-à-vis de la production française mais attention à garder une cohérence et ne pas créer une désillusion écologique ou humaine !