Le super pouvoir de votre épargne : Agathe témoigne

14 Juin, 2021 | ÉCONOMIE, ENVIRONNEMENT, FINANCE, SOCIÉTÉ DE BIEN COMMUN

Les hasards de la vie nous ont fait rencontrer Agathe, une sympathique trentenaire au visage ouvert. De fil en aiguille, la discussion a porté sur nos moyens d’action pour changer le monde. C’est à ce moment-là qu’Agathe a sorti son joker : le placement solidaire de son épargne, à la Nef. On a eu envie de partager son témoignage avec vous.

L’épargne solidaire est une pratique consistant à s’assurer que son épargne est (ré)investie dans des activités à utilité sociale, sanitaire et/ou environnementale, relevant de l’économie sociale et solidaire. Les activités concernées sont très diverses : insertion, accompagnement social, accès au à l’eau potable, aux soins, à un logement et à un environnement sain, lutte contre l’endettement et l’insalubrité, microcrédits aux particuliers ou aux TPE, financement de certaines PME, gestion, restauration et protection de l’environnement, commerce équitable, développement durable, entrepreneuriat dans les PED, réhabilitation énergétique du logement et autres moyens de lutte contre la précarité énergétique

Wikipedia

Économie, mon amour

Agathe : “L’un de mes meilleurs amis, du temps où j’étais étudiante, était Adrien. Après son école de commerce, il avait décidé de s’engouffrer dans une voie classique et “faire du fric” le plus vite possible. Et puis, il y a eu un revirement de situation… Doté d’une belle capacité de réflexion, il a pris de la hauteur sur son parcours de vie. Ce qui l’a mené à réfléchir à la place de l’argent dans sa vie personnelle et à son pouvoir dans la vie collective. Il en a même fait une conférence très pédagogique, disponible sur YouTube, intitulée “Économie, mon Amour”. C’est grâce à lui que j’ai pris conscience que l’argent – à travers la monnaie et/ou l’épargne, notamment – était quelque chose de très politique. L’argent permet la naissance – ou la mort – des choses de la vie sociale, qui nous concernent tous, et qui sont parfois d’utilité publique.

Là, j’ai compris que mon épargne – cet argent dormant – ne devait pas être placé n’importe où. Car en fonction des projets choisis par ma banque, mon épargne peut participer à la vitalisation d’un territoire, en faisant émerger des petits commerces, par exemple, ou, au contraire, accélérer la perte de notre biodiversité.

Cette idée a mûri un moment et, en 2015, je me suis finalement décidée à changer de banque. J’ai choisi le Crédit Coopératif pour mon compte courant et la Nef pour mon épargne. Cette dernière ne propose pas de compte courant aux particuliers pour le moment, ne disposant pas de l’agrément bancaire nécessaire. Cela dit, ces comptes courants ne représentent qu’1/10ème de l’épargne globale des Français* (500 milliards sur un total de 5 000 milliards)…

Pour être honnête, c’était un véritable effort – pour moi qui déteste les démarches administratives – de créer deux comptes dans deux banques différentes ! Mais le jeu en vaut la chandelle.

Comment ai-je choisi ces banques précisément ? En effectuant des recherches internet, de façon tout à fait classique. J’ai déniché un reportage France 3 sur les banques éthiques, qui donnait la parole à Jean-Marc de Boni, président du Directoire de la NEF, à cette époque :

La banque éthique, c’est une banque qui exerce la transparence dans les flux d’argent. En clair, quelqu’un qui dépose de l’argent va savoir ce à quoi il va servir et la banque va lui dire ce à quoi, in fine, elle l’a utilisé en publiant l’intégralité des opérations qu’elle a réalisées.

Pour moi, cela faisait un bon parallèle avec la réflexion d’Adrien et tout ce qu’il me disait au sujet de la monnaie locale, notamment. Les associations qui les créent ont des pouvoirs similaires à ceux des banques, au fond. Elles ont les outils pour tisser un réseau de commerçants et de consommateurs à l’échelle locale.

Au Pays basque, par exemple, il y a une monnaie qui s’appelle l’eusko, lancée le 31 janvier 2013 par l’association sans but lucratif Euskal Moneta. Aujourd’hui, ils forment comme une petite banque, à leur échelle, qui leur permet de soutenir des projets. La décision d’investir peut être collective et résulter en un outil démocratique. On discute ensemble de l’utilité sociale de l’implantation de tel ou tel magasin, par exemple. Est-ce qu’on a besoin d’un nouveau magasin de cigarette électronique ? Ou est-ce que l’on préfère avoir une épicerie de productions locales ? Et si l’on demande aux habitants de décider, je pense que la cigarette électronique va être rapidement écartée !

Les valeurs de la Nef correspondaient donc à ce que je cherchais. Encore aujourd’hui, je vais de temps en temps sur leur site internet pour découvrir des entreprises auxquelles ils accordent des crédits : un boulanger qui veut acheter un nouveau four à pain parce qu’il cultive ses céréales et qu’il lui faut un nouvel outil de travail ; deux jeunes femmes dans un village du côté de Grenoble qui souhaitent monter une boutique de fripes, etc.

C’est bien fait : on peut facilement naviguer d’un projet à l’autre, par région. Le siège social de la NEF est basé à Lyon, mais il y a des projets un peu partout en France.

Voilà à quoi sert mon argent et celui de tous les usagers de la NEF : dynamiser le tissu économique local, rendre vivant nos territoires, donner leur chance à des entrepreneurs conscients et consciencieux.

Récupérer mon épargne, quand j’en ai besoin

À l’époque, étaient proposés des comptes à terme qui permettent de récupérer son argent au terme d’une durée définie au moment de la création du compte. Ce n’est pas ce que j’ai choisi : je suis sur une épargne classique où je récupère ce que je veux quand je veux. Avec la NEF, c’est très simple. La règle est que l’on peut récupérer 10 000€ toutes les cinq minutes (Si on a l’épargne nécessaire, cela s’entend 🙂 ! Il faut juste attendre ce laps de temps entre deux demandes de virement sur internet. C’est très pratique ; ça permet de ne pas avoir besoin d’anticiper avant chaque virement.

De manière générale, je ne suis pas en faveur de l’épargne rémunérée, je ne veux pas qu’on me récompense de mettre mon argent au chaud. En revanche, j’ai une attente : le jour où j’aurai besoin d’argent pour monter un projet personnel ou professionnel, j’espère être récompensée de la confiance que j’ai mise dans ma banque, en obtenant facilement un crédit. Il se trouve qu’à ma connaissance, la NEF n’investit que dans les projets professionnels… Peut-être un jour deviendrai-je commerçante ? Je n’hésiterai pas à frapper à leur porte !

Quoi qu’il en soit, je suis contente que mon argent ne serve pas juste à alimenter des fonds d’investissement ou des projets peu ou pas éthique à l’autre bout de monde.

Une banque responsable et responsabilisante

Quand on ouvre un compte à la NEF, on est obligé d’en prendre des parts ; on devient donc actionnaire, à plus ou moins grande échelle. Il y a un minimum : ça doit coûter 100-150€. Pour récupérer ces parts d’actionnariat, il faut en faire la demande, une seule fois dans l’année, à un moment précis et la décision est prise en assemblée générale.

C’est quelque chose que j’ai envie de poursuivre en en acquérant chaque année. Ma manière à moi de valoriser l’action de la NEF, en montrant que nous, ses usagers, avons confiance en ce projet. On souhaite qu’il perdure !”



Créée en 1988, la Nef (Nouvelle Économie Fraternelle) est une coopérative financière unique en France qui offre des solutions d’épargne et de crédit orientées vers des projets ayant une utilité sociale, écologique et/ou culturelle. Elle est de plus agréée et contrôlée par l’ACPR, Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution, en qualité d’Établissement de Crédit Spécialisé.
Elle a vu le jour grâce à l’initiative de deux hommes : Henry Nouyrit (agriculteur, dirigeant du mouvement coopératif agricole, maire) et Jean-Pierre Bideau (enseignant). En contact avec des projets innovants mal accueillis par les banques, ils s’entourent alors de femmes et d’hommes – pionniers des épargnants solidaires – disposant de quelques économies et désireux de les voir utilisées pour des activités porteuses de sens.

Ainsi, la mission de la Nef est de fournir à ses sociétaires et clients les moyens d’être acteurs de la transition écologique et sociale de notre société. Fidèle à son principe fondateur « Pour que l’argent relie les Hommes », la Nef crée des outils financiers de participation citoyenne pour mettre en marche et accompagner des nouvelles façons de produire, de consommer, d’entreprendre, d’habiter.
Elle propose une offre sobre et transparente, basée sur une tarification équitable et, par-dessus tout, qui donne du sens à l’usage de l’argent.

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